Vancouver attire des gens de différentes cultures, ce qui influence avec certitude leur manière d’être. Originaire de la Russie, je considère la grande métropole du Pacifique comme étant un endroit de communion parce que Vancouver permet à ses citoyens de cultures diverses de vivre et de travailler ensemble en paix. Mon pays d’origine, la Russie, compte plus de 100 nationalités et ces différences culturelles provoquent malheureusement plusieurs conflits qui empoisonnent l’existence des natifs du pays et celle de ses nouveaux arrivants en quête d’emploi ou d’une vie meilleure.
En observant les relations entre les divers peuples en Russie, je constate la méfiance et la tension. Les gens là-bas perçoivent les nouveaux arrivants comme d’éventuels rivaux qui pourraient leur enlever leurs acquis. A cause de la situation économique instable, chacun défend ses acquis et plusieurs considèrent l’agressivité comme étant la meilleure façon d’agir. Ils blâment les nouveaux arrivants de s’approprier emplois et territoires. Ces nouveaux arrivants, pour leur part, se regroupent dans leurs communautés respectives pour se protéger de ces attaques. Du coup, il se crée deux communautés qui s’opposent. Elles ne s’écoutent pas et il y a peu d’échanges culturels. Cette situation sévit non seulement dans les grandes villes telles que Moscou ou Saint-Petersbourg, mais aussi dans ma ville natale qui ne compte que 150 000 âmes. Il est triste de témoigner d’une relation si tendue surtout quand on voyage ailleurs dans d’autres pays qui ont, eux, résolu ces problèmes, du moins de façon partielle. Ce sont des endroits où les gens de cultures variées se côtoient et développent une relation durable. Pour moi Vancouver ressemble à ces derniers.
Je ne prétends pas que les conflits n’existent pas ou qu’il n’y a pas de mésentente entre les communautés de cultures différentes à Vancouver, mais très certainement les gens ont, ici, l’occasion de s’exprimer plus que nulle part ailleurs. Ces gens ne sont pas perçus comme étranges, leurs traditions ne suscitent pas l’incompréhension. Pour ce qui me concerne, je rencontre des personnes ouvertes et intéressées par ma culture d’origine. Probablement grâce au fait que j’ai passé une bonne partie de mon séjour ici au collège international où plus de 50 nationalités se rassemblent. Un tel environnement élargit l’esprit et est propice à la tolérance des différences, même si le collège ne représente qu’une infime partie de la ville de Vancouver. Pour ceux qui ont vécu la majorité de leur existence parmi des gens d’une même culture, il peut être frustrant ou même effrayant de s’éloigner de ce qu’on connaît. Durant mes trois ans à Vancouver j’ai fait face à des situations où différentes cultures se sont entrechoquées, menant au conflit. C’est particulièrement évident lorsque les gens doivent partager le même espace. Parfois, il peut arriver qu’il y ait une réticence à accepter des opinions différentes, ce qui crée un gouffre entre les communautés et rend les négociations presque impossibles.
Néanmoins je trouve beaucoup plus facile de vivre ici dans la diversité, que chez moi, en Russie. Je suppose qu’ici les gens ne gaspillent pas autant d’énergie à défendre leur identité et leurs préférences culturelles. Cet environnement peut donc être un champ fertile pour se développer et bâtir sa vie selon ses désirs. On ne sera peut-être pas d’accord avec moi, on proclamera que certaines cultures restent opprimées et qu’il reste beaucoup de travail à faire pour en arriver à une société plus juste. Pour ma part, je suis certaine que ces gens n’ont jamais vécu une réelle oppression. S’ils visitaient des régions où la répression prévaut, ils en reviendraient reconnaissants de la chance qu’ils ont de vivre à Vancouver.
Traduction Barry Brisebois