A l’occasion du festival Chutzpah ! qui se déroulera à Vancouver du 19 février au 15 mars, le groupe de musique français Les Yeux Noirs vient présenter au public sa musique atypique au carrefour de plusieurs genres musicaux, entre rock et musique tzigane. Une invitation au voyage en compagnie des nomades parcourant l’Europe de l’Est.
Si vous demandez à Olivier et Eric Slabiak, les deux frères violonistes qui ont créé le groupe Les Yeux Noirs il y a plus de 20 ans, comment ils décriraient leur musique, ils vous répondront qu’elle se veut être tzigano-rock et yiddish-pop. Pour les profanes musicaux, cette explication laisse plus de questions que de véritables réponses. Est-ce possible de combiner chacun de ces genres musicaux pour n’en faire plus qu’un ? Et créer ainsi une musique avec une vraie identité et une véritable sonorité ? C’est sur ces questions que la musique du groupe s’est bâtie, lui permettant ainsi d’explorer l’ensemble des héritages musicaux de différentes cultures. « Nous cherchons sans cesse à faire évoluer nos arrangements, explique Olivier Slabiak, un des deux frères fondateurs du groupe. Nous y apportons de nouvelles sonorités et de nouveaux rythmes, en essayant de les détourner de leur chemin traditionnel. »
Un héritage familial
Depuis 1992, Les Yeux Noirs font découvrir au public la musique tzigane et yiddish. Titulaires d’un premier prix du Conservatoire Royal de Bruxelles, les frères Slabiak ont commencé leurs carrières en courant les différents cabarets et restaurants qui jouaient de la musique d’Europe de l’Est. Cette expérience leur permettra d’apprendre le métier et d’étoffer leur répertoire musical tzigane et yiddish grâce également à leurs oncles, eux-mêmes musiciens, qui leur ont communiqué leur passion pour le genre. Charlie, le contrebassiste, a accompagné le maître du jazz manouche, Django Reinhardt, et Léo, le violoniste, a longtemps joué pour Joseph Reinhardt au sein du célèbre Hot Club de France. Mais accompagnant leurs violons, Olivier et Eric font également revivre la voix de leur grand-mère, chanteuse de musique yiddish, qui a bercé leur enfance. « Nous voulons transmettre et tisser des liens avec le passé et aujourd’hui, explique Olivier. Faire se rencontrer la voix de notre grand-mère et les guitares de Radiohead. » Les deux frères partagent ainsi leurs souvenirs familiaux avec le public en compagnie d’autres musiciens venant tous d’horizons musicaux différents. Depuis leur premier album sorti en septembre 1992, Les Yeux Noirs se sont produits sur les plus grandes scènes parisiennes, de l’Olympia au Palais des Congrès, mais également dans le monde entier. En 19 ans de carrière, ils ont donné plus de 1 300 concerts sur les 5 continents et ont été invités dans les salles les plus prestigieuses, à l’Opéra de Sydney ou encore au Symphony Space de New York.
Réinventer le langage musical
Cette musique que le groupe propose vient du fond des âges, portée par les nomades tziganes allant de village en village, racontant leurs histoires avec leurs violons. Elle est pour eux un langage universel dont les mots sont des sons qui transmettent des émotions. Les Yeux Noirs nous font, à leur tour, découvrir ce répertoire remis au goût du jour, proposant ainsi une musique qui évolue sans cesse. « Nous faisons un voyage à travers l’Europe de l’Est. Nous avons beaucoup écouté toutes ces musiques et y avons trouvé un lien évident. Une énergie et une nostalgie communes. Nous sillonnons en musique ces pays traversés par les juifs et les tziganes ». Enivrante et rafraîchissante, cette musique, influencée par une multitude d’artistes, nourrit leur répertoire, lui donnant une énergie et une couleur nouvelles.
En arrivant à Vancouver, on ne peut s’empêcher de penser que leur musique trouvera ici un écho particulier. A l’instar du groupe, la ville s’est également construite grâce à l’apport de différentes cultures jusqu’à ce qu’elle crée sa propre identité. Ainsi, comme en un clin d’œil, les Vancouvérois avaient superbement accueilli le groupe lors de sa dernière venue à l’occasion de l’édition 2010 du festival Chutzpah ! « C’est la troisième fois que nous venons jouer à Vancouver et nous y éprouvons toujours autant de plaisir, confirme Olivier Slabiak. C’est toujours très agréable quand on découvre un endroit, mais quand on est réinvité, l’émotion est encore plus forte, il faut proposer de nouveaux trucs, se renouveler. Et puis c’est toujours très émouvant de retrouver des gens et d’avoir du plaisir à se revoir. Nous avons hâte ! »