Jacquou au pays d’Isabelle : amours naturelles

Le recueil de chronique Jacquou au pays d’Isabelle présente plus de cinq cents chroniques écrites par Jacques Baillaut et lues à la radio par Serge Arsenault entre 1969 et 1971. Publiée par son épouse Jeanne Baillaut, cette œuvre très personnelle est une véritable ode à la nature, et constitue un témoignage d’amour de Jeanne Baillaut à son défunt époux.

« J’ai épousé l’homme de ma vie, Jacques Baillaut. Ce recueil, c’est l’histoire de mon mari », admet Jeanne Baillaut humblement. Cette œuvre est scellée par l’Amour, amour de l’un envers l’autre, en passant par celui de la nature. Elle s’inscrit comme un cadeau, de l’un à l’autre et aux lecteurs pour Mme Baillaut : « Quelqu’un en a acheté 23 pour les offrir en cadeau ! Il y en a pour tous les goûts. ».

Jeanne Baillaut. | Photo de Véronique Baillaut

Cette œuvre empreinte d’oralité avec l’usage d’une prose poétique est faite pour être entendue avant d’être lue, selon l’épouse du défunt. « C’est quand j’ai dû faire les séparations que j’ai pris conscience des nombreuses consonances. Il était aussi très fort en métaphores », précise-t-elle. Homme de théâtre et jongleur du verbe, il avait décroché le Prix du meilleur acteur en 1963 pour l’Ours de Chékov, seule pièce francophone du palmarès. L’idée d’une rediffusion de ces chroniques n’est pas déplaisante pour Jeanne Baillaut, bien qu’elle admette ne pas savoir à qui s’adresser.

Une ode à la nature

Ces nombreuses figures de style ont invité l’auditeur dans son monde magique, en donnant la main à Isabelle. Cette femme imaginaire a plusieurs origines : ce sera le Mont Garibaldi, dont il est tombé amoureux : « Jacques se levait chaque matin, voyait ce petit bout de montagne de chez nous et ça l’intriguait. Je pense qu’il avait besoin d’explorer beaucoup de choses poétiques en lui. Il a créé un personnage, mi-femme, mi-montagne, qu’il va faire parler et il va pouvoir exprimer ce qu’il ressent grâce à elle sur la nature, particulièrement le monde des insectes et des oiseaux », explique Jeanne Baillaut.

Couverture du livre Jacquou au pays d’Isabelle. | Photo de Véronique Baillaut

Mais ce sera aussi à sa femme qu’il s’adresse, Jeanne, qui ne réfute pas cette hypothèse dans un rire léger. Elle le décrit comme un grand observateur de la nature : « J’étais très surprise de voir à quel point il aimait les insectes : quand il vous parle de la mouche ou de l’abeille sur une tête de jonquille, c’est vraiment incroyable. J’étais loin d’imaginer qu’il pensait à des choses comme ça. On s’est promenés dans ce merveilleux pays. Avec Jacques, on découvrait ce tapis de forêt canadienne, ces vagues de l’océan. Je revois Jacques ouvrant les bras, sur le porche de notre maison et disant : tu vois, le silence, la solitude, l’espace, c’est ça le Canada. Il était très canadien de cœur. »

Une oeuvre authentique, ancrée dans le local

Homme authentique, il avait la plume pointue mais juste, selon sa veuve : « C’était un homme de gauche, je n’ai pas peur de le dire. Il va aussi exprimer ce qu’il pense. Il avait une entente avec Radio-Canada. Tous les matins, il devait donner la météo et des évènements locaux et internationaux qui pouvaient intéresser les auditeurs car à l’époque, il n’y avait pas de télévision. »

En faisant référence au précédent livre Propos en l’air du gondolier du ciel et autres récits, Jeanne Baillaut explique que quand son époux analysait ce qu’il se passait dans l’humanité, il ne se contentait pas de critiquer mais de venir avec une solution. : « Parce que les politiciens ont la critique facile mais rarement de solutions. Jacques ne se serait pas permis de critiquer sans offrir une solution, avec beaucoup d’humour en prime ! »

De l’impression aux illustrations, Jeanne Baillaut a choisi des entreprises locales pour ce projet. Ce recueil est agrémenté de peintures d’artistes qu’il a connus personnellement, comme Maurice Muloche par exemple, et de photos personnelles.

« C’est un projet très artisanal, j’ai tout fait toute seule. J’aime les arts, même dits mineurs, comme l’artisanat. Il est dommage qu’on fasse une telle distinction entre art et artisanat. Chaque création pour ce recueil, je l’ai faite avec cet esprit : en faisant appel aux imprimeurs d’ici et pas aller au Moyen-Orient ou en Asie parce que ça coûte moins cher », conclut Mme Baillaut.

Jacquou au pays d’Isabelle et tous les livres sur la vie de Jacques Baillaut sont disponibles en écrivant à l’adresse chroniquesJB@gmail.com.

Couverture du livre Jacquou au pays d’Isabelle.