Ce que je ressens après avoir vécu peu de temps à Vancouver, me mène à croire qu’il y existe un paradoxe culturel, à la fois compréhensible et problématique, aussi subtil que puissant. Vancouver est reconnue comme étant un lieu de diversité culturelle, une ville riche en choix et possibilités. À mon arrivée de la ville florissante de Calgary, cet aspect m’était capital, comme il l’est pour beaucoup d’autres.
Bien que n’ayant passé que peu de temps à Vancouver je n’ai pas été déçue par la diversité qu’offre la ville. Il y a peu de doute que presque tous, peu importe leur culture, peuvent y trouver leur place ainsi qu’une communauté qui partage les mêmes valeurs. Pour de nombreuses personnes cela peut s’avérer inestimable. Je comprends maintenant pourquoi Vancouver mérite si bien son titre d’être une des villes les plus multiculturelles du pays. On y retrouve de tout et trouve réponse à ses moindres comme à ses plus grandes questions, qu’il s’agisse de restaurants – il y en a pour tous les goûts – ou de groupes encourageant l’unité religieuse ou culturelle, ou encore de débouchés pour l’activisme politique et social.
Tout en étant consciente de la diversité de la ville, je demeure déconcertée par le gouffre flagrant qui existe entre les communautés, surtout du côté socio-économique, que je connais personnellement.
Je travaille à Gastown et sers un grand nombre de clients tous les jours. Gastown surplombe la frontière officieuse mais visible qui sépare East Hastings de la zone historique et branchée du centre-ville sur West Hastings. Les gens des deux quartiers, grandement divisés dans leur quotidien, leur statut social et économique, leur aspect, se retrouvent dans mon lieu de travail pour profiter d’un même service.
East Hastings est à éviter, m’a-t-on prévenue lorsque je mentionnais mon départ pour la ville. Cela a alimenté une curiosité presque craintive en moi. Même si je ne peux prétendre bien comprendre la communauté d’East Hastings, la différence entre les deux bouts de la rue est frappante. Il est intéressant d’observer au travail la dynamique des gens de chaque « bout » lorsqu’ils interagissent. Le regard que les gens « normaux » jettent sur les gens d’East Hastings, la manière sceptique et condescendante de les considérer et la stigmatisation sociale qui les entoure, tout cela me fournit un exemple de l’écart qui existe entre ces populations. Les gens qui souffrent de problèmes de santé mentale ou de pauvreté, les divers groupes culturels, les jeunes étudiants et les riches professionnels ont tous des intérêts contradictoires et ce dans ce même espace restreint qui nous entoure.
Bien que l’on puisse comprendre que de grandes différences économiques, culturelles et sociales puissent empoisonner les diverses communautés de Vancouver il y aurait, à mon avis, moyen de générer et prise de conscience et unité.
Selon les Vancouvérois, chaque quartier de la ville reflète le caractère de ses habitants. Ainsi on retrouverait les « yuppies » à Yaletown, jamais sans leur chien; bon nombre d’Indiens et de Pendjabis se regroupent à Surrey; les Asiatiques migrent vers Richmond et les passionnés de la santé se retrouvent à Kitsilano. Ce ne sont que quelques exemples de quartiers définis par les groupes sociaux et culturels qui y vivent.
Plus j’y passe de temps, plus je pense que Vancouver possède tous les atouts pour devenir une ville plus unifiée qu’elle ne l’est à présent. Le paradoxe réside dans l’ambiance « ensemble, mais chacun de son côté » qu’on retrouve dans les rues de la ville. Il n’y a aucun doute que tous peuvent y trouver leur place ou leur communauté mais les écarts entre ces communautés demeurent et les interactions sociales sont encore à explorer. On ne peut nier que la ville soit sur la bonne voie et reconnue, à juste titre, pour sa diversité. Cela dit j’espère voir naître une meilleure volonté de créer un Vancouver plus cohésif et informé.
Traduction Barry Brisebois