Rêver

Que ce soit debout, assis ou allongé, je ne peux m’empêcher de rêver. La nuit, le jour, je rêve tout le temps; généralement en couleur.

Rêver c’est éviter les cauchemars et vivre d’illusions. C’est aussi laisser aller son imagination. Ce que je fais avec plaisir malgré le peu de créativité dont je dispose. Rêver c’est, avant tout, fuir la réalité. Je rêve de tout et de rien.

Sans me prendre pour Martin Luther King Jr., loin s’en faut, j’ai moi aussi fait des rêves. J’ai rêvé que nous étions tous égaux, que mon égo m’était égal, que j’assistais à la fin de la faim de par le monde. J’ai rêvé que les étoiles filantes filaient du mauvais coton et, encore plus laid, que la voie lactée ne donnait plus de lait. J’ai rêvé que la lune était toujours dans la lune depuis des années lunaires. J’ai rêvé que, tout en faisant leur cinéma, les frères Lumière n’étaient pas des lumières. J’ai rêvé que les Huns n’étaient pas un mais des milliers. J’ai rêvé, sans faire de zèle, que des voleurs, s’étaient mis à voler de leurs propres ailes. J’ai rêvé que les Canucks de Vancouver, patins en mains, un beau matin, gagnaient la coupe Stanley.

J’ai rêvé, cela peut vous amuser, que Justin Trudeau non sans surprise, s’était amouraché de la très jolie Mélanie et aurait invité cette dernière à passer des vacances avec lui aux Bahamas tous frais payés par le clan Khan dont le chef dort sur son pesant d’or. « Ça suffit », s’est exclamée alors Sophie qui fit fi de la nouvelle en prenant connaissance du texte de son ex. Le premier ministre, tout heureux de la tournure des événements, aurait, dans la foulée, demandé à Pierre Poilievre d’être le témoin de leur éventuelle union. Le tout suivi d’une invitation à se rendre tous trois à bicyclette au parlement. Le chef de l’opposition, habitué à créer des incidents et provoquer des accidents, accepta l’offre sans hésitation. Il n’attendait que ça pour mettre des bâtons dans les roues du nouveau tandem.

J’ai rêvé que par mesure de sécurité les ayatollahs iraniens avaient décidé dorénavant de voyager uniquement avec la compagnie aérienne israélienne El Al. J’ai rêvé que le pape François, en autorisant le mariage des prêtres entre eux, ou avec tout autre personne de leur choix, devenait plus catholique que le pape. Toujours dans mon rêve, je lui accordais ma bénédiction. J’ai rêvé que Joe Biden prenait une cure de jouvence en Floride non loin d’où
Donald Trump, son adversaire lors des prochaines élections américaines, retranché dans son camp, se faisait du mouron ainsi que de vieux os.

Mais ce n’est pas tout. J’ai aussi rêvé que Vladimir Poutine, après avoir reçu les malicieux conseils de son nocif ami Xi Jinping, crut bon d’abandonner sa conquête de l’Ukraine en apprenant la soudaine démission de son adversaire Volodymyr Zelensky. Ce dernier, fatigué et déçu de la lenteur des Occidentaux à lui livrer des armes ainsi qu’un costume, une chemise blanche et une cravate, aurait opté à la place d’accepter un rôle de premier plan dans une série télévisée tournée en Ouzbékistan.

Encore plus bizarre : j’ai rêvé qu’une fois la guerre finie, les membres du groupe terroriste Hamas, à qui l’on doit la barbarie du 7 octobre, par je ne sais quel miracle, ont manifesté le désir de suivre un séminaire donné par d’anciens disciples de Gandhi et de Mandela où ils apprirent qu’il est possible, avec beaucoup de patience et de savoir-faire, d’atteindre son objectif sans verser trop de sang. Il va sans dire, je vous le rappelle qu’il s’agit d’un rêve.

Quant à Benjamin Nétanyahou qui, comme les dirigeants du Hamas, doit faire face à un possible mandat d’arrêt émis par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), j’ai rêvé, qu’accompagné de sa cohorte de ministres d’extrême-droite, tous portant la lourde responsabilité de la déplorable campagne militaire à Gaza dont ils devront un jour rendre compte non seulement auprès des Israéliens mais aussi auprès de la communauté internationale, j’ai rêvé, disais-je qu’une fois leur déchéance consommée, ces méprisables personnages tenteront d’investir leurs nouveaux shékels dans la construction de tunnels (made in Gaza) où ils pourront trouver refuge en cas de soulèvement du peuple.

Et puis, j’ai fait un dernier rêve : celui de voir la création d’un état palestinien ayant Israël pour voisin. J’ai rêvé que les deux peuples vivraient en parfaite harmonie tout en prospérant à l’intérieur de deux états laïques et démocratiques dirigés par des leaders lucides, visionnaires et éclairés. Quel beau rêve.

Mes rêves, malheureusement, je l’admets, démontrent jusqu’à quel point je continue de prendre mes désirs pour des réalités.