Tout a été dit sur la guerre en Ukraine. Les journaux, les médias, les commentateurs, les éditorialistes et autres experts, ont tous eu leur mot à dire sur le conflit. Nous suivons cette guerre de très près comme si on y était. Les reportages font état de l’avancée des troupes russes mais aussi du courage et de la bravoure des Ukrainiens qui, pour un grand nombre d’entre eux, plutôt que de partir en exil, ont décidé, avec les moyens du bord, de tenir tête à l’envahisseur en ne prenant pas en considération la supériorité numérique de leur ennemi ni leur propre désavantage en armement militaire.
Que dire de plus de l’incapacité d’intervenir démontrée par l’OTAN et l’ONU ? Ne voulant pas risquer un conflit armé mondial, ces institutions et les pays qu’elles représentent ont choisi de ne pas intervenir militairement, de laisser les Ukrainiens à leur sort malgré la condamnation quasi générale des nations. Peut-on les blâmer ? Avec un Poutine imprévisible et menaçant (pensez à l’armement nucléaire de la Russie), le monde, pris à la gorge, ne sait comment réagir. Le tyran, pendant ce temps, s’en tire bien. Les dirigeants occidentaux affichent une grande unité mais restent les mains liées, se contentant de manifester leur appui envers l’Ukraine qui, elle, compte les morts.
Quant aux sanctions, politiques, économiques et même sportives, elles peuvent faire mal, comme on nous le laisse entendre, mais elles n’empêcheront pas Poutine de poursuivre son œuvre maléfique. Lui et ses oligarques vont sans doute perdre quelques millions de dollars qu’ils espèrent récupérer dès la fin des hostilités. Entre milliardaires on ne s’inquiète pas outre mesure pour des bagatelles. Ces gens là n’ont cure des guerres et des dégâts qu’elles causent, sachant qu’un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, impunis, ils en profiteront.
De toute évidence le nouveau tsar russe, Poutine le conquérant, a choisi d’envahir et d’asservir l’Ukraine, estimant, c’est du moins l’idée qu’il essaie de faire avaler, qu’il est préférable pour la Russie d’être crainte par les pays de l’OTAN plutôt que d’être sous la menace de cette institution qui est hostile à ses ambitions. Cette position fait-elle de lui, pour autant, un monstre ? La majorité des nations pensent que oui. Les Chinois, et quelques autres alliés de la Russie, ne sont pas de cet avis. L’histoire délibérera et jugera.
À tout cela que pourrais-je ajouter ? Quelques réflexions émanant de l’intérêt que je porte aux nouvelles touchant le conflit. J’ai ainsi remarqué l’intervention du pape François. L’évêque de Rome s’est, contrairement à ses habitudes, déplacé en rendant visite à l’ambassadeur russe près le Saint-Siège afin d’exprimer sa préoccupation face à l’invasion de l’Ukraine. Nul doute que le pape a cru bon de faire valoir auprès de Poutine que ce dernier se verrait refuser l’entrée au paradis s’il poursuivait sur sa lancée. À la lumière des événements récents, le despote a répondu : il préfère l’enfer.
La légendaire neutralité suisse doit être remise en question. La Suisse en effet, à ma grande surprise, a pris parti dans le conflit opposant Kiev et Moscou. Prenant l’exemple de l’Union européenne, elle a décidé de geler les avoirs russes qui représenteraient une somme de 23 milliards de dollars. Un montant non négligeable qui devrait priver temporairement Poutine, et quelques oligarques de son entourage, de faire des dépenses inutiles. Depuis, j’hésite à déposer tout mon argent, évalué sur le marché boursier à 87 $ maximum, dans un compte en Suisse.
Dernière remarque, plutôt troublante mais non surprenante. Des actes de discrimination raciale ont été observés à certains postes frontaliers ukrainiens. Des gens d’origine africaine notamment, désirant quitter l’Ukraine le plus rapidement possible, se sont plaints d’avoir été repoussés et mis à l’écart au profit de personnes de race blanche. Les autorités ukrainiennes auraient adopté un régime préférentiel en donnant la priorité de passage aux Ukrainiens pure laine. Quand Poutine parle de dénazification du régime de l’Ukraine, fait-il allusion à cela ?
Ceci m’amène à constater, sans vouloir minimiser, bien au contraire, la tragédie que vivent les Ukrainiens, la disparité qui existe, dans la couverture et le traitement, par les médias occidentaux, des conflits armés et des tragédies humaines qu’ils entraînent. À ce que je sache, un réfugié ou une victime d’une guerre, qu’il vienne de l’Afghanistan, de la Syrie, de l’Afrique, de l’Asie ou de l’Amérique du Sud mérite autant notre compassion ou notre intérêt qu’un réfugié ou une victime venant de l’Ukraine ou d’ailleurs. Pourquoi devrait-on s’apitoyer plus sur un peuple que sur un autre ? Décrions les horreurs dont nous sommes les témoins, avec autant de force, d’aversion et de mérite, d’où qu’elles viennent.
Cette guerre en Ukraine ne fait que mettre en évidence les grandes failles de l’être humain et le long chemin qu’il reste à parcourir avant d’atteindre un minimum de décence et de savoir-vivre ensemble.