La nuit Electro-Vaudeville réveille l’Hôtel Waldorf

Photo d’Electro Vaudeville Festival

Photo d’Electro Vaudeville Festival

Bonne nouvelle pour les friands de musique swing avec la ré-ouverture de l’Hôtel Waldorf après deux ans de rénovations. Les organisateurs du festival annuel Electro-Vaudeville proposent une programmation hors du commun avec une soirée de musique et de danse qui peut, au premier coup d’oeil, ressembler à un mini-carnaval. Un évènement dont les ambitions sont à la fois artistiques, civiques et économiques. À tout cela s’ajoute un irrésistible zeste de nostalgie, revu et corrigé pour flatter nos sensibilités.

La communauté artistique locale célèbre le « retour » d’un lieu quasi-mythique à Vancouver : l’Hôtel Waldorf ! Cet édifice construit en 1947 dans le quartier Strathcona et Hastings/Sunrise a vu défiler des noms célèbres du milieu des arts et spectacles, mais aussi des expositions d’artistes de renommée internationale tels qu’Attila Richard Lukacs et Stan Douglas, ou le multi-disciplinaire Douglas Coupland. Boutique-hôtel, on y compte une quarantaine de chambres, une boîte de nuit et un restaurant « cuisine fusion » sans oublier ce qui fit la réputation de ce lieu : son « Tiki-Bar » et son cocktail tahitien.

L’ascension… et la chute

Si l‘hôtel a connu ses jours de gloire dans les années 50–70, les décennies qui ont suivi n’ont guère été faciles. En proie à des difficultés financières, l’avenir du Waldorf se trouvait menacé au début du siècle, jusqu’en 2010 quand l’entrepreneur et musicien Thomas Anselmi et ses associés réhabilitent cet espace afin de lui donner un second souffle. Pour Anselmi, prendre les rênes du Waldorf était surtout un défi civique, sauvegardant une icône culturelle dans un district de Vancouver qui en avait fort besoin. Une sorte de retour aux sources pour célébrer « l’authentique et le vrai » dans une ville qui semble sous l’emprise d’une folle spéculation immo-
bilière. Une spéculation qui vise des lieux artistiques souvent sous le joug de difficultés économiques, donc financièrement vulnérables. Là encore cette entreprise fut de courte durée car en 2012, l’édifice fut racheté par le groupe immobilier Soltera avec le but de le transformer en condominiums ! Le public s’indigne, la mairie s’implique. Un sursis lui est accordé. Une bataille est gagnée mais peut-être pas la guerre… Le Waldorf devient dès lors pour la communauté artistique le symbole de la lutte contre les méfaits de la gentrification de l’est de Vancouver.

It don’t mean a thing if it ain’t got that swing!

Les origines du swing sont tout aussi fascinantes. L’engouement du public sera tel que vers les années 40, cette musique rivalise avec les Big Bands de l’époque grâce à sa facilité d’appropriation de différents genres musicaux populaires. Si le country-western était incontestablement la source de cette musique, peu à peu se sont immiscées des envolées de charleston ou de jazz. En mélangeant des instruments traditionnels aux nouvelles évolutions électroniques et en s’appropriant les styles en vogue dans les dance halls tels que le bebop, le boogie woogie et le rock and roll, le swing est en constante recherche de nouvelles sonorités, d’où son éternelle jeunesse. Mais attention, pour danser le swing mieux vaut avoir la forme. Si le tempo peut paraître lent, un rythme diablement saccadé demande parfois aux partenaires un sens de l’improvisation et une souplesse d’athlète.

Dutty Moonshine, groupe anglais. | Photo d’Electro Vaudeville Festival

Dutty Moonshine, groupe anglais. | Photo d’Electro Vaudeville Festival

Retour vers le futur
Un festival d’Electro-Vaudeville associé à la musique swing peut paraître étrange. Cet anachronisme qui fait l’originalité du Waldorf se retrouve dans la variété des spectacles et activités programmées. La troisième édition de ce festival propose un spectacle de musique et danse swing qui rejoint le style de vie de la côte Ouest, mêlant librement le swing électronique, le jazz, le blues et le rock. Le public est également invité à s’habiller vintage, en s’inspirant des mouvements musicaux des dernières décennies tels que le style Gatsby, rétro-swing, les beats et les rat packers des années Sinatra. Le choix des artistes, venus des deux côtés de l’Atlantique, est tout aussi alléchant. Cette nouvelle programmation nous propose entre autres : High Society, DJ Wood n Soo et Dj K-Tel ainsi que Dutty Moonshine d’Angleterre, style Big Band des années 30 allié à des genres musicaux contemporains tels que le hip-hop, mais encore les musiciens de la nouvelle scene du jazz de Turin, le Sweet Life Society d’Italie avec son style Cotton Clubmoderne.

L’Hôtel Waldorf, oasis culturel et l’Electro-Vaudeville semblent bien traverser les générations et le temps. Une belle célébration pour une bonne cause en somme !

La soirée Electro-Vaudeville à l’Hôtel Waldorf, 3e édition

Le samedi 10 mai de 20h à 2h

electrovaudevillefest.org