D’après l’Organisation météorologique mondiale, la période 2023-2027 sera « sans doute » la plus chaude jamais enregistrée. Cela étant, la Colombie-Britannique est déjà confrontée à des défis importants liés aux changements climatiques. Sur le plan médical, le constat est clair : la crise climatique en est une de santé physique et mentale. Investir dans la recherche dans ce domaine est donc crucial pour apporter des réponses adaptées et efficaces à une situation extrêmement complexe.
Marie-Paule Berthiaume
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Linda Thyer, médecin généraliste, s’implique dans plusieurs groupes dont l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME) et Doctor for Planetary Health West Coast qu’elle a cofondé. Ayant grandi dans les Kootenays Ouest dans une famille où il y avait un météorologue et une fermière, on ne peut « qu’apprécier la valeur de la nature ».
«Une partie importante du problème est que l’on parle de l’environnement comme si c’était séparé de nous. La Terre nourrit notre corps, l’environnement fait partie de nous», explique-t-elle, insistant sur l’importance de passer du temps en contact avec la nature.
Santé physique
Linda Thyer associe la majorité des problèmes de santé physique liés aux changements climatiques à la pollution. D’ailleurs, plus de 15 000 Canadiens dont 1900 Britanno-Colombiens meurent prématurément chaque année de la pollution de l’air. Elle relève également certaines répercussions indirectes des changements climatiques sur la santé comme la famine causée par la sécheresse ou les inondations des terres agricoles.
Selon Linda Thyer, les plus vulnérables aux changements climatiques sont les sans-abri, les pauvres, les enfants, les aînés, en plus des individus sans réseau social ou isolés. «Pendant l’épisode du dôme de chaleur survenu en C.-B. en 2021, les gens plus âgés n’avaient souvent personne pour prendre soin d’eux ou n’avaient pas accès à un refuge», fait-elle savoir.
«De plus en plus de gens vont se déplacer en raison des conditions météorologiques extrêmes ou pour trouver de la nourriture. On risque également d’observer un nombre croissant de victimes de conflits armés», explique celle qui déplore l’empreinte environnementale sévère des guerres.
Et les systèmes de santé dans tout ça? Cette dernière croit qu’ils sont inadéquats. «A-t-on les systèmes pour refroidir l’équipement en cas de grande chaleur? A-t-on assez de travailleurs? Peut-on se fier aux chaînes d’approvisionnement? Si on accueille plus de réfugiés climatiques, peut-on leur fournir des services médicaux appropriés? On n’est pas prêts pour gérer ça», explique-t-elle, ajoutant qu’il y a beaucoup d’éducation à faire auprès des employés du système de santé et du public en général au sujet des effets des changements climatiques sur la santé, et en particulier ce qui touche à l’éco-anxiété.
L’éco-anxiété : un nouveau phénomène
Tout comme sa collègue Linda Thyer, le président du chapitre de la Colombie-Britannique de l’ACME, Larry Barzelai, reconnaît l’éco-anxiété comme un phénomène nouveau. Il trouve lui-même difficile d’accéder à des tribunes pour en parler puisque plusieurs évitent le sujet.
Il cite la chercheuse canadienne Britt Wray qui recommande deux choses dans son livre Generation Dread : Finding Purpose in an Age of Climate Anxiety : faire partie d’une communauté et entreprendre des actions climatiques.
«Jusqu’à récemment, on pouvait ignorer le fait que la planète s’enlise. Aujourd’hui, surtout en Colombie-Britannique, il faut vivre dans une grotte pour ne pas en être conscient», explique celui dont l’anxiété nocturne l’a décidé à agir et joindre l’ACME, avec qui il éduque l’ensemble des paliers gouvernementaux canadiens et milite à travers la province pour l’électrification des sources d’énergie au profit du gaz naturel, par exemple.
Linda Thyer et Larry Barzelai sont sur la même longueur d’onde. En effet, « il serait nécessaire de mieux s’adapter aux changements climatiques mais le plus inquiétant, c’est qu’on n’arrive pas à les atténuer, ça accélère toujours plus. Peu importe les arguments économiques, gardons en tête que notre santé dépend de celle de l’air, de l’eau et de la terre», concluent les deux docteurs.