Nombreux sont les membres de la jeune communauté maghrébine du Grand Vancouver qui envient aux autres communautés arabes bien établies leur vie associative bien organisée. Ils décuplent d’efforts pour donner à leur communauté une certaine visibilité en mettant à profit les réseaux sociaux et les rencontres lors des événements du calendrier socioculturel de leurs pays d’origine.
Hassan Laghcha – IJL- Réseau.Presse -Journal La Source
« Bonne nouvelle ! On vient de finaliser les démarches pour fonder l’Association des Algériens de Vancouver », lance Sarah Fellag, heureuse de l’aboutissement des démarches qu’elle a entreprises avec les autres membres fondateurs pour donner à la communauté maghrébine ce nouvel espace rassembleur. Ça s’est fait par le développement qualitatif des activités organisées par le groupe Facebook communautaire, dont elle est coadministratrice. Elle souhaite s’adresser aux personnes originaires des pays du Maghreb, sans distinction, pour créer un élan de fraternité et de solidarité et éviter « les frictions nationalistes ».
Elle ajoute que « l’objectif vise à contrecarrer le sentiment pénible du déracinement et surmonter le gros choc culturel ». Mme Fellag énumère également les principales difficultés d’intégration. Il s’agit ” du défi linguistique, du dépaysement socio-culturel, de l’éloignement géographique et, cerise sur le gâteau, du choc insupportable de la cherté du coût de la vie.
Ce sont autant de facteurs qui peuvent facilement conduire un nouvel arrivant à l’isolement social, voire à des problèmes de santé mentale. Résultat : beaucoup de Maghrébins, après une année sur la Côte ouest, finissent par repartir au Québec », selon Mme Fellag, qui est responsable des partenariats – Réseau en immigration francophone (RIF) au sein de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique.
Mme Fellag est aussi la porte-parole du RIF auprès des partenaires anglophones. « On veut développer chez nos partenaires une meilleure compréhension des spécificités socio-culturelles des divers groupes communautaires ». D’ailleurs, elle se réjouit des résultats du premier forum de ces partenariats organisé, fin juin dernier, à Vancouver. « Des projets de collaboration lancés à cette occasion visent à mettre en place de meilleures conditions pour l’intégration des nouveaux arrivants francophones. »
Besoin d’approfondir leurs cultures ancestrales
Le réseau universitaire constitue un autre espace où il est possible de mesurer l’importance de la présence maghrébine. « Il y a une grande demande pour les études françaises et francophones », indique Farid Laroussi, professeur au département des études françaises et francophones à l’Université de la Colombie-Britannique. Cet enseignant d’origine franco-maghrébine, l’un des rares représentants au sein du réseau universitaire de la Colombie-Britannique, souligne le succès de ce programme auprès des étudiants francophones provenant notamment du Maghreb, de l’Afrique subsaharienne et des Caraïbes.
Et toute proportion gardée, les étudiants d’origine asiatique (Chine, Corée et Vietnam) représentent la grande majorité des étudiants. Il y a ensuite les étudiants de la Colombie-Britannique d’origine européenne et ceux venant du Québec, de la France et du Maghreb. Au-delà des chiffres, il existe une motivation profonde de la part des étudiants francophones à fréquenter ce programme. Farid Laroussi indique le désir qu’il y a de « préserver l’héritage de la langue française et la diversité de la littérature francophone ». Il s’intéresse à l’importance de ces études et à la valorisation qu’elle procure à ces étudiants originaires de ces cultures diverses.
Selon M. Laroussi : « Souvent, une grande partie des étudiants d’origine maghrébine ont une connaissance plutôt approximative des cultures et des écrits des pays du Maghreb ». Du coup, la fréquentation du programme renforce chez certains la volonté d’en connaître davantage sur leurs cultures familiales. À titre d’exemple, il cite les cours du programme traitant de l’histoire du Maghreb durant la période coloniale et de l’impact culturel de cette période sur leurs pays respectifs, sujet que les écoles françaises n’abordent pas ou très mal. Pour ce spécialiste des études francophones, il entrevoit avec confiance le développement du marché linguistique du français en Colombie-Britannique. D’ailleurs, il ajoute que « Nos classes sont remplis d’étudiants qui perfectionnent leur compétence en bilinguisme, ce qui les prépare pour un avenir professionnel dans la Fonction publique fédérale. »