Ça y est ! Les feuilles des arbres changent de couleurs, hissant au plus haut leur pavillon automnal. L’été s’évapore peu à peu et laisse place à l’organisation, à la préparation d’une rentrée en français où chaque acteur s’active pour l’accueil des élèves. Avec deux des principaux organismes à l’oeuvre en Colombie-Britannique, le Conseil scolaire francophone (CSF) et Canadian Parents for French (CPF), La Source fait le point sur les enjeux.
Mais, puisque la rentrée pique aussi l’imaginaire collectif, nous avons pris plaisir, à la manière du Petit Poucet de Charles Perrault, à semer quelques petits cailloux tout au long de ce numéro, qui en composent la « métaphore filée ». Cette rentrée, nos collaborateurs la déclinent donc aussi « au tableau » avec la représentation des enfants dans la peinture du 19e siècle, à la craie au Chalk Art Festival de Victoria, ou encore en « belles lettres » à la bibliothèque de Richmond, qui vient d’ajouter 350 livres en français à nos « cartables numériques ».
Tous les chemins mènent à l’école
Ce sont plus de 5 300 élèves et étudiants originaires d’une soixantaine de cultures qui s’apprêtent à rejoindre les classes de la maternelle à la 12e année des 37 écoles – dont 24 homogènes – du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF). Avec plus de 900 personnes à son emploi desservant une centaine de communautés réparties dans toute la province, on imagine aisément le défi que la rentrée représente, en termes de moyens et de ressources.
Pourtant, selon Pascale Cyr, responsable de la communication au CSF, le retour en classe devrait se faire dans le calme : il y a suffisamment d’enseignants à sa connaissance et la contestation juridique en cours, dont nous vous avons parlé à plusieurs reprises dans les colonnes de La Source, n’a pas eu d’effet sur les inscriptions. On pourrait même se risquer à un soupçon d’optimisme, puisque le nombre d’élèves du réseau du CSF est en croissance et qu’une nouvelle annexe voit le jour à l’école Victor Brodeur, à Esquimalt, lieu d’éducation publique francophone depuis 1985. En dehors des suites de la polémique estivale avec des membres du conseil consultatif de parents de l’école des Pionniers-de-Maillardville, à Port Coquitlam, mécontents que la garderie Les Petits Pionniers ait emménagé dans le bâtiment principal et que les élèves de 6e année se voient du coup « déménagés » dans des structures portatives acquises au prix de 350 000 $, la rentrée s’annonce plutôt studieuse.
Besoin de vocations en immersion
Du côté de Canadian Parents for French (CPF), qui se préoccupe essentiellement des programmes de français langue seconde et des programmes d’immersion, on ne baisse pas la garde. Le recrutement et la formation des enseignants ainsi que l’amélioration de la planification à long terme et de l’accessibilité sont les principaux enjeux.
Pour Patti Holm, présidente du conseil d’administration de Canadian Parents for French – BC and Yukon, les districts scolaires « travaillent dur pour recruter des professeurs bilingues à même d’enseigner le français langue seconde » et la recherche d’enseignants d’immersion en français est un défi de tous les instants. « Pour certaines matières enseignées au niveau secondaire comme les maths ou les sciences, il peut être très difficile de trouver des professeurs qualifiés », souligne Patti Holm. Dans ce contexte, les bâtons dans les roues semblent particulièrement malvenus : « Nous sommes déçus que certains professeurs bilingues venus de France, qui enseignaient ici avec des visas spéciaux, n’aient pas été autorisés à renouveler leurs visas et à rester plus longtemps », confient en choeur Patti Holm et sa vice-présidente, Diane Tijman. Cet été, le CPF a d’ailleurs attiré l’attention des médias et de Citoyenneté et Immigration Canada sur cette question.
Au chapitre de l’accessibilité, le CPF se félicite de l’ouverture d’un second site d’immersion en français au Yukon, qui double ainsi la capacité d’accueil à la maternelle, mais regrette que d’autres districts scolaires manquent de vision à long terme et ne fournissent pas suffisamment d’espaces pour ces programmes d’immersion, alors que la demande augmente. Patti Holm et Diane Tijman le soulignent : « Les enfants ne devraient pas faire l’objet d’une loterie pour accéder à un programme en français, qui est l’une des langues officielles du Canada. Tous les parents qui souhaitent que leurs enfants soient bilingues devraient pouvoir les inscrire en immersion. » Quant aux instituteurs en devenir, « il est important qu’ils prennent conscience qu’il est tout à leur avantage de maintenir et d’améliorer leur aisance en français, car en Colombie-Britannique et au Yukon, il est beaucoup plus facile de trouver un poste d’enseignant en français qu’un poste d’enseignant en anglais… » À bon entendeur !