Une exposition pour perdre le sens de l’orientation

L’artiste vancouvérois Henry Tsang. | Photo par Stephanie Lamy

L’artiste vancouvérois Henry Tsang. | Photo par Stephanie Lamy

C’est une exposition peu commune que vient d’inaugurer le Centre A ce jeudi 13 janvier avec Follow Suit, traduire littéralement « suivre l’exemple ».
Ce n’est pas un mais deux artistes que vous aurez l’occasion de découvrir ou de revoir. Avec en point d’orgue une remise en question de notre manière de consommer la culture.

La réunion de ces deux personnalités artistiques, qui ne s’étaient jamais croisées auparavant, n’est pourtant pas anodine. En effet, Kotama Bouabane et Henry Tsang ont tous les deux cette particularité d’avoir voyagé en Chine, et notamment à Pékin et ses alentours. Ce qui ressort en premier lieu de leur long travail est cette interrogation soulevée par l’ambiguïté de leurs clichés. Le photographe et vidéaste, qui ne se sont pas concertés, ont finalement atteint le même but : éveiller un raisonnement personnel sur un sujet aussi vaste que l’universalisation des cultures, comme le décrit Kotama : « Follow Suit est conçu pour faire réagir sur la mondialisation, en jouant avec les espaces et les emplacements ».

Kotama Bouabane, artiste installé à Toronto. | par Photo par Stephanie Lamy

Kotama Bouabane, artiste installé à Toronto. | par Photo par Stephanie Lamy

Quand la Chine veut ressembler à la Californie

Artiste vancouvérois, enseignant l’art à l’Université Emily Carr, Henry Tsang corrobore son vis-à-vis : « J’ai voulu m’intéresser à ce désir de consommer comme les autres, et dans ce cas précis, la vision chinoise du rêve américain. Il est évident que cela entraîne une certaine confusion d’esprit par rapport aux différents endroits photographiés. »

D’origine laotienne, Kotama est quant à lui un photographe venu de Toronto, âgé d’une trentaine d’années. En 2011 il se décide à voyager jusqu’en Chine et découvre le Parc international de Pékin. Il tombe alors sous le charme de cet endroit si particulier. Il faut dire que l’endroit est spécial. C’est un parc à thème avec plusieurs destinations touristiques reproduites en miniature. De la tour de Pise à la Tour Eiffel, les Pékinois et touristes en ont pour leur série de photos. Kotama ne s’arrête pas là et continue son bonhomme de chemin, remarquant Ju Jun, une banlieue de la capitale chinoise construite en 1999. La particularité de cet endroit, qui inspira également Henry Tsang pour son œuvre. Les promoteurs ont débauché l’architecte californien Aram Bassenian pour qu’il reproduise un quartier à l’image de celui qu’il avait imaginé pour la ville d’Orange County, en Californie.

Du pareil au même ? A vous de juger

Exposées l’une à côté de l’autre, ces deux séries de photographies ne laissent personne indifférent.

L’artiste brouille les cartes entre ces espaces de fantaisie cons-
truits pour le divertissement des touristes, et ceux bâtis pour la vie quotidienne des citoyens. Un travail qui suscite le questionnement à propos de notre manière de consommer. La mondialisation nous rend-elle tous semblables, au point de vouloir copier le voisin ? Entre la Côte ouest américaine et la Chine en pleine expansion économique, n’y aura t-il bientôt plus de différences ?

Le voyage d’Henry Tsang à Orange County en Californie ainsi qu’à Ju Jun en Chine date d’il y a plus de dix ans. De là il a créé une série de clichés puis s’est mis en scène, marchant devant ces maisons qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Son installation vidéo avec quatre écrans est à vous faire perdre le sens de l’orientation. Impossible de deviner où il se trouve sur chaque écran. Californie ou Chine ? A vous de méditer.

Exposition Follow Suit
Du 13 février au 12 avril, 11h à 18h
Centre A
229 E Georgia St, Vancouver
Entrée gratuite
604-683-8326