Le Canada a besoin d’une brigade jeunesse pour le climat, un modèle qui a fait ses preuves

Les dernières années ont apporté leur lot de bouleversements, entre les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes, une pandémie mondiale, le racisme systémique et la tourmente économique. Pour s’attaquer à ces vastes problèmes interdépendants, il nous faut préconiser des solutions d’égale envergure.

Après la campagne électorale fédérale terne de septembre 2021, le temps est venu d’entreprendre une action unifiée et inspirante dans le dossier des changements climatiques et des nombreux défis interreliés qui s’y rattachent.

L’analyste des politiques Seth Klein publiait récemment un « article prônant la formation au Canada d’une brigade jeunesse pour le climat ». Au sud de la frontière, le président Biden et d’autres élus ont appelé à la création d’un « corps civil pour le climat » doté d’un fonds de démarrage qui pourrait atteindre des milliards de dollars. Quel que soit le nom ou l’acronyme utilisé pour la désigner, c’est là la solution d’envergure qu’il nous
faut adopter.

Les jeunes ont besoin de s’investir dans des projets et le Canada a besoin de l’énergie des jeunes pour relever le défi climatique. Dans le sud-est de la Colombie-Britannique, nous avons démontré que cette formule fonctionne, grâce à une initiative locale qui en a confirmé le bien-fondé. Il faut maintenant que le gouvernement fédéral – peu importe le parti qui prendra le pouvoir – l’étende au reste du pays.

L’été dernier, alors que la pandémie anéantissait les perspectives d’emploi, un groupe de citoyens de la région de Nelson, en Colombie-Britannique, a imaginé la création d’un programme d’emploi jeunesse axé sur le climat. En septembre 2020, nous avons lancé une version pilote d’une brigade jeunesse pour le climat [Youth Climate Corps], administrée par Wildsight, un organisme non gouvernemental bien enraciné dans la région. Quatorze jeunes âgés de 30 ans et moins se sont consacrés pendant quatre mois à la réalisation de différents projets : protéger l’aqueduc de la ville contre les feux de forêt; améliorer la sécurité alimentaire localement; restaurer les écosystèmes riverains; améliorer l’efficacité énergétique; et mobiliser les membres de la communauté ainsi que les dirigeants locaux.

À l’issue de notre première saison, la ville de Nelson nous a remis son prix annuel récompensant le leadership en matière de développement durable. Selon le maire John Dooley, « le programme Youth Climate Corps constitue un modèle prometteur en ce qu’il donne à nos jeunes des moyens d’agir pour assurer l’avenir de notre monde ».

Un an après l’instauration de notre brigade, nous avons ajouté une seconde équipe dans la région voisine de Kimberley-Cranbrook et de nombreuses autres localités ont manifesté leur intérêt envers le programme. Notre modèle a fait ses preuves, mais notre taille et notre rythme de croissance restent beaucoup trop limités par rapport au défi à relever.

Il y a énormément de travail à faire en vue de préparer les communautés canadiennes à faire preuve de résilience face aux changements climatiques et à freiner leur évolution le plus rapidement possible. Les jeunes d’aujourd’hui recherchent des emplois dignes de ce nom, qui leur permettent de gagner un salaire, d’acquérir des compétences, de se faire des contacts et d’accumuler de l’expérience tout en contribuant à changer les choses. Pour combler ces besoins, le Canada devrait mettre sur pied une brigade jeunesse nationale pour le climat.

Maintenant que les élections sont derrière nous, le gouvernement libéral minoritaire devra nécessairement collaborer avec les autres partis dans le but d’instaurer des programmes audacieux en matière de climat.

Les programmes offerts actuellement par l’entremise de Service jeunesse Canada sont pratiquement tous fondés sur le bénévolat; ils ne conviennent donc tout simplement pas à la plupart des jeunes, excepté pour de courtes périodes. Les programmes de subventions salariales pour étudiants ou professionnels en début de carrière sont très utiles, mais ils laissent aux entreprises et aux organismes à but non lucratif le soin de préparer des demandes de subvention souvent complexes pour des projets à la pièce et de courte durée. On est bien loin ici du niveau d’intervention que commande une crise de l’ampleur des changements climatiques.

Imaginez des équipes de jeunes qui seraient déployées dans toutes les communautés du pays et qui réaliseraient des projets bons pour le climat, répondant aux besoins des populations locales.

Parmi la pléthore de programmes de subvention flous aux innombrables objectifs, une brigade jeunesse nationale pour le climat démontrerait le travail qu’on peut accomplir sur le terrain. Il ne s’agirait pas ici de prendre la place d’autres travailleurs et travailleuses ou de faire baisser les salaires en recourant à une main-d’œuvre jeune. Bien au contraire, notre brigade a amené les jeunes de l’équipe à découvrir et à embrasser des carrières qu’ils n’auraient jamais envisagées autrement.

Au moment où le gouvernement s’apprête à définir ses priorités post-électorales, il ne faut pas perdre de vue le fait que « l’alerte rouge » a sonné pour l’humanité. Nous nous tenons prêts à offrir les leçons apprises de notre expérience au sein de notre brigade pour le climat. L’occasion est belle de donner à la jeunesse canadienne les moyens de bâtir un Canada plus durable.

Ben Simoni et Melissa Lavery sont étudiants à la maîtrise à l’Université Royal Roads et coordonnent le programme Youth Climate Corps établi à Nelson, en Colombie-Britannique. Ensemble, ils cumulent vingt ans d’expérience à la direction de programmes jeunesse au Canada et à l’étranger.

Source : www.quoimedia.com