Cohabiter, un premier long métrage signé Halima Elkhatabi

Lier des amitiés, se sentir « bien » chez soi, tout en cherchant une certaine harmonie entre les horaires, les personnalités et les besoins de chacun. La construction d‘un cadre de vie au Canada commence souvent par cette première question : « Vous cherchez quoi dans votre future Coloc’ ? ».

Dans son long métrage Cohabiter, la réalisatrice Halima Elkhatabi suit les échanges de plusieurs Montréalaises et Montréalais qui cherchent à se lancer dans une colocation propice à leur épanouissement dans la métropole québécoise. Née en France et d’origine marocaine, la scénariste et réalisatrice montréalaise Halima Elkhatabi est diplômée de l’Institut national de l’image et du son. Elle crée des documentaires, des œuvres de fiction, ainsi que des documentaires audio.

Ce film est le premier long métrage documentaire d’une cinéaste au regard tendre et généreux. Dans Cohabiter se dessine une mosaïque contemporaine de cultures et d’idées, où se croisent dans un mouvement constant les notions de communauté, d’individualisme et de droit au logement.

Produit par Nathalie Cloutier, avec le soutien de l’Office National du Film du Canada (ONF), ce film francophone de 1h15 a été présenté dans le cadre de l’édition de 2024 du Vancouver International Film Festival (VIFF) et du Toronto International Film Festival (TIFF) de la même année.

Scène du documentaire Cohabiter. | Photo de VIFF

Communauté

Suivant différents groupes de locataires à Montréal pendant plusieurs mois, Halima Elkhatabi a pu souligner des aspects parfois moins mis en lumière sur la réalité de la colocation sur le grand écran : la création de vie en communauté comme un partage de valeurs, un échange humain et une expérience non négligeable sur la santé mentale d‘adultes de tout âge. « La vie en cohabitation peut être montrée d’une façon bohème comme dans L’auberge espagnole ou comique, dans de nombreux films et séries », explique la productrice Nathalie Cloutier, faisant référence au film de Cédric Klapisch et aux nombreuses interprétations de ce sujet récurrent dans les comédies à travers le monde. « Mais le travail d’Halima Elkhatabi semble dévoué à la réalité de nombreux Montréalais dans Cohabiter. »

En effet, les études menées par des organismes tels que le Conseil Jeunesse de Montréal, que la situation du logement pousse la population étudiante de Montréal à opter pour la cohabitation, par nécessité. « Les étudiant.es vont privilégier la colocation pour se loger à moindre coût dans les quartiers centraux, et ce, au détriment d’autres ménages en recherche de grands logements, tels que les familles montréalaises. Dans la métropole, 72 % des étudiant.es locataires sont en colocation, parmi lesquels 32 % vivent dans des ménages de 3 étudiant.es et plus » selon cette étude.

Identités et expressions

Armée de sa caméra, Halima Elkhatabi montre des jeunes Montréalais et Montréalaises à la recherche d’« une amie », pour « se sentir bien » et réduire l‘anxiété à la maison, ou à la recherche du « côté humain » de la colocation, faisant de cette vie en communauté l‘occasion de partager ses goûts et ses décorations, mais aussi ses valeurs, et ses récits de voyages « à Ouagadougou » au Burkina Faso, à l’île Maurice, à Singapour, pour se retrouver et s‘épanouir ensemble à Montréal dans une cohabitation joyeuse.

Car « cohabiter » induit le choc des emplois du temps et la prise en compte des enjeux liés à des hygiènes de vie, mais aussi des identités et expressions de genre, ou encore de la logistique qu‘impliquent les relations amoureuses lors de la cohabitation. Car pour s’assurer une cohabitation réussie, les personnes filmées dans le documentaire d‘Halima Elkhatabi font preuve de franc-parler, lors de ces rencontres rapides pour trouver le bon match de colocation. Certains participants abordent tout de suite leur neurodivergence, leurs passions, leurs insomnies, et leurs expériences bonnes ou mauvaises, mais sans filtres.

Touchant

Filmant également les espaces aménagés de cette vie en communauté, Halima Elkhatabi souligne aussi la beauté et l‘intimité de ces logements partagés. La musique dynamique des touches d‘un piano, tout comme la franchise de ces Montréalais qui s‘expriment librement avec de sympathiques inconnus rend le documentaire touchant et le ton juste.

Devant la caméra défile le Montréal de tous les jours, de toutes les origines, le Montréal francophone, le Montréal bilingue, ceux parlant le français comme langue seconde, venus dans la métropole pour « cohabiter » et s‘épanouir.

Pour plus d‘informations, visiter : www.viff.org/whats-on/living-together

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