Sur le site Expedia, un touriste américain se plaint de son escale à Fort de France effectuée lors d’une croisière dans les Antilles. Il a adoré ses visites dans les Antilles anglophones où tout le monde parlait sa langue et où l’on pouvait payer en dollars. Mais arrivé dans les Antilles françaises il a été outré de constater que « même les panneaux étaient en français », que des chauffeurs de taxi « prétendaient ne pas comprendre l’anglais » et que les commerçants préféraient être payés en euros plutôt qu’en dollars. Devant tant de bêtise, on ne peut que rire ou s’arracher les cheveux. Comme les Américains n’ont pas le monopole de la bêtise, je me suis dit qu’une petite recherche en ligne devrait vite révéler quelques perles du même genre. Tous ceux qui travaillent dans les services à la clientèle savent que si la grande majorité des gens est tout à fait raisonnable il y a tout de même une majorité de grognons irrécupérables, toujours prêts à se plaindre pour un oui, pour un non. Les travailleurs de l’industrie du voyage sont tous confrontés à des plaintes absurdes et parfois risibles.
En effet, j’ai vite trouvé des blogs de voyagistes, en français et en anglais, où l’on prenait plaisir à répertorier les plaintes les plus loufoques auxquelles font face les professionnels du tourisme. Je note le cas de cette Française qui écrit à son agence de voyage pour se plaindre de s’être retrouvée dans un hôtel de Puerto Vallarta (Mexique) où le personnel ne parlait pas français. Remarquez, ce n’est pas plus absurde que la plainte de ce Britannique qui ne comprend pas pourquoi il a dû passer neuf heures dans l’avion pour aller de la Jamaïque à Londres alors que des Américains pouvaient rentrer chez eux en trois heures. Il semble en avoir conclu que les Américains bénéficiaient d’avions plus rapides.
Est-ce que la négligence des agents de voyage peut créer la dissension au sein des couples ? On pourrait le penser en regard de cette lettre qu’une Américaine a envoyée à son voyagiste : « Vous auriez pu me prévenir qu’il y a des femmes aux seins nus sur les plages européennes! Mon mari a passé la semaine à les regarder ». C’est vrai que tout le monde n’est pas habitué à voyager. Mais quand même ! Que penser de ce jeune couple anglais, tous deux coiffeurs de leur métier, qui demande s’il va pouvoir séjourner dans le tout-inclus de leur choix car ils ont remarqué, dans la brochure « no hairdresser in the hotel ». Il est vrai que les agents de voyage ne pensent pas à tout. L’un d’eux a oublié de mentionner qu’il y avait beaucoup de nourriture indienne en Inde, ce qui a suscité une plainte d’un client, qui dit que s’il avait su….
C’est parfois difficile d’anticiper les demandes spécifiques de clients provenant de pays et de cultures différents. C’est ce qu’a dû penser cette employée d’une auberge de jeunesse en Europe, face à un client qui lui a dit : « Je suis Chinois et il est hors de question que je partage le dortoir avec des Japonais »! Apparemment, dans l’industrie du voyage, il faut s’attendre à tout, y compris aux questions les plus bizarres. Par exemple: « Est-ce que je peux louer une voiture à Tel Aviv et la laisser à l’aéroport de Beyrouth » ? Ou encore: « De Fiji à la Nouvelle Zélande, est-ce que ça se fait en train » ?
Il y a aussi ceux qui se plaignent dans l’espoir d’être remboursés, entièrement ou partiellement. Ça ne semble pas toujours pleinement justifié. Je pense, notamment, au cas de ce monsieur qui, de retour d’un safari, a dit que c’était nul car il n’y avait pas d’animaux « intéressants » ou de cette famille américaine qui affirme que le bungalow loué sur une plage d’Afrique du Sud était infernal car l’océan était trop bruyant. Je note aussi le cas de ce couple néerlandais qui, parti faire de « l’eco-tourisme » dans un parc national sud-africain, loue une « cabane rustique » en pleine brousse et se plaint qu’il y avait des fourmis.
Peut-être que certains se sentent obligés de voyager à l’étranger pour faire comme tout le monde, alors qu’ils feraient sans doute mieux de rester chez eux. On devrait peut-être leur rappeler que le tourisme international n’est pas encore obligatoire. C’est ce que j’ai pensé il y a quelques années en lisant le courriel qu’un résident de West Vancouver a écrit au site de la CBC pour faire part de son expérience traumatisante. Il s’est aventuré à Paris, mais a dû « écourter mon séjour car il y avait trop de fumeurs sur les trottoirs et aux terrasses de cafés ».