À l’agenda des francophones du centre de l’île de Vancouver: revendications, projets rassembleurs et rejoindre les jeunes

Vers la fin des années 70, la présence francophone dans la région du centre de l’île de Vancouver connaît un accroissement substantiel avec la création, en 1978, de l’Association francophone de Campbell River et la mise en place, en 1981, du premier programme scolaire francophone. On doit ces réalisations au combat mené par des pionnières telles que Yvette Brett et Pauline Bélanger afin d’obtenir un programme d’éducation en français pour le bénéfice des enfants de la communauté.

Hassan Laghcha – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Jeanne Landry, la directrice générale de l’Association francophone du centre de l’île (AFCI), évoque les efforts de ces deux mères de famille, avec le soutien des associations francophones dans la région, pour permettre aux francophones et francophiles de se doter de structures dédiées à la vie communautaire. Elle se réjouit du fait que ce travail de longue haleine a permis la mise en place de deux écoles francophones, l’école Au-cœur-de-l’île et l’école Mer-et-montagne, et a donné à son association les moyens d’une certaine stabilité financière. Cela a permis de mettre de l’avant diverses activités et d’offrir des services à la petite communauté francophone. Son nombre est d’environ un millier de personnes qui sont capables de s’exprimer dans les deux langues officielles.

Jeanne Landry, directrice générale de l’AFCI au centre avec les membres du conseil d’administration ( de gauche à droite : Carole Tétreault, Yannick Lévesque (trésorier), Diane Décarie (secrétaire), François Clavel (président), et Warren Schalm (vice-président). | Crédit: AFCI

Cette stabilité financière s’explique du fait que l’association ait été propriétaire de son édifice qui loue la moitié de son espace au Centre d’adoption et d’éducation de la British Columbia Society for the Prevention of Cruelty to Animals (BCSPCA) de Campbell River. Rappelons que les responsables de cette association ont eu l’excellente idée d’acquérir, en 2001, le centre communautaire francophone dont l’hypothèque est complètement payée aujourd’hui.

Jeanne Landry, directrice générale de l’AFCI avec Pauline Belanger, l’une des fondatrices de l’association. | Crédit: AFCI

Comment rejoindre les jeunes ?

Au chapitre des faits marquants de l’histoire de l’association, Mme Landry évoque, avec fierté, le succès du projet, financé par Patrimoine canadien, qui a permis à l’association d’offrir des activités et des services à la communauté francophone de la vallée de Comox, située à une soixantaine de kilomètres au sud de Campbell River.  Cette association francophone à Comox avait dû fermer ses portes en 2011. 

Depuis 2019, la programmation des activités sociales et culturelles destinées aux francophones et francophiles de Comox fait partie intégrante de la programmation générale de l’AFCI. Ces activités variées comprennent un Club de lecture, des cours de français, une cuisine collective, une bibliothèque et des randonnées pédestres. Il s’agit là, à titre d’exemple, de certains services dont bénéficient les membres de cette association. 

Engouement pour le théâtre

La directrice générale, Jeanne Landry, souligne en particulier les multiples projets de théâtre qui suscitent un engouement. « Le théâtre est rassembleur », dit-elle. Elle mentionne notamment certains projets réalisés en collaboration avec Réseau-Femmes Colombie-Britannique.  Elle cite la pièce de théâtre-forum Les éloquentes, présentée sous forme de scénettes qui relatent des histoires de vie d’une trentaine de femmes, en plus de ces fameux Monologues du vagin de la dramaturge réputée, Eve Ensler, qui met en vedette neuf actrices amateures de la région. 

Des participantes à la pièce de théâtre Monologues du vagin

À souligner aussi la grande soirée de théâtre bilingue Au-delà des mots/Beyond Words, présentée pour célébrer le 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles au Canada. Il s’agit d’une collection de « récits représentant, avec humour, la réalité du vivre-ensemble, en français, dans une mer anglophone ». « Ce projet résulte également de plusieurs ateliers d’exploration théâtrale organisés autour du vécu des francophones en milieu minoritaire. Cela a été un véritable succès ! », de dire Jeanne Landry, en annonçant que le prochain projet de théâtre communautaire portera sur le thème de l’insécurité linguistique.  

« Toutefois, le défi majeur pour l’avenir, ce sera d’assurer la relève et de rejoindre la jeunesse », souligne-t-elle. « L’action communautaire a besoin de sang neuf pour se réinventer et faire preuve d’imagination pour susciter l’enthousiasme des jeunes et leur donner le goût de servir la cause francophone en milieu minoritaire. »

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