Les danseurs de Ballet BC Darren Devaney et Andrew Bartee dans Aura. | Photo par Michael Slobodian
Deux Anglais à Vancouver ! Wood et Harrison. Aux questions où, quand, et comment, il reste difficile de répondre. Mais il est certain qu’ils arrivent et la scène artistique contemporaine de Vancouver les attend avec impatience. Le Ballet BC et la Galerie d’art contemporain (CAG) sont aux premières loges de cette collaboration qui promet de belles surprises. Mais que viennent faire ces deux artistes visuels à l’humour décalé en terre canadienne ? Explications.
Depuis leur première collaboration, en 1993, John Wood et Paul Harrison ne se quittent plus. Leurs travaux visuels mettent en avant des objets, des espaces du quotidien de manière épurée pour en faire ressortir une dimension humoristique et absurde. Ils se mettent en scène dans des vidéos d’après des dessins où le mouvement occupe une place prédominante. Apparaissant comme propulsés dans des univers, ils en révèlent la dimension burlesque, donnant ainsi un caractère humoristique à des environnements familiers. Pour Emily Molnar, directrice artistique de Ballet BC, « ils ont leur propre univers, leur propre manière de créer des moments, des images, d’utiliser l’espace ». Leur travail est émotionnel, singulier, offrant de la fraîcheur à la scène artistique contemporaine.
Nigel Prince, directeur de la Contemporary Art Gallery (CAG), a cherché une idée forte pour les faire venir à Vancouver au sein d’une collaboration artistique, après un coup de cœur il y a trois ans. Jill Henderson, chargée de communication à la CAG, dit qu’ « ils n’ont pas vraiment le profil de danseurs, mais leur impact est immédiat ! Il y a une connexion avec la danse, c’est une suite logique dans leur démarche. » Pour la première fois, ils seront à la tête d’une collaboration mêlant danse, arts visuels et performance en direct.
Un défi artistique
Après de nombreuses discussions, Emily et Nigel trouvent évident de collaborer sur un projet commun avec Wood et Harrison comme partenaire central. « Nous voulions quelque chose de novateur dans le développement d’un partenariat », dit Emily. Pour Nigel , « il y a des choses que nous partageons avec eux, un langage commun. Un travail multidisciplinaire offre à chacun de nouvelles perspectives, et permet de développer quelque chose ensemble dynamisant les processus des uns et des autres. » Malgré les similitudes, l’enjeu est de voir comment les savoirs peuvent se partager tout en créant ensemble. Une réelle occasion artistique !
Enthousiasmés, Wood et Harrison ont accepté de mêler leur art à la danse. Une collaboration entre trois institutions aux perspectives différentes s’articulera en trois temps. En avril, une direction et les bases artistiques du projet seront posées ; en octobre, un moment sera alloué aux répétitions et aux ateliers ; puis, début 2016, une représentation sur scène de ce travail sur le mouvement sera présentée, suivi d’une tournée. Wood et Harrison et les 18 danseurs de Ballet BC vont créer une entité contemporaine singulière alliant chorégraphies, costumes, décors. Comme le souligne Emily, « c’est un vrai défi, nous n’avons encore aucune idée de la forme que les choses vont prendre, mais je suis très excitée à l’idée de collaborer, j’aime leur humour, il y a de l’humanité. »
Une démarche participative
Un autre aspect intéressant du projet est le fait que chacun peut y participer par donation, le minimum étant fixé à dix dollars. Ainsi, chaque donateur pourra suivre l’évolution du projet jusqu’à son aboutissement. Vingt-cinq mille dollars doivent être récoltés d’ici le 16 janvier 2015 pour la première étape du projet. D’après Jill Henderson : « c’est une occasion pour les gens de s’impliquer dans un projet artistique, de voir tout le processus de création et de collaboration ». Le but est également de toucher un public plus large et pas forcément familier avec l’art contemporain.
Le partenariat développé entre la CAG, le Ballet BC et des artistes permet d’ouvrir des portes. « Cela crée une plateforme, un dynamisme, ouvre la voix à d’autres possibilités pour le futur. Cela élargit le public et le cercle des mécènes pour continuer avec eux ensuite », souligne Jill. Un dynamisme dont les artistes Wood et Harrison sont la locomotive. Et une démarche participative qui permet à ceux qui le souhaitent de passer la tête derrière le rideau pour voir ce qui s’y passe. Histoire à suivre !
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