Les amateurs de films pourront de nouveau compter cette année sur les Rendez-vous du cinéma québécois et francophone de Vancouver pour s’offrir un moment de détente, d’évasion et de réflexion. Organisée par Vision Ouest Productions, la 21e édition se tiendra du 6 au 15 février, principalement à SFU Woodwards, avec toujours pour objectif de faire découvrir un cinéma différent de celui habituellement proposé en Colombie-Britannique et partout ailleurs au Canada.
Hors festivals, les occasions de voir des films au ton singulier se font assez rares en Colombie-Britannique où l’influence du cinéma américain reste largement dominante, empêchant du même coup un certain manque de diversité. Une situation qui affecte forcément le cinéma canadien dans son ensemble comme en atteste Régis Painchaud, directeur de Vision Ouest Productions : « Cette année, seulement 7% des billets de cinéma vendus au Canada l’ont été pour voir des films canadiens. C’est assez désastreux. Les écoles canadiennes de langue anglaise apprennent essentiellement à leurs étudiants à faire des films que je qualifierais d’américains. Du côté francophone, il faut noter que pas moins de 7 réalisateurs québécois ont choisi cette année de travailler en anglais en se rendant notamment à Hollywood où ils bénéficient bien évidemment de moyens plus importants. » Heureusement, un certain renouvellement semble être en marche, notamment au Québec où l’attachement à la culture et à la langue française reste essentiel, y compris dans le milieu du cinéma. L’effet Xavier Dolan ? Le succès retentissant de Mommy, dernier film du jeune réalisateur québécois, porte en effet l’étendard. « Il a une personnalité extraordinaire et réinvente le cinéma. C’est un nouveau point de référence pour une nouvelle génération très talentueuse », s’enthousiasme Régis Painchaud. Forcément une bonne nouvelle pour le cinéma francophone dans son ensemble. Un cinéma divers issu de plusieurs continents et qui, au-delà de la langue, semble aussi partager des valeurs communes. « J’aime la nuance avec laquelle les différents sujets y sont abordés. J’ai l’impression que le cinéma francophone touche de près aux émotions, au cérébral, en définitive à l’humain, » avance Régis Painchaud. Une orientation qui sera de nouveau bien présente dans le festival de cette année.
Choix varié et période étendue
Des films populaires et plus confidentiels sont au programme de ces nouveaux Rendez-vous du cinéma. Parmi la quarantaine d’œuvres proposées, citons notamment Qu’est-ce-qu’on a fait au Bon Dieu ?, film le plus vu dans les salles françaises, espagnoles et allemandes en 2014. La comédie réunit à l’écran Christian Clavier et Chantal Lauby qui incarnent Claude et Marie, parents plutôt « catholiques vieille France » qui doivent progressivement faire preuve d’ouverture d’esprit, leurs filles ayant épousé des hommes de religions et de cultures différentes. Moins drôle mais non moins touchant, L’amour au temps de la guerre civile, du réalisateur québécois Rodrigue Jean imagine l’histoire d’Alex, jeune toxico en quête d’absolu qui se prostitue dans le quartier Centre-Sud de Montréal. Autour de lui gravitent d’autres personnages tous pris dans une même spirale de compulsion, otages d’une société qui les exclut et les enferme dans une implacable logique marchande. Dans le cadre du Mois des noirs, relevons aussi la présence du film sénégalais Des Étoiles qui revient sur les destins croisés de Sophie, Abdoulaye et Thierno entre Dakar, New-York et Turin. Le long métrage documentaire Les États inventés d’Amérique revient quant à lui sur l’œuvre photographique de Pierre Guimond. Le photographe canadien avait en effet entrepris en l’an 2000 d’explorer les États-Unis. Sur une période de 10 années, il réalisera plus de 18 000 photographies. Cette riche collection d’images a servi de base aux photomontages de ce film, qui pose un regard unique sur les États-Unis et fait une subtile critique sociale de sa grandeur et de sa déchéance. « Cette envie de faire la part belle à l’image et au documentaire témoigne de l’orientation future que nous souhaitons donner à notre festival », précise Régis Painchaud. Une orientation qui peut d’ores et déjà s’appuyer sur de nouveaux partenariats établis avec le Bureau des affaires francophones et francophiles (BAFF) et avec le Centre de la francophonie de UBC. Des ententes qui permettront notamment de projeter une dizaine de films supplémentaires au mois de mars, hors période de festival. Une manière de prolonger le plaisir.
Les 21e Rendez-vous du cinéma québécois et francophone
Du 6 au 15 février 2015,
à l’auditorium Jules Verne,
à SFU Woodward,
à Winterruption Improv Centre,
et à l’Alliance française