Avant l’élection du PQ en 1976, c’était la Saint-Jean-Baptiste, devenue depuis la Fête nationale, qui donnait le signal du début des vacances à Montréal. Qui se souvient de la rengaine : « Vive les vacances, au diable les pénitences, mettons l’école en feu et les profs dans le milieu » avant qu’elle soit remplacée par le :
« Rum dum dum wa la dou, C’est le temps des vacances… » de Pierre Lalonde ?
À Vancouver, il n’y a pas de défilé de la Saint-Jean ou de la Fête nationale, mais il y a plu-
sieurs autres signes indéniables de l’arrivée de l’été. Les enseignants en grève précipitent ainsi le début anticipé des grandes vacances pour les élèves et forcent l’organisation prématurée des activités estivales par les parents en panique.
Contrairement à la légende urbaine, qui voudrait qu’il n’y ait jamais rien à faire à Vancouver, l’été coïncide aussi avec le coup d’envoi d’une multitude d’activités culturelles et familiales.
Le Festival d’été francophone aura envahi la 7e Avenue pour la 25e année consécutive, pour y administrer en même temps un traitement de choc (des générations) aux résidents du foyer pour personnes âgées situé en face de la Maison de la Francophonie et une bonne dose de nostalgie aux Québécois exilés, qui feront par milliers la fête dans la rue.
Bard on the Beach reprendra aussi pour la 25e année consécutive les grands succès de William Shakespeare à Vanier Park. En 2013, Bard a présenté son programme à près de 90 000 spectateurs. Ils étaient 6 000 en 1990.
Le festival Dragon Boat aura attiré plus 100 000 spectateurs aux courses de plus de 180 embarcations et aux activités culturelles et populaires qui s’y déroulent dans False Creek et au Village Olympique.
Les Vancouverois et les banlieusards seront de plus en plus nombreux à redécouvrir les plages urbaines, dont English Bay, Kitsilano, Jericho, Locarno et Spanish Banks. Les fêtes de famille et les retrouvailles entre amis autour de barbecues seront légion, alors que flottera dans l’air l’odeur estivale des grillades, inspirées d’autant de cultures culinaires qui y seront représentées.
Un peu partout d’autres promeneurs, ne voulant pas tremper le bout de leur pied dans le sable ou la mer, resteront dans leur véhicule, moteur tournant au ralenti, climatisation à fond, pour faire une petite sieste ou pour admirer le paysage… à distance. S’ils possèdent une camionnette, ils rabattront le hayon du plateau, y installeront leur barbecue, déploieront les chaises de plage et passeront l’après-midi sur le bitume du parc de stationnement, à une centaine de mètres du sable et de la mer.
Les policiers municipaux, pendant ce temps, bien en selle sur leurs véhicules tout terrain, patrouillent à marée basse les vastes étendues de sable… Interdit de boire et de fumer !
Les touristes déambulent au centre-ville et sur Robson, avec cet air ébahi et perdu que nous avons tous quand nous sommes touristes, passant devant l’enfilade de commerces dont les portes sont grandes ouvertes, climatisation à fond, pour attirer au frais les clients, qui, autrement fondraient sous la chaleur.
La saison de base-ball des Vancouver Canadians, champions de leur ligue pour trois années consécutives, reprend au stade Nat-Bailey alors que les marchés fermiers retrouvent leurs habitudes à sept endroits de la ville, où en moyenne 18 000 personnes les fréquenteront, injectant plus de sept millions de dollars dans l’économie des petits producteurs. En 1995, lors de la première année, ils étaient en moyenne 1 000 clients par semaine, rapportant à peine 40, 000 $ après une première saison de onze semaines.
Les quelque 500 000 festivaliers mélomanes qui assisteront à un des 300 concerts du Vancouver International Jazz Festival jusqu’au 1er juillet donneront le ton au Folk Festival, du 18 au 20 juillet et les mélomanes ne sauront plus faire la distinction entre le jazz, le folk ou les musiques du monde. « Joan Baez fait partie des invités, pour le plus grand plaisir des hippies nostalgiques ! »
Honda fera feu de tous ses pistons… pour éclairer le ciel de Vancouver des fantaisies pyrotechniques des USA (26 juillet), de la France (30 juillet) et bien entendu du Japon (2 août), sous les regards ébahis de plus de
400 000 spectateurs chaque soir !
Les embouteillages reprendront autour du Stanley Park, alors que les automobilistes feront la queue en émettant des tonnes de carbone dans l’atmosphère, pour bien profiter de la vue sans descendre de voiture.
Enfin, les agents de la GRC se seront installés à l’ombre et bien habillés sous leur auvent à Wreck Beach, pour y garder la paix des amateurs de plein air « au naturel » et assurer leur sécurité, tout en gardant l’œil bien ouvert et le bon… dixit Dupond(t).
Louis de Funès serait fier de ces gendarmes…