Le centre culturel chinois de Vancouver a servi de cadre pour l’ouverture de la collection automne/hiver 2024 lors de la Semaine de la mode du Grand Vancouver en avril dernier. Une cinquantaine de designers ont été programmés pour les six jours de l’événement, qui ont accueilli près de 20 000 personnes.
Suzanne Leenhardt
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Depuis sa création en 2001, la Semaine de la mode de Vancouver n’aura manqué qu’une saison : celle de mars 2020, en raison de la pandémie. Plus de vingt ans après, son créateur Jamal Abdourahman a toujours l’ambition de voir grandir le show et de mettre en lumière la nouvelle génération de designers locaux.
Casquette noire sur le crâne, jeans et chaussures de sport de couleur noire à fermeture, le créateur de la Semaine de la mode du Grand Vancouver, Jamal Abdourahman le reconnaît : « Vancouver est une ville de la côte Ouest : elle est plus connue pour sa nature que pour la mode. Mais on peut dénicher des talents partout ! », pose-t-il. « Mon but n’est pas de la transformer mais de faire émerger les designers locaux. »
Vitrine de talents locaux
Du jaune poussin au marron en passant par le rose pastel, les mannequins longilignes défilent et chacune arbore un manteau de pluie coloré. La créatrice Mernini a réussi à ce que cet habit, indispensable entre le mois de novembre et mai, n’enlève en rien le cachet d’une tenue tout en gardant son utilité imperméable. Pour qu’une collection entière soit consacrée à affronter la pluie, cela ne fait plus aucun doute : nous sommes à la Semaine de la mode de Vancouver.
Pari gagné pour Hazi Haus qui croule sous les fleurs et les photos à la fin du défilé. La jeune femme, née à Taïwan et élevée à Vancouver, a présenté sa toute première collection. Les tons gris et les fentes prédominent, et les guêtres et les chapkas sont de retour. « C’était l’assistante de Alex S Yu », nous glisse l’autrice indépendante Marilyn R. Wilson qui feuilletonne dans son blog les diverses saisons de la Semaine de la mode depuis plusieurs années. Ce dernier a fait sa place dans le paysage de Vancouver et participe pour la dixième fois à l’évènement. Dans le calendrier de la semaine, deux défilés sont aussi consacrés aux créations d’étudiants en mode des universités LaSalle et Vancouver Community Collège.
Une mode engagée
À la tête d’une équipe qui oscille entre 20 et 25 personnes permanentes aujourd’hui, le producteur Jamal Abdourahman est pourtant arrivé dans le milieu de la mode « par hasard, grâce à la house music underground à Vancouver ». Né à Djibouti, il est arrivé à Montréal puis a passé trois ans à Toronto avant de rejoindre Vancouver en 1993, à sa vingtaine. Il a fait grandir son « show » en même temps qu’il a vu s’étendre la ville en nombre d’habitants et d’immeubles. Ce qui lui vaut la reconnaissance de certains politiciens comme le conseiller municipal vancouvérois Lenny Zhou venu lui remettre une certification lors de l’ouverture. Sur le moment, le créateur arrive à esquisser un sourire mais n’apprécie guère « être au centre de la scène », confie-t-il.
Il rêve surtout de voir grandir la liste des designers invités, encore et encore. « J’ai cette personnalité où chaque chose que j’entreprends doit être immense, sinon je ne suis pas excité », assume-t-il. Mais il tient à ce que l’aspect humain et fédérateur de cet art soit mis en avant. Plusieurs performances ont d’ailleurs permis de rappeler des causes et combats actuels : un hommage à l’Ukraine avec des danses en costumes traditionnels, une visibilité des mannequins en fauteuils roulants, sans oublier la reconnaissance des terres ancestrales des Premières Nations de la province. Munie d’un tambour, une survivante des écoles résidentielles de la nation Squamish a fait vibrer les invités pour un chant traditionnel.