Les gens n’aiment pas l’art de l’IA parce qu’il menace leur humanité selon une étude de UBC

L’écriture, la photographie, l’art et la musique générés par l’intelligence artificielle (IA) ont gagné en popularité, mais ce succès croissant a également déclenché une énorme réaction négative, beaucoup rejetant l’art de l’IA – et affirmant même que sa prolifération marque le début de la fin pour l’humanité.

Alors pourquoi certaines personnes réagissent-elles si négativement à l’art créé par l’intelligence artificielle ? Selon une nouvelle étude de la Sauder School of Business de UBC, c’est parce que pour certains, cela remet en question ce que signifie être humain.

Pour l’étude, qui paraît dans l’édition de juin 2024 de Computers in Human Behaviour, les chercheurs ont mené une série d’expériences psychologiques impliquant l’art de l’IA. Dans l’une, les participants ont vu deux tableaux et on leur a dit que l’une était générée par l’IA et l’autre créée par l’homme ; dans une autre, ils ont écouté deux morceaux de musique, l’un soi-disant créé par des humains et l’autre par l’IA.

Art généré par l’intelligence artificielle.

En réalité, cependant, les deux œuvres d’art que les participants devaient évaluer ont été créées soit par l’IA, soit par un humain. Les chercheurs ont étiqueté au hasard l’une d’entre elles comme étant fabriquée par l’IA et l’autre comme étant créée par l’homme. Pourtant, les participants ont montré une préférence écrasante pour les œuvres d’art qu’ils pensaient avoir été réalisées par des personnes.

« Nous avons constaté qu’il existe un préjugé très répandu à l’encontre du travail réalisé par des artistes IA », déclare Guanzhong Du, étudiant au doctorat à UBC Sauder, co-auteur de l’étude avec Kobe Millet et Michail D. Kokkoris de la Vrije Universiteit Amsterdam et Florian Buehler de l’Université des sciences appliquées du Vorarlberg à Dornbirn, en Autriche.

« Peu importe laquelle est réellement réalisée par un artiste humain, les gens préfèrent les œuvres d’art étiquetées comme humaines. »

Pour découvrir ce qui motive ce biais, les chercheurs ont testé si le sentiment anti-IA était plus prononcé chez les personnes ayant des « croyances anthropocentriques en matière de créativité » plus fortes – c’est-à-dire la conviction que la créativité est une caractéristique spécifiquement humaine qui distingue l’Homo sapiens des autres espèces. Ils ont également mesuré la valeur des œuvres d’art en demandant aux participants lesquelles ils seraient prêts à acheter.

Les résultats ont montré que les préjugés contre l’art de l’IA sont plus prononcés chez les personnes qui croient que la créativité est une caractéristique spécifiquement humaine et qui sont prêtes à payer plus pour des œuvres qu’elles croient avoir été générées par des humains.

« Pour ces personnes, apprendre que l’IA peut aussi être créative peut être très menaçant, car cela remet en question leur vision du monde et de ce qu’est l’être humain », explique Du. Et ce parti pris n’est pas une question de goût personnel, ajoute-t-il.

« Ce n’est pas comme si certaines personnes préféraient le Coca et d’autres le Pepsi. Cela représente une question philosophique plus profonde sur notre compréhension de l’identité humaine », dit Du.

« Qu’est-ce qui rend l’être humain unique en tant qu’espèce ? Qu’est-ce qui nous différencie des autres ? Et quelle est notre place dans l’univers ? ».

M. Du prédit qu’à l’avenir, nous rencontrerons de plus en plus d’art IA. Il estime également que nous devrions être conscients des préjugés humains exposés par l’étude et adopter l’art généré par l’IA plutôt que d’y résister.

« Nous devrions apprendre à apprécier la beauté et la créativité de l’IA. Parce que si nous exploitons l’IA, si nous travaillons avec l’IA, nous pourrons peut-être mieux développer notre propre créativité. Peut-être pouvons-nous collaborer avec l’IA et réaliser quelque chose que nous ne pouvons pas réaliser seuls », dit-il. « Mais si nous ne sommes pas conscients de nos préjugés contre l’IA, cela n’est pas possible. »

Cet article a été traduit en français par Barry Brisebois du journal La Source à partir d’un blogue sur le site de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC). Veuillez trouver la version originale à : www.sauder.ubc.ca/news/insights/people-dislike-ai-art-because-it-threatens-their-humanity-study

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