On pensait le café solidement ancré dans le cœur des Vancouvérois. Le petit noir est en passe de se faire détrôner par le thé jugé meilleur pour la santé et considéré comme une boisson raffinée. Del Tamborini, la cofondatrice et directrice du Vancouver Tea Festival – qui connaîtra cette année sa 2e édition –, nous en dit plus.
La Source : Pensez-vous qu’il y a une tradition du thé à Vancouver ?
Del Tamborini : Oui et non. Dès son origine, Vancouver a été le foyer de divers groupes ethniques et culturels pour qui le thé fait partie de la vie quotidienne. Je pense aux Anglais et aux Asiatiques, pour ne citer qu’eux. Jusqu’à récemment, le thé est resté confiné à ces groupes, alors qu’il était facile de s’en procurer. Pendant longtemps, la population l’a perçu comme une boisson utilitaire sans intérêt. La culture du thé en tant que telle était peu répandue. Mais tout cela a commencé à changer au cours des dernières décennies. Et ce, en raison d’un certain nombre de facteurs convergents.
L. S. : Lesquels ?
D. T. : Notons parmi eux une immigration sans cesse plus forte en provenance des pays asiatiques, une sensibilisation accrue à l’étonnante et large variété de thés produits et l’essor d’un mode de vie sain dans lequel le thé occupe une bien meilleure place que le café. Nos préférences alimentaires se sont également sophistiquées. Le thé est davantage associé au raffinement. Il n’y a jamais eu de moment plus excitant qu’aujourd’hui pour être un buveur de thé à Vancouver. Cela dit, il reste encore un long chemin à parcourir. Notre culture du thé est présentement au point où celle du vin ou du café se trouvait il y a 15 à 20 ans. Heureusement, j’ai le sentiment que ce retard sera vite comblé.
L. S. : Selon vous, les Vancouvérois sont-ils plutôt des amateurs de café ou de thé ?
D. T. : Ici, le café prédomine encore, mais le thé s’impose. Comme cela est arrivé avec le café dans les années passées, les thés de haute qualité sont de plus en plus disponibles ; les variétés commercialisées sont plus nombreuses. Ce qui fait effet boule de neige : parce que les gens consomment de meilleurs thés et ont plus de choix, ils en boivent plus et donc en demandent plus. Je le disais, les Vancouvérois se montrent soucieux de leur santé. Ils sont donc attentifs aux vertus de cette boisson. Qui plus est, être un amateur de café ne signifie pas ne pas apprécier le thé et réciproquement. Les deux peuvent parfaitement cohabiter.
L. S. : Le Vancouver Tea Festival revient cette année, à quoi peut-on s’attendre ?
D. T. : Il se déroulera le samedi, 21 novembre au Centre culturel croate* à East Vancouver. Ce sera la deuxième édition, après une première en 2013. Nous avons dû annuler celle de 2014 parce que nous n’avons pas réussi à trouver un lieu approprié, abordable et disponible au moment où nous en avions besoin. Notre objectif cette année demeure le même : nous souhaitons proposer une célébration du thé sous toutes ses formes, et qui soit ouverte à tous. C’est aussi l’occasion pour les consommateurs de rencontrer des producteurs locaux. Notre premier rendez-vous a attiré 3 500 visiteurs environ. Une belle fréquentation! Nous en attendons autant, si ce n’est plus, cette année.
*Croatian Cultural Center,
3250 Commercial Drive.
Du thé cultivé sur l’île de Vancouver
Margit Nellemann et Victor Vesely se définissent comme des artistes du thé. À force de persévérance, ils ont réussi leur pari fou : faire pousser du thé sur l’île de Vancouver où ils sont installés depuis 2003. Dans la vallée de Cowichan précisément.
La mise en terre de leurs 200 plants de Camellia sinensis achetés dans une pépinière américaine remonte à 2010. Il leur a fallu patienter cinq ans avant de faire leur première récolte.
« Offrir un vrai thé 100% canadien est une expérience terriblement excitante. Ma femme et moi n’étions pas expérimentés. Nous avons appris par nous même. Mais ce ne fut pas sans mal. Entre des hivers rigoureux et des étés très secs, il nous a fallu surmonter les caprices de dame nature. Des cerfs nous ont ravagé nos champs aussi. Cela nous a causé beaucoup de dégâts », raconte Victor Vesely.
Après moult tests dans leur grange avec un poêle à bois, ils proposeront cette année trois variétés : du thé blanc, du Oolang et du thé vert. Le fruit de leur récolte est commercialisé au détail dans leur salon de thé basé sur leur exploitation. Le bouche à oreille est des plus positifs, au point que le couple a déjà établi une liste d’attente.
Margit Nellemann et Victor Vesely ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin et poursuivent l’essor de leur ferme en vue d’une production à grande échelle. En ce moment, 600 plants poussent sur leurs terres. À terme, ils aimeraient en cultiver plusieurs milliers.
Renseignements au
250 748-3811 ou via le site internet
www.teafarm.ca