Plus la période référendaire approche, plus la question se pose…difficilement et plus la réponse semble pouvoir être inquiétante ! Il y a à peine quelques semaines, plusieurs observateurs semblaient dire que de poser la question était y répondre et que la seule réponse possible se devait d’être un OUI retentissant. Les sondeurs semblaient approuver. Mais depuis les lancements des campagnes du Oui et du Non, avec en tête respectivement Gregor Robertson, maire de Vancouver et Jordan Bateman, directeur de la Canadian Taxpayers Federation, rien n’est moins sûr.
Ce à quoi nous assistons depuis le début du cirque référendaire se résume à un jeu de coquilles politique d’un cynisme désolant.
Puisque madame Clark s’est engagée à ne pas augmenter les taxes ou les impôts, ni à en instituer de nouveaux, la tenue du référendum fait tout de suite passer la responsabilité fiscale de ces dépenses importantes aux prochains niveaux de gouvernement, soit les conseils municipaux. Les 21 maires des municipalités qui composent la grande région de Vancouver se sont donc entendus sur un ensemble de projets de 7,5 milliards de dollars pour de nouveaux trains de banlieue à Surrey, un nouveau métro pour le couloir Commercial-Arbutus sous Broadway, un autre SeaBus, de nouveaux bus et un nouveau Pont Pattullo, en plus de maintenir et de développer le réseau routier de la grande région, pour que le réseau soit en mesure d’accueillir et de desservir le million de nouveaux citoyens qui viendront s’installer dans la région au cours des trente prochaines années. D’où la proposition des maires de payer en partie pour ces dépenses par une augmentation de 0,5% de la taxe de vente.
Bien sûr, c’est la solution la plus simple en terme de logistique et de gestion fiscale; une taxe ciblée perçue pour la grande région de Vancouver par le gouvernement provincial, au lieu d’avoir 21 municipalités qui tentent d’ajuster leurs impôts fonciers pour couvrir chacune leur portion. Ce serait l’enfer !
Mais pourquoi tout simplement ne pas avoir fait comme pour le pont Port Mann et comme on le fera pour le nouveau tunnel Massey ? Soit décider de procéder… ce pour quoi on élit les gouvernements. Voilà qui aurait été plus simple et plus efficace, si ce n’eût été de l’absolu manque de confiance de la population envers Translink, création provinciale qui n’a cessé d’empiler maladresses sur incompétence administrative flagrante. Des exemples? Le système de cartes à puce COMPASS qui devait simplifier le paiement électronique, calculer automatiquement la distance parcourue par les voyageurs et éviter les resquilleurs avec l’installation des guichets électroniques devait coûter 100 millions selon Gordon Campbell et être fonctionnel en 2010, en fait 2012, ou mieux 2013, promis sans faute en 2014… nous sommes en 2015 ! Le projet a depuis longtemps dépassé son budget revu à la hausse de 170 $ millions, bien au-delà des 200 $
millions à ce jour et toujours rien ne marche.
Ensuite, trois défaillances majeures du système qui ont laissé en plan des milliers de passagers en transit, sans beaucoup d’explication. Et enfin, sentant donc la soupe chaude et le manque de confiance dans sa haute direction, le conseil d’administration de Translink décide d’écarter Ian Jarvis, son p.-d.g. actuel, dans le but de redonner confiance aux citoyens et ainsi les inciter à voter OUI et par le fait même confier à Translink la gestion du fruit du 0,5% d’augmentation de la taxe de vente, soit près de 280 millions de plus par année. Et pour bonne mesure, le même conseil nomme Doug Allen pour le remplacer par intérim pendant 6 mois, au coût de 35 000 $ par mois ! Pendant que monsieur Jarvis, écarté sur la voie de service, devient conseiller spécial à son remplaçant par intérim tout en encaissant son salaire de base de plus de 400 000 $ par année ! De quoi redonner confiance à n’importe qui ! Qui dit mieux ? Un p.-d.g. au prix de deux !
Vous aussi, vous avez confiance ? Voilà le drame de cette tragédie grecque ! Il faut moderniser et développer le système actuel pour répondre à tous les besoins croissants qui s’en viennent. Tout le monde est d’accord là-dessus et là où l’on aurait pu croire que le OUI l’emporterait, la tiède campagne du OUI et la bourde énorme que le conseil de Translink vient de faire, viennent sans doute de couler le processus.
Faudra attendre quelques années avant que le tout revienne à la surface.
Voter oui ? Sans doute la prochaine fois ! Cette fois c’est loin d’être certain.