Les centres d’hébergement de Kelowna se préparent pour l’hiver avec une importante pénurie de lits

L’hiver est de retour au pays et la pénurie de logements pour les personnes sans abri est flagrante à Kelowna. Pour l’instant, il n’existe aucun plan d’hébergement d’urgence pour ceux qui vont se retrouver dehors cet hiver. L’organisme communautaire, Journey Home Society, responsable d’un plan d’action jusqu’à récemment, a été dissous. La Ville de Kelowna prendra le relais en janvier 2024.

Élodie Dorsel
IJL – Réseau Presse – Journal La Source

« Pour parler franchement, la pénurie de logements à Kelowna est encore pire que les années passées. Il faut trouver des lieux d’hébergement le plus rapidement possible et surtout une variété de logements offrant ou non certains services, selon les besoins variés des individus », déclare Mme Carmen Rempel, directrice générale du Kelowna Gospel Mission (KGM). Elle affirme que la plupart de ses résidents sont des personnes âgées, à la retraite ou au chômage, souvent isolées socialement, qui n’ont pas de revenus suffisants pour l’actuel marché immobilier au Canada. « Donnez-moi un immeuble d’une soixantaine de logements partagés et je pourrais les remplir demain de personnes prêtes et capables d’y vivre », indique-t-elle.

Carmel Rempel, directrice générale de Kelowna Gospel Mission (Crédit photo: Kelowna Gospel Mission)

Au Kelowna Gospel Mission, on reconnaît l’importance des méthodes préventives, d’ailleurs, le travail de la directrice générale consiste aussi à rejoindre les personnes qui risquent de perdre leur logement. « Si nous sommes capables d’aider ces gens, juste assez longtemps pour qu’ils puissent reprendre le dessus, sans perdre leur logement, nous gardons des places ouvertes dans nos centres pour ceux qui sont déjà à la rue et qui se cherchent un endroit sécuritaire où dormir », explique Mme Rempel. Les personnes à risque élevé peuvent être des individus qui vivent dans un endroit dangereux et sale, sans intimité, ou qui viennent de perdre leur emploi. « Les subventions pour l’assistance au logement nous aident à économiser du temps et des ressources et, surtout, à sauver l’individu d’une série de traumatismes pouvant coûter cher par la suite», précise-t-elle.

En hiver, des équipes mobiles se rendent visiter des groupes de sans-abri de la ville avec du matériel pour les garder au chaud. « L’autre jour, nous avons reçu un don important de sous-vêtements chauds. Ce sont des vêtements utiles présentement », s’exclame la directrice générale. Elle précise que certaines personnes préféreront rester dehors car il y a des règles et directives régissant les refuges disponibles, comme un couvre-feu et un horaire de repas fixe. « Notre équipe travaille à identifier les personnes prêtes et disposées à rejoindre les centres, en veillant à ce que les sans-abri connaissent les services disponibles », fait-elle savoir.

Les centres d’hébergement stabilisent un individu et le préparent à emménager dans un logement partagé. « La première fois qu’une personne arrive chez nous, elle ne reste souvent qu’une nuit, mais ensuite elle revient, et cela sera pour quelques jours, une semaine, un mois, jusqu’à ce qu’elle soit bien rétablie et prête pour un logement plus permanent », confie-t-elle. Leur programme Momentum qui connaît un franc succès, aide justement à faire cette transition. Une personne ayant habité dans l’un des centres depuis un certain temps peut devenir bénévole au centre. L’individu retrouve sa dignité, trouve rapidement du travail et peut enfin déménager. « Les gens ont besoin de sécurité, d’un sentiment d’appartenance à une communauté et de raisons pour se lever le matin; c’est ainsi qu’ils reprennent goût à la vie.  Nos centres leurs offrent un point de départ », soutient Mme Rempel.

David Newland vient de sortir d’un de ces programmes. Aujourd’hui, il travaille chez KGM depuis près de trois ans et vit dans un logement abordable que KGM l’a aidé à sélectionner. « J’arrivais de Toronto pour un programme de désintoxication d’un an en Colombie-Britannique. Finalement, j’ai pu rester comme apprenti pour vivre et travailler au centre. J’y suis resté quatre ans », explique-t-il. Puis, la vie l’a emmené ailleurs, jusqu’à ce que la pandémie le frappe durement. « Je me suis retrouvé à nouveau sans abri, dormant dans mon camion », confie M. Newland. Finalement, d’anciens collègues qui travaillaient au Kelowna Gospel l’ont appris et l’ont invité à revenir et à utiliser un lit au refuge du centre-ville. « Au bout de cinq mois, j’étais de nouveau sur les rails et j’ai commencé à travailler au centre », affirme-t-il.

David Newland. (Crédit: Élodie Dorsel)

M. Newland raconte une anecdote où il a dormi dans l’escalier de secours d’un immeuble, sans sac de couchage, en hiver à Red Deer.  « Heureusement, les hivers à Kelowna sont un peu plus cléments qu’en Alberta ! » s’exclame-t-il. Certains individus préféreront toujours rester dehors; étant souvent incapables socialement de vivre en groupe. Selon lui, un bon nombre de sans-abri quittent les endroits plus froids pour se rendre dans l’Okanagan pour survivre l’hiver et profiter de toutes les ressources disponibles ».

« Pour moi, les endroits comme le Kelowna Gospel Mission font un travail superbe car ils s’occupent de problèmes immédiats, en plus de travailler aussi pour l’avenir de cette cause, incluant la mise en œuvre de solutions à long-terme et le développement de programmes de prévention et de réhabilitation », conclut-il.

À noter :  La ville de Kelowna a refusé tout commentaire à ce sujet, en alléguant ne pas avoir encore finalisé son plan d’urgence.