Journée Internationale de la Terre à Vancouver et effondrement !

Photo de Emmanuel Cappellin

Pour la première fois au Canada, le film Une fois que tu sais était proposé lors d’une projection organisée par EcoNova Education, l’Alliance française, Vision Ouest Productions et le Consulat général de France à Vancouver.

Une fois que tu sais aborde le risque d’effondrement climatique et civilisationnel qui guette nos sociétés humaines. Faute d’avoir mis en œuvre un modèle de développement humain responsable, raisonnable, et qui s’inscrive dans les limites physiques imposées par la biosphère, la chute des sociétés serait imminente. Emmanuel Cappellin, cinéaste français et ancien étudiant de l’Université de McGill, signe un documentaire simple et de portée internationale pour faire voyager quelques idées fondatrices de l’écologie du réel.

Une fois que tu sais. | Photo de Emmanuel Cappellin

Les limites planétaires avec Jean-Marc Jancovici

Jean-Marc Jancovici est un ingénieur français, enseignant et conférencier spécialiste de la décarbonation. Digne relais francophone de Denis Meadows, co-auteur du célèbre rapport de 1972 Les limites à la croissance, il s’attèle à faire passer son message : à force de prendre notre atmosphère pour une grande poubelle à carbone, nous avons mis le système climatique en déséquilibre. Le réchauffement climatique est un problème de nature physique lié à notre rapport addictif aux énergies fossiles et bon marché. Or, ces énergies seront de moins en moins bon marché et de moins en moins disponibles à mesure qu’elles s’épuisent. C’est la première contrainte carbone ! De surcroît, la contrainte climatique impose de laisser le charbon, le pétrole et le gaz dans le sous-sol sous peine de transformer la Terre en étuve. C’est physique, et c’est la deuxième contrainte carbone. Alors pour les leaders politiques qui entendent prendre des responsabilités : quel discours de vérité tenir au peuple ? Pour Jean-Marc Jancovici « il nous faut un plan », car « on ne se sortira jamais de ce sujet sans vision ». Les leaders ont-ils une vision physique du problème à traiter ?

La justice climatique avec Saleemul Huq

Saleemul Huq est Expert et Membre du GIEC (Groupe d’Experts International sur l’Évolution du Climat) spécialiste de l’adaptation aux changements climatiques. Il nous emmène au Bengladesh dans une école résiliente construite sur pilotis afin de pouvoir être utilisée comme refuge lorsque l’inondation arrive. Pour Saleemul, si les pays pauvres font déjà face aux changements climatiques, il ne fait aucun doute que les pays riches y feront face demain. Il s’inquiète pour les pays riches qui ne sont absolument pas préparés. Saleemul porte l’urgence climatique à bout de bras. Pour lui, l’heure est venue de muscler l’action et de nommer l’ennemi qui met en danger la vie de milliards de personnes. Il pointe les compagnies et les États producteurs d’énergies fossiles qu’il qualifie sans détour d’industries criminelles. Saleemul avertit : lorsque les hommes et les femmes des pays les plus touchés seront désespérés, qu’ils auront tout perdu et enterré des membres de leur famille à cause des changements climatiques, alors viendra la soif de justice envers les responsables. Ce que l’inaction climatique prépare, c’est l’émergence d’un désir de vengeance et un risque terroriste d’un nouveau genre.

La résistance et la résilience avec Susanne Moser

Susanne Moser clôture le documentaire. Cette géographe allemande membre du GIEC et spécialiste de la vulnérabilité et de la résilience face au climat s’intéresse à la psychologie face à l’inévitable transformation des sociétés humaines. Pour Susanne, les sociétés qui ont été bercées par la croissance économique et l’abondance énergétique, enserrées dans des certitudes telles que la production, la propriété, la souveraineté des individus et des États, sont désormais face à leur défi le plus difficile : la transformation volontaire. Susanne invite au deuil du monde insoutenable dans lequel nous vivons, mais aussi à l’acceptation du réel et des risques qu’il porte. Il faut y voir moins le renoncement, qu’un marchepied pour enclencher la résistance politique, la contestation du statu quo et s’il le fallait, la révolution écologique nécessaire à la survie des hommes et des femmes.

Après tout, la révolution est dans notre ADN collectif dit-elle.

Le documentaire est distribué par Nour Films.

Aloïs Gallet est juriste, économiste, co-fondateur d’Albor Pacific et EcoNova Education. Conseiller élu des Français.es de l’ouest du Canada.