Une fenêtre sur le Paris de 1961 : Le film « Cléo de 5 à 7 » d’Agnès Varda au VIFF Centre

Une fenêtre sur le Paris de 1961. Le film Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda sera présenté dans le cadre de la série « Panthéon » du Festival International du Film de Vancouver (VIFF). Les films sélectionnés pour « Panthéon » sont considérés comme étant « les plus grands films de tous les temps » par le magazine britannique Sight & Sound. Et le public aura l’occasion d’apprécier le talent d’Agnès Varda, figure éminente du cinéma français et du mouvement Nouvelle vague, le dimanche 17 mars à 11 h et le mardi 19 mars à 17 h 50 au Cinéma VIFF Centre (Vancity Theatre), à Vancouver.

Une balade dans Paris

Le film Cléo de 5 à 7 dure une heure et demie et suit en temps réel les heures qui éloignent la lumineuse Cléo, chanteuse à succès fictive jouée par Corinne Marchand, de résultats d’analyse médicale qu’elle redoute. Coupes en treize chapitres et essentiellement en noir et blanc sauf pour la scène d’ouverture et sa partie de tarot divinatoire, le long métrage d’Agnès Varda raconte l’attente, les angoisses et l’environnement de Florence Victoire, connue sous son nom de scène « Cléo, pour Cléopâtre ».

Scène du film Cléo de 5 à 7. | Photo de VIFF

Empruntant des techniques du cinéma-vérité, la caméra de Varda suit Cléo dans les cafés parisiens, faisant les magasins, à bord d’un taxi ou dans les transports en commun, observant un avaleur de grenouilles et autres spectacles de rue, ou encore dans des ateliers d’artistes. Plus que le récit d’une femme, Cléo de 5 à 7 est un miroir de la ville lumière, une balade d’une heure et demie dans le Paris du siècle dernier. Car même si les répliques sont écrites et jouées par les acteurs, les conversations de café, les scènes de rue, les événements racontés à la radio sont empruntés au Paris bien réel de 1961, année du tournage et de sortie du film. La rapidité du tournage – seulement deux mois durant l’été 1961 – et le jeu des caméras donnent également au public l’illusion de suivre les déambulations de Cléo en temps réel, d’être dans le même taxi que Cléo et Angèle, de sentir le regard des passants sur Cléo comme si le spectateur se retrouvait dans les rues de Paris durant l’été 1961.

Femmes

Ces techniques de tournages ainsi que les différentes voix de narrateur parlant à la première personne du singulier permettent à Agnès Varda de donner voix à Cléo, à Angèle, mais surtout aux femmes de Paris. Cléo est certes une chanteuse ayant une certaine notoriété dans la capitale, s’adonnant à des activités mondaines avec son assistante et confidente, Angèle, qui rappelle que « La vie, tu sais, donne raison à l’envie ». Mais ces activités et ce caractère frivole masquent l’inquiétude de Cléo pour sa santé. Cléo remplit ces moments de 5 à 7 de petites distractions pour essayer de tenir ses préoccupations à distance et ne pas penser à ses résultats médicaux. Alors Cléo se distrait comme elle peut : « Minute, beau papillon, être laide c’est ça la mort. Tant que je suis belle, je suis vivante ! Et plus que les autres… »

Essayant de se rassurer par son élégance et sa beauté, Cléo reste en proie aux superstitions, encouragée par Angèle, mais aussi à la peur de la mort, et s’inquiète de la pérennité de son succès en tant qu’artiste. Agnès Varda laisse apercevoir la fragilité de cette diva parisienne, mais aussi le quotidien des femmes dans les rues de Paris, celles conduisant des taxis, vivant le regard des passants dans la rue, les rapports sociaux codés. Mais Varda partage également leurs moments de joie, notamment grâce au cinéma.

Nouvelle-vague

Et Cléo de 5 à 7 contient un petit cadeau cinématographique d’une minute trente, un film dans un film, comme une lettre d’amour au cinéma. En effet, Cléo et son amie ont la chance de visionner, en même temps que le spectateur, un court métrage muet racontant les sentiments de jeunes amoureux sur un pont parisien. Le petit film est rempli de gags visuels, d’expressions comiques, rendant hommage aux films muets, mais aussi au milieu artistique dont Agnès Varda faisait partie. Car les amoureux ne sont autres que le réalisateur Jean-Luc Godard et l’actrice Anna Karina, figures de proue du mouvement de la Nouvelle vague.

Plein de clins d’œil artistiques et de charme parisien, Cléo de 5 à 7 offre une plongée dans le Paris des années soixante et propose une certaine frivolité et un espoir retrouvé grâce aux rencontres au hasard pour faire face aux soucis, et aux mauvaises nouvelles, plus de soixante ans après sa sortie.

Le VIFF Centre est situé au 1181 Rue Seymour à Vancouver.

Pour lire la présentation du film par le VIFF et réserver vos billets, visiter : www.viff.org/whats-on/cleo-from-5-to-7

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