La ville de Kamloops accueille une Nation métisse bien vivante

L’histoire du peuple métis de Kamloops est intimement liée au contexte historique plus large de la région. On fait état de population métissée dans la région de la vallée Thompson nord dès 1793. Les Métis sont à la fois liés aux familles métisses historiques et aux communautés autochtones mixtes. Cette double appartenance ne les a pas toujours avantagés dans leur identité collective et dans leurs réclamations, n’étant ni purs Anglo-Canadiens, ni des Premières Nations. Malgré les écueils du passé, aujourd’hui l’histoire de la nation métisse sort de l’ombre.

Kim Gullion Stewart est d’ascendance ukrainienne et métisse. Elle a grandi à Athabasca, la première colonie métisse de la province de l’Alberta. | Crédit : Courtoisie

Marie-Paule Berthiaume
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Kim Gullion Stewart qui rêvait de créer un timbre pour Postes Canada en 1990 a été choisie pour illustrer l’un des quatre timbres sur le thème de la réconciliation avec les autochtones du Canada en 2020. « Mon idée était d’utiliser le perlage, si représentatif de la culture métisse, et de le placer sur une carte géographique de ma région natale d’Athabasca. Le perlage représente le fait que nous sommes présents pour prendre soin de la Terre, plutôt que pour des raisons de propriété économique », explique celle qui croit que « les Métis sont particulièrement bien équipés pour recueillir et partager les connaissances entre les autochtones et les colons, car ils ont des familles dans les deux communautés, une position unique lorsque nous pensons à la réconciliation. »

À Kamloops, une ville de 100 000 habitants, il y a 10% de la population de descendance autochtone, incluant 5 000 Métis, dont 60% sont enregistrés au sein du MNBC. Cet organisme provincial a un bureau de représentation régional à Kamloops et offre des services en matière d’éducation et de formation, d’accompagnement dans la recherche d’emplois.

L’histoire du peuplement du Canada précise que la nation Métis est un groupe distinct issu de la naissance des enfants des femmes autochtones avec des commerçants européens à l’époque du commerce des fourrures. Ce groupe possède sa langue, sa culture, ses méthodes de savoir et d’action, en plus d’être associé à la vallée de la rivière Rouge, à la loi sur le Manitoba et du régime de certificats des Métis.

Selon l’organisme politique Nation métisse de la Colombie-Britannique (MNBC), la province recense près de 125 000 Métis. De ce nombre, seulement 20% sont dûment enregistrés et 100 000 d’entre eux s’auto-identifient Métis. Il s’agit d’une situation problématique pour le MNBC et ses relations avec le gouvernement provincial pour l’obtention de services. Et cela engendre aussi des tensions avec l’Assemblée des Premières Nations, notamment à propos des revendications territoriales.

A Kamloops, il existe également d’autres organismes métisses offrant des services d’aide aux familles. Par exemple, l’organisme à but non-lucratif Lii Michif Otipemisiwak Family Services accompagne annuellement près de 300 familles. Cette agence de protection à l’enfance gère aussi le projet d’hébergement supervisé Kikékyelc, en collaboration avec la Nation Secwepemc (Shuswap). Ce centre est destiné aux jeunes entre 16 et 27 ans, en plus de disposer de quelques logements pour les aînés.

Jenny Hedberg est d’ascendance française, écossaise, scandinave et métisse. Elle est née à Ishpeming, dans le Michigan, et a déménagé en Colombie-Britannique à l’âge d’un an. | Crédit : courtoisie

La réappropriation de l’identité métisse

Jenny Hedberg a toujours ressenti un lien fort avec son ascendance métisse et la terre du Manitoba où sa famille vit depuis plusieurs générations. Ce n’est toutefois qu’en déménageant à Kamloops, il y a huit ans, qu’elle s’est intéressée à d’autres aspects de la culture métisse, comme la préservation de la souveraineté alimentaire par la culture, la chasse et la pêche, abondantes dans la région.

Il y a deux ans, la designer a commencé à apprendre le mitchif, la langue ancestrale des Métis, et à mettre en valeur la culture matérielle, en l’abordant par le perlage et la fabrication de mocassins. Déterminée à renouer avec son identité métisse, elle a entamé des démarches pour obtenir sa citoyenneté.

Revaloriser la culture métisse

Denise McCuaig en est un bel exemple. Gardienne du savoir patrimonial, cette ainée métisse est reconnue par la MNBC depuis dix ans. Son parcours se démarque par son intérêt continu envers la jeunesse. « J’apporte un soutien à de nombreuses activités du ministère de la Jeunesse. J’œuvre également dans le secteur de la Santé depuis trente ans, où j’ai occupé des rôles de conseillère ou de leader autochtone », souligne cette facilitatrice de cercles de soutien.

Denise McCuaig est d’ascendance métisse et flamande. Sa grand-mère est issue d’une lignée métisse très connue, liée au leader métis Cuthbert Grant Junior. | Crédit : Métis graphic artist, Nevada Lynn

Elle se réjouit du projet d’hébergement pour la jeunesse, Kikékyelc, qui accueille les jeunes des Premières nations et Métis de Kamloops depuis 2020. « C’est un exemple formidable de collaboration. Les Métis ont construit le bâtiment qui porte le nom Secwepemc (Shuswap). Notre salle de réunion est construite comme un kekuli, une maison en fosse. Les Premières Nations et les Métis vivent côte à côte, sous un même toit. Il faut célébrer cela ! »

Une série annuelle présentant la vision d’un artiste canadien de descendance européenne ainsi que d’artistes autochtones de l’île de la Tortue, incluant les artistes inuits, métis et des Premières Nations, sur l’avenir de la vérité et de la réconciliation. (Crédit : Postes Canada)