Les parias

En automne, change la donne, fais ce qui t’étonne », me suis-je dit en voyant l’été disparaître à l’horizon. Un été nous devons l’admettre qui n’a pas été à la hauteur de nos espérances. Un été bien trop dévastateur si nous tenons à en faire le bilan.

L’été, comme chacun le sait, représente la période des vacances. On en profite pour se reposer, se détendre et oublier tous ses soucis. Nos corps sous un soleil pesant se ramollissent de même que nos méninges atrophiées par la chaleur débilitante. Difficile de s’intéresser à l’actualité durant cette période de repos. Le dolce farniente semble être de mise. Qu’importe le reste.

Dès qu’arrive septembre et la venue de l’automne, bon gré mal gré, nous oublions l’été et reprenons rapidement notre sérieux. Pour ce faire une mise à jour de la situation actuelle s’impose. Une sorte de rappel à la réalité du monde dans lequel nous vivons.

Ainsi pour les besoins de la cause (cause toujours mon lapin), je m’adonne à une de mes activités favorites qui consiste à tirer sur tout personnage politique qui a le don de me hérisser au plus haut point chaque jour qu’il m’est donné de vivre (les nuits, heureusement, je dors; enfin plus ou moins bien, il est vrai). La liste de ces individus abjects, avides de pouvoir n’est pas exhaustive mais elle met en exergue mes phobies, mes préoccupations et même, si j’ose le dire, mes préjugés et mon manque d’objectivité prouvant, si cela était nécessaire, que je suis loin d’être parfait. En gros, mon énumération inclut ces chefs d’État ou de gouvernements à tendance autocratique et dictatoriale, personnages les plus ignobles, dont je ne peux supporter l’existence et pour lesquels je ne trouve aucune explication de leur raison d’être si ce n’est un sévère raté détecté dans l’engrenage de l’espèce humaine.

Ainsi je me veux être le tortionnaire de la rentrée politique internationale. Mes personnages ne sont ni fictifs ni affectifs et les commentaires qui suivent n’engagent que l’auteur de ces quelques lignes sur la situation dont il est malheureusement, quotidiennement le témoin.

Commençons par l’infâme Vladimir Poutine qui, sur sa lancée, poursuit sa guerre insensée contre l’Ukraine. En ce sens la période estivale n’a rien changé aux hostilités. Sur un air de Wagner, dont la chevauchée des Walkyries inspirée par le film Apocalypse now de Francis Ford Coppola a dû lui servir de modèle et de refrain, Poutine le terrible, imperturbable, ne compte plus les morts de cette guerre dont il doit porter l’entière responsabilité. Evguéni Prigojine, le wagnérien divaguant, n’est plus de ce monde pour me contredire.

Ayant besoin de compagnie et d’armement dans sa misérable entreprise, Poutine invite en son domaine Kim Jong-un, un autre paria de la même espèce, dirigeant suprême de la Corée du Nord où la dissidence appartient au registre des abonnés absents. Avec Xi Jinping, président autocrate de la Chine dont Mao doit envier les méthodes répressives, ils forment à eux trois un « triumvéreux » des plus dangereux.

À ce trio devrait-on ajouter l’Inde, accusé par Justin Trudeau notre premier ministre, d’avoir fomenté au Canada, à Vancouver plus exactement, l’assassinat de Hardeep Singh Nijjar, un leader militant Sikh favorable à la création de l’État du Khalistan dans la région du Pendjab en Inde ? Modi soit qui mal y pense s’est empressé de me souffler à l’oreille, croyant m’amuser, un de mes voisins dont je préfère taire le nom.

Bien d’autres personnalités politiques mériteraient mon mépris. Ils ne perdent rien pour attendre. Mais il est un des nôtres parmi la multitude de politiciens canadiens sur lequel j’aimerais un instant m’attarder : Pierre Poilievre, personnage particulier qui continuellement, à juste titre, fait l’objet de mon courroux.

Pierre Poilievre en 2014. | Photo par Jake Wright

Le chef conservateur de l’opposition officielle aux communes me fait penser au personnage du loup dans un des contes de Perrault. J’avoue avoir éprouvé un malin plaisir à adapter cet échange entre le petit chaperon rouge et Pierrot le loup :

Oh ! Pierrot, pourquoi vous ne portez plus de lunettes ?

C’est pour mieux te plaire, mon enfant.

Oh ! Pierrot, pourquoi essayez-vous de vous faire passer pour le prince charmant ?

C’est pour mieux te leurrer, mon petit.

Oh ! Pierrot pourquoi tant de boniments ?

C’est pour t’inviter à voter pour moi, mon bambin.

Oh ! Pierrot, pourquoi voulez-vous que je vote pour vous ?

C’est parce que je vais te dévorer si tu ne le fais pas, espèce de sacripant.

Devant tant de méchanceté le petit chaperon rouge, pas pour un sou décontenancé, décida d’en finir avec cet imposteur et lui tira la langue avant de le laisser en plan.

Une feuille morte vient de tomber sans faire de bruit; nous sommes certainement en automne.