L’art vivant aux premières loges du « PuSh Festival 2024 »

L’amour telle une cathedrale ensevelie. | Photo par Christophe Péan

Sous le thème : « Un manifeste pour l’art vivant », le festival international des arts de la scène PuSh Festival tient son édition 2024 du 18 janvier au 4 février à différents endroits du Grand Vancouver. Au programme de cet incontournable événement hivernal vancouvérois, des œuvres d’artistes locaux, nationaux et étrangers de renom dans diverses disciplines : théâtre, danse, musique, multimédia, etc. Les organisateurs annoncent 17 œuvres originales provenant de 15 pays dont quatre premières mondiales, sept premières canadiennes et deux premières à Vancouver.

« Le thème de cette édition met en valeur la conscience de l’importance primordiale de l’art vivant dans un contexte post pandémique », explique Gabrielle Martin, directrice de la programmation. Elle indique que la ligne directrice de cette programmation se traduit par un « sentiment d’urgence culturelle qui aspire à accélérer les changements sociaux et ce par le biais d’œuvres originales inspirées par le courage de prendre des risques créatifs dans l’approche des enjeux actuels ».

L’amour comme une cathédrale ensevelie

Parmi les œuvres qui reflètent parfaitement le thème du festival, Gabrielle Martin évoque l’opéra-théâtre « L’amour comme une cathédrale ensevelie » de l’écrivain, metteur en scène et dramaturge Guy Régis Jr qui sera présentée par la compagnie.

« NOUS Théâtre » (France/Haïti) en partenariat avec la compagnie francophone de théâtre professionnel en Colombie-Britannique, la Seizième et le SFU Woodward’s Cultural Programs. « La force de cette œuvre réside dans le fait qu’elle est autant poétique que politique », selon la directrice en évoquant la particularité du style d’écriture de Guy Régis qui « aime prendre des risques créatifs au moyen d’un mélange de genres très subtil ». Dans cet opéra-théâtre, cet artiste haïtien aborde les parcours tumultueux de familles haïtiennes exilées. Il s’agit d’une œuvre lyrique en créole et en français chantée par un chœur accompagné d’une guitare classique haïtienne. L’auteur y explore les thématiques de la migration, du déracinement et de l’exil par des portraits de familles sur plusieurs générations. Cette pièce s’inscrit dans la philosophie qui a guidé la création par Guy Régis Jr en 2001 à Haïti de la compagnie « NOUS Théâtre » qui avait bouleversé la scène haïtienne par son approche expérimentale radicale visant à apporter le théâtre au peuple en se produisant dans les rues, les cimetières et les universités. Selon la critique, la puissance des créations de cette compagnie réside à la fois dans son engagement politique et social très poussé et dans la poétique des textes, des chorégraphies ainsi que des projections vidéos et des compositions sonores et musicales qui la distinguent, ce qui a contribué à lui donner une solide réputation en France et ailleurs dans le monde.

Questionner nos fragilités et nos forces

Gabrielle Martin, directrice de la programmation du PuSh Festival | Photo par Jeremia

« Bien évidemment, le festival est marqué par une forte présence canadienne. Mais il consolide son rayonnement international en présentant des artistes d’un peu partout à travers le monde, du Mexique, de l’Australie, de la Belgique, des Pays-Bas, de la France, de l’Inde, du Royaume-Uni, de la Palestine, de la Roumanie, de Madagascar, d’Haïti, de la Chine, du Brésil et des États-Unis », souligne Gabrielle Martin. Elle passe en revue les œuvres présentées. Entre autres, The Shadow Whose Prey the Hunter Becomes (L’ombre dont le chasseur devient la proie) de Back to Back Theatre’s qui spécule sur la façon dont l’intelligence artificielle traiterait les humains, étant donné le traitement réservé par la société aux personnes neuro-divergentes ; Nellie Gossen’s Returns (Le retour de Nellie Gossen) explore la problématique de la production et la consommation moderne durant un cycle de 30 jours ; Pli de la compagnie française Les Nouvelles Subsistances qui évoque la fragilité de l’être et les diverses formes de la force ; Sound of the Beast (Le bruit de la bête) du Théâtre Passe Muraille qui réfléchit sur la manière dont nous sommes reliés aux systèmes qui nous oppriment et comment nous pouvons ensemble nous relever, ou encore l’oeuvre Lorenzo de Soho Theatre qui présente un traitement cathartique de la mort. « Ce sont des œuvres qui induisent immanquablement un sentiment fort d’être encore plus vivants, justement, par le biais de récits très personnels mêlant résistance et vulnérabilité en questionnant les notions de liberté et de mortalité », note la directrice de la programmation. Elle se réjouit du fait que PuSh Festival 2024 offre des « moments de méditation profonde pour repenser nos histoires personnelles et collectives et imaginer des futurs possibles » avec des œuvres telles que : Ramanenjana de Simona Deaconescu et Gaby Saranouffi, Inheritances d’Adam Tendler ou encore DARKMATTER de Cherish Menzo qui présente un voyage philosophique allant du post-humanisme à l’afro-futurisme en abordant les changements possibles de perceptions du corps noir dans le futur.

Cabaret intime

À noter que PuSh Festival 2024 marque aussi le retour des programmes destinés aux jeunes de 16 à 24 ans. Notamment, le programme organisé en partenariat avec Solid State Community Industries, basé à Surrey, qui est un programme gratuit destiné aux jeunes racialisés pour leur permettre de découvrir la communauté professionnelle des arts du spectacle contemporains par des ateliers, des conversations avec des professionnels et une série de spectacles. À noter aussi le Club PuSh et ses soirées de style cabaret intime organisées par la frank theatre co. Talking Stick à Performance Works à Granville Island.

Par ailleurs, Gabrielle Martin souligne le rôle de PuSh Festival comme espace de rencontres, de réflexions et de dialogues entre les promoteurs et les diffuseurs des arts nationaux et étrangers du spectacle au cours des PuSh Industry Series, en partenariat avec Talking Stick.

www.pushfestival.ca