Le cinéma comme vecteur de l’identité culturelle juive

Scène du film Des gens qui s’embrassent.

Scène du film Des gens qui s’embrassent.

Du 6 au 13 novembre 2014 se tiendra le 26e festival annuel du film juif de Vancouver (Vancouver Jewish Film Festival). Le Vancouver Jewish Film Centre, organisation à but non lucratif, est à l’initiative de ce projet. Depuis sa création en 1984, le centre VJFC a pour vocation de préserver et de promouvoir la culture, l’héritage, et l‘identité juifs par le biais du cinéma.

Ce festival possède une longue histoire ponctuée de visionnage d’œuvres dans les deux langues officielles du Canada. Le directeur général, Robert Albanese, un Canadien bilingue né et élevé à Montréal, se considère chanceux d’avoir accès à tous ces travaux de qualité et de pouvoir les projeter à Vancouver. Selon lui, le cinéma est « un forum grand public unique afin de discuter des problèmes et à développer notre conscience du monde qui nous entoure ». À plus forte raison quand les films traitent de sujets de société primordiaux. Et au directeur du festival d’ajouter à juste titre que « le cinéma est un élément dynamique et important de notre paysage culturel, il est la forme d’art la plus dominante de notre époque ». Toujours selon lui.

Scène du film À la vie.

Scène du film À la vie.

Quatre films présentés en langue française

Ce ne sont pas moins d’une vingtaine de films qui seront présentés durant ces sept jours de festival. « La France est un lieu important de création de films en relation avec la culture juive » souligne Robert Albanese. Notre attention a été attirée par quatre œuvres projetées en français sous-titré en anglais.

À la vie, réalisé par Jean-Jacques Zilbermann, narre l’histoire de trois femmes, anciennes déportées d’Auschwitz, qui se retrouvent pour la première fois depuis la guerre.

Pour une femme de Diane Kurys raconte l’enquête d’Anne qui, dans les années 80, se replonge dans les années 40 pour lever le voile sur un secret de famille bien gardé.

Le métis de Dieu est inspiré de la vie d’Aron Jean-Marie Lustiger (né en 1926 et mort en 2007), prélat de l’Église catholique romaine qui fut nommé Cardinal par feu le Pape Jean-Paul II. Le réalisateur Ilan Duran Cohen revient sur la vie hors-norme de cet homme, né juif et converti au catholicisme, ayant eu le courage de sa foi dans un contexte sociopolitique tourmenté.

Pour finir, Des gens qui s’embrassent de Danièle Thompson dépeint les conflits entre deux frères que tout sépare. Zef enterre sa femme en même temps que Roni marie sa fille, et entre l’austérité religieuse de l’un et la joie de vivre de l’autre, ces deux événements vont accentuer le choc des univers et agrandir le fossé entre les deux hommes.

« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre »

Cette célèbre phrase de Winston Churchill vient appuyer l’importance du devoir de mémoire. Ce thème fédérateur est retrouvé à différents égards dans la sélection des quatre films francophones.

Pour une femme et À la vie retracent les épopées personnelles des réalisateurs. Le premier est une plongée dans le passé de la réalisatrice, elle cherche à comprendre le contexte après-guerre et le lien que ce dernier a joué dans ses relations familiales. Le second annonce dès le générique être librement inspiré de la vie de la mère du réalisateur. La fidélité de Zilbermann à ses souvenirs est telle qu’il a tenu à ce que ses trois actrices aient la même nationalité que les rescapées d’Auschwitz qu’elles incarnent, à savoir Française (Julie
Depardieu), Canadienne (Suzanne Clément) et Hollandaise (Johanna ter Steege), le tout bercé entre chants traditionnels yiddish et rythmes sixties, représentatifs de cette époque.

Bien évidemment, Le métis de Dieu, hommage relatant la vie remarquable de Monseigneur Lustiger s’inscrit dans cette démarche du souvenir, alors que Des gens qui s’embrassent cherche à dépasser les incompréhensions culturelles avec humour. La famille est d’origine juive ashkénaze (Juifs originaires d’Europe centrale) avec ce que cela implique d’autodérision, et la différence entre l’humour sépharade et ashkénaze, bien que subtile, est restituée avec un réel souci du détail.

L’amour, encore et toujours

Quoi de plus rassembleur que l’amour ? Que cet amour soit celui de Dieu, soit familial ou encore charnel, il possède cette même puissance unificatrice.

À la vie, Pour une femme, Le métis de Dieu sont autant d’hommages à la petite et la grande histoire, Des gens qui s’embrassent est une ode à la tolérance.

Que ce soit par amour du cinéma, par esprit de communauté, ou pour n’importe quelle autre raison, une chose est certaine, tous les spectateurs seront heureux de se retrouver ensemble lors de ce festival cinématographique qui promet de beaux moments de partage.

Vancouver Jewish Film Festival
at Fifth Avenue Cinemas

Du 6 au 13 novembre

Au cinéma Fifth Avenue, 2110 rue Burrard

Séances à partir de 13 $,
tarif spécial étudiant et personnes âgées à 10 $

2 $ d’abonnement annuel à régler en sus, possibilité d’acheter des forfaits pour cinq admissions (55 $) ou pour la totalité du festival (144 $).

 

Agenda

Circle Craft
Christmas MarketDu 11 au 16 novembre

Au Vancouver Convention Centre West, 1055 Canada Place, Vancouver

 Le 40e marché de Noël annuel présentera 260 artisans et artistes canadiens. Entrée à 12 $, tarif spécial étudiant et personnes âgées à 10 $

 

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Jean-Luc Godard.

Jean-Luc Godard.

Jean-Luc Cinéma Godard 2

Les 14 à 16 et 20 novembre ;
7, 10 à 15 et 18 à 20 décembre ;
2 à 5 janvier 2015

À la Cinémathèque, 1131 rue rue Howe, Vancouver

Seconde partie de la grande rétrospective en l’honneur de Godard, projection des œuvres post-1967. Places à 11 $, tarif spécial étudiant et personnes âgées à 9 $
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Exposition Joar Nango

Du 14 novembre au 20 décembre

À la galerie Western Front, 303 8 Ave E, Vancouver

L’artiste et architecte norvégien Joar Nango présente de nouvelles œuvres en réponse à l’évolution du paysage urbain de Vancouver.