Les communautés ukraino-canadiennes vont jouer un rôle de premier plan dans l’établissement de la population ukrainienne déplacée en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le Canada accueille depuis longtemps les Ukrainiens, particulièrement ceux déplacés par la guerre. Les premiers Ukrainiens sont arrivés au Canada en 1891 et on estime que 150 000 Ukrainiens sont venus s’installer au pays entre 1891 et 1914 selon les données de 2020 du gouvernement du Canada.
Durant cette période, la plupart des Ukrainiens se sont établis au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta, où ils étaient en mesure d’obtenir des terres agricoles; d’autres se sont établis dans des villes un peu partout au Canada pour y exercer des métiers industriels. Après la Première Guerre mondiale, une importante vague d’Ukrainiens est arrivée au Canada lorsque l’Ukraine est devenue une république soviétique. La plupart de ces Ukrainiens se sont présentés au pays en tant que réfugiés et se sont installés dans des communautés ukrainiennes établies, particulièrement au Manitoba, en Saskatchewan, en Alberta et dans le sud de l’Ontario.
À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, une troisième vague d’Ukrainiens est arrivée au Canada. En 1952, quelque 30 000 Ukrainiens étaient déjà venus s’installer au pays, principalement en tant que réfugiés. Après la dissolution de l’Union soviétique en 1991, on a recensé en 2016 environ 112 000 immigrants qui sont arrivés au Canada en provenance de l’Ukraine et 14 000 autres immigrants sont arrivés au pays entre 2017 et 2021.
En raison de la récente invasion de l’Ukraine par la Russie, des millions d’Ukrainiens ont été déplacés. En réponse, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a mis en place de nouvelles mesures liées à l’accueil des Ukrainiens au Canada.
Cette étude compare la population ukraino-canadienne à la population nationale du Canada à l’aide des données du Recensement de la population de 2016. Les résultats fournissent de l’information sur les Ukraino-Canadiens actuels, y compris leur répartition géographique, leurs données démographiques, et leurs profils d’emploi et économiques.
Dans le Recensement de 2016, environ 1,36 million de personnes, ou près de 4 % de la population canadienne, ont déclaré « Ukrainien » comme étant au moins l’une de leurs origines ethniques. De ce pourcentage, environ 20 % ont indiqué « Ukrainien » comme étant leur unique origine ethnique, 29 % ont indiqué une autre origine ethnique en plus de « Ukrainien », et 51 % ont déclaré deux autres origines ethniques ou plus.
Parmi les Ukrainiens ayant déclaré des origines ethniques multiples, les autres origines ethniques les plus couramment indiquées étaient « Britannique », « Polonais », « Allemand » et d’autres origines européennes, de même que « Canadien ». Les personnes ayant indiqué « Ukrainien » comme étant leur seule origine ethnique étaient plus susceptibles d’avoir indiqué l’ukrainien comme langue maternelle (27 %), comparativement à ceux ayant déclaré des origines ethniques multiples (2 %). Environ 2 % des Ukraino-Canadiens parlaient ukrainien le plus souvent à la maison, et ce taux était plus élevé chez ceux déclarant une seule origine ethnique (8 %) que chez ceux déclarant des origines ethniques multiples (0,5 %).
En ce qui concerne le statut de génération des immigrants, les Ukraino-Canadiens ayant une seule origine ethnique et ceux ayant des origines ethniques multiples sont plus susceptibles d’avoir habité au Canada depuis plus d’une génération que la population nationale. Par exemple, environ 79 % des Ukraino-Canadiens ayant des origines ethniques multiples sont membres d’une troisième génération ou plus, ce qui représente environ 20 points de pourcentage de plus que la population nationale.
Les Ukraino-Canadiens ont des niveaux de scolarité et d’emploi légèrement plus élevés que la population nationale. Par exemple, les Ukraino-Canadiens ayant une seule origine ethnique et ceux ayant des origines ethniques multiples sont moins susceptibles de ne pas avoir de diplôme d’études secondaires (8 % et 7 %, respectivement) que la population nationale (12 %). En outre, une proportion légèrement plus élevée d’Ukraino-Canadiens détient un baccalauréat ou un diplôme d’études supérieures. De même, le taux d’emploi des hommes ukraino-canadiens est environ trois points de pourcentage plus élevé que celui de la population nationale de sexe masculin et, dans le cas des femmes ukraino-canadiennes, il est environ quatre points de pourcentage plus élevé que celui de la population nationale de sexe féminin.
Les Ukraino-Canadiens ont tendance à occuper des emplois aux compétences professionnelles plus spécialisées que la population nationale. Plus précisément, la proportion de travailleurs ukraino-canadiens qui occupent des emplois peu spécialisés (31 %) est moins élevée que la population nationale (36 %). En outre, la proportion d’Ukraino-Canadiens occupant des emplois qui exigent des compétences moyennement spécialisées (41 %) et très spécialisées (28 %) est plus importante que celle de la population nationale (39 % et 25 %, respectivement).
Par secteur industriel, les Ukraino-Canadiens sont plus susceptibles que la population nationale d’occuper un emploi dans les domaines suivants : extraction minière, exploitation en carrière et extraction de pétrole et de gaz; construction; services professionnels, scientifiques et techniques; services d’enseignement; et administration publique. Toutefois, comparativement à la population nationale, ils sont moins susceptibles d’occuper un emploi dans le domaine de la fabrication et des services d’hébergement et de restauration.
Parmi les travailleurs ayant des gains positifs, les travailleurs ukraino-canadiens ont également des revenus médians d’emploi plus élevé que la population nationale. Les travailleurs ukraino-canadiens de sexe masculin ont un revenu médian d’emploi de 47 900 $, soit 7 500 $ de plus que leurs homologues de la population nationale de sexe masculin. De même, les travailleuses ukraino-canadiennes ont un revenu médian de 31 900 $, comparativement à 28 900 $ chez leurs homologues de la population nationale de sexe féminin.
En résumé, la plupart des Ukraino-Canadiens habitent en Ontario, en Colombie-Britannique et dans les Prairies. Ils sont moins concentrés dans les villes de Toronto et de Montréal, et sont généralement bien répartis dans l’ensemble des Régions métropolitaines de recensement (RMR). Également, la plupart des Ukraino-Canadiens vivent au Canada depuis des générations et ont de meilleurs profils scolaires et d’emploi que la population nationale, de même que des compétences professionnelles plus spécialisées.
Max Stick et Feng Hou travaillent au sein de la Division de l’analyse sociale et de la modélisation de la Direction des études analytiques et de la modélisation à Statistique Canada.