Une campagne électorale vient de prendre fin en Ontario. Ne vous en faites pas si vous n’étiez pas au courant, il semble que les premiers concernés, les électeurs ontariens eux-mêmes, n’ont pas vraiment porté attention à ces élections provinciales. Mais il y en a quand même qui ont suivi de très près ces élections dans la plus populeuse province canadienne, soit les partis fédéraux.
La raison est simple. L’Ontario est en quelque sorte un microcosme du pays en ce qui a trait à la carte électorale canadienne. C’est pourquoi ces élections pourraient servir de véritable boule de cristal et nous dire ce que réserve l’avenir aux trois principaux partis fédéraux. C’est sans compter le fait que la province est une terre extrêmement riche en circonscriptions. Il ne faut donc pas s’étonner de l’intérêt marqué des partis fédéraux envers ce qui se trame dans cette province.
Pour Stephen Harper et Justin Trudeau, le choix fait par les électeurs ontariens leur aura donné un avant-goût de l’attrait de ces derniers envers certaines politiques publiques. Cela devrait bien les servir dans les prochains mois alors qu’il faut s’attendre à les voir préciser leur pensée vis-à-vis ce qu’ils nous proposeront comme choix lors des prochaines élections fédérales. Ils pourront donc raffiner leurs positions d’ici le scrutin fédéral selon le résultat de la campagne ontarienne.
Mais ce sont probablement les libéraux qui en apprendront le plus. On sait que la campagne du Parti libéral de l’Ontario a surtout visé à gagner la faveur des électeurs des grands centres urbains. Les progressistes-conservateurs pour leur part ont voulu faire le plein de vote dans les régions et la ceinture métropolitaine de Toronto.
C’est d’ailleurs une formule qui a plutôt bien servi les troupes de Stephen Harper un peu partout au pays. Prenez l’exemple de la Colombie-Britannique. On sait que les troupes de Stephen Harper ont surtout concentré leurs efforts dans les circonscriptions rurales, mais sans pour autant ignorer les comtés urbains qui ne sont pas dans le centre-ville de Vancouver. En fait, il n’y a aucun doute que les conservateurs fédéraux ont tout simplement abandonné l’idée de faire des gains au cœur des grandes villes canadiennes. Et comme les élections de 2011 nous l’ont démontré, il n’en ont pas vraiment besoin.
Pour les libéraux de Trudeau, le pouvoir passe par ces grands centres urbains, surtout celui de Montréal où ils ont mordu la poussière en 2011. Mais ils devront aussi courtiser les électeurs des comtés périphériques aux grandes villes. C’est un de leurs principaux défis. C’était aussi le défi de Kathleen Wynne en Ontario. C’est pourquoi il y aura de nombreuses leçons dans l’élection provinciale en Ontario.
Pour sa part, le Nouveau Parti démocratique n’est pas en reste. Il a vu les libéraux envahir leur espace politique au cours des derniers mois, une formule que semblent vouloir adopter les libéraux fédéraux de Justin Trudeau.
On verra ce que les résultats ontariens seront, mais il y a fort à parier qu’il y peu de place pour deux grandes formations politiques qui décident d’occuper à peu près le même espace de l’échiquier politique.
Peu importe le résultat final, cette campagne ontarienne aura servi de laboratoire politique pour les stratèges fédéraux. Il ne reste plus que de les voir en action. Ce qui se produira dans moins d’un an.
REMARQUE : Ce billet est le dernier de Serge Corbeil dans La Source. Pour des raisons professionnelles, il ne pourra plus tenir sa chronique politique. Nous le remercions pour ses sept années de collaboration.