Le nombre de touristes chinois en Europe augmente de façon impressionnante d’année en année. Il n’y a pas si longtemps, il s’agissait souvent de gens qui quittaient l’Asie pour la première fois de leur vie et qui se contentaient de voyages organisés qui s’efforçaient de leur montrer un maximum de choses en un minimum de temps. Ces néophytes du voyage faisaient parfois l’objet de moquerie de la part des bobos mondialisés qui regardaient ces nouveaux riches avec un brin de condescendance.
Si ces adeptes du voyage organisé sont encore bien présents, de récentes enquêtes de marketing touristique démontrent tout de même que les deux tiers des Chinois qui voyagent en dehors de leur pays préfèrent voyager seuls ou en couple. Cela m’a surpris car j’aurais pensé que la barrière de la langue aurait suffi à dissuader les Chinois qui n’ont pas une bonne maîtrise d’au moins une langue européenne. Un voyageur originaire de Singapour (qui, bien sûr, parlait très bien anglais) m’a expliqué que même les jeunes Chinois qui ne parlent pas de langues étrangères peuvent maintenant voyager facilement à travers l’Europe en utilisant les programmes informatiques de traduction orale et les informations touristiques détaillées accessibles sur la toile. Mais surtout, a-t-il ajouté, il y a tellement d’Européens d’origine chinoise qu’ils trouvent facilement quelqu’un qui parle leur langue.
Cette dernière affirmation m’a plutôt surpris. Mais il est vrai qu’après tant d’années à Vancouver où les habitants originaires d’Extrême-Orient sont si nombreux, les Asiatiques font partie de mon décor au point que je ne les remarque plus. Ayant lu qu’il y avait maintenant près de trois millions de Chinois qui vivent en Europe, je m’efforce d’y faire un peu plus attention quand je retourne sur le vieux continent. C’est en France qu’ils sont le plus nombreux. Il y aurait entre six cents et huit cent mille chinois en France. Les chiffres ne sont pas précis car la France interdit le recensement ethnique. Il existe cependant des statistiques concernant la citoyenneté des immigrants et des études sociologiques qui parviennent à combler quelques lacunes. Il est à noter qu’en France, il s’agit souvent de gens qui sont ethniquement d’origine chinoise mais qui sont venus du Vietnam, du Cambodge ou du Laos. Il y a des quartiers chinois (que les Français appellent les chinatowns) à Paris mais aussi à Lille, à Lyon et à Toulouse. Les premières vagues d’immigration chinoise en Europe découlaient des liens tissés par le passé colonial des différents pays européens. Ainsi, les immigrants d’origine chinoise qui se sont établis aux Pays-Bas sont souvent venus d’Indonésie ou du Surinam. Les quelque dix mille chinois établis au Portugal viennent surtout de Macao. Ceux de Grande-Bretagne viennent principalement de Hong-Kong, de la Malaisie ou de Singapour.
Mais plus récemment, ils viennent directement de Chine et se sont établis un peu partout en Europe, notamment en Italie et en Espagne. La plupart d’entre eux ne se cantonnent plus dans les chinatowns mais se répandent partout dans leurs pays d’accueil.
Lors de récents voyages en Europe, j’en ai rencontré qui tenaient des magasins en Sicile, des hôtels à Istanbul, des cafés typiquement italiens à Milan, des bistrots en banlieue parisienne, des magasins à Gibraltar, des boutiques de souvenirs en Espagne, sans compter ceux qui sont médecins ou dentistes en Angleterre. S’ils sont plus souvent commerçants et particulièrement présents dans le secteur touristique et la restauration, il est probable que leurs enfants intégreront d’autres professions. Des communautés chinoises se sont établies ces dernières années dans des pays européens qui n’attirent généralement pas beaucoup d’immigrants, comme la Serbie, la Hongrie ou la Pologne. Même l’Islande compte maintenant quelques centaines de Chinois.
Effectivement, pour les touristes chinois, voyager en Europe devient de plus en plus facile.