Depuis le 27 septembre et durant tout l’automne, Surrey invite ses résidants à s’initier aux techniques de plantation et d’entretien des arbres, y compris dans leur jardin. Les résidants peuvent aussi participer à un programme d’observation des oiseaux ou encore à des promenades en forêt. Cette série d’évènements a pour but de se familiariser avec la flore et apprivoiser la végétation qui fournit de l’oxygène au demi-million de personnes qui vivent dans cette agglomération urbaine.
« Le département qui s’occupe des espaces verts municipaux veut engager les populations envers leur environnement, explique le directeur des parcs de la Ville de Surrey, Owen Croy. Plus les habitants découvriront les arbres, plus ils vont les valoriser. C’est pourquoi, cet automne, nous avons décidé de mettre l’accent sur l’éducation ».
Les dizaines d’ateliers et d’activités organisés à cet effet sont ouverts au grand public durant tout le mois d’octobre. Le 31, entre 10 h et 11h30, au parc Redwood, il sera notamment possible de rencontrer un expert local qui va guider les curieux dans l’univers des champignons afin de leur faire découvrir le rôle vital cette plante, mal connue, dans l’équilibre de notre écosystème. Deux semaines plus tôt, d’autres spécialistes vont expliquer aux personnes intéressées comment cultiver des arbres indigènes dans leur jardin familial. Les ateliers sont nombreux et ne manquent pas d’originalité.
Les véritables enjeux sont économiques
Cependant, derrière cette indispensable éducation à l’environnement, se cache une vaste campagne de communication et des non-dits. En réalité, Surrey fait face à un afflux démographique considérable. Environ 1 200 personnes s’y installent chaque mois, selon Statistique Canada. Il faut les loger. C’est une occasion économique pour les promoteurs immobiliers mais aussi des défis urbains et écologiques d’importance pour les autorités locales, car il faut bien souvent rogner dans la végétation pour trouver de nouveaux espaces.
Cela n’est pas au goût de tout le monde et certains projets créent même des polémiques largement relayées dans la presse locale. Depuis le printemps, Surrey cherche à abattre des centaines d’arbres dans la forêt urbaine Green Timbers afin de faire place à une ligne de train léger qui suivrait l’autoroute Fraser traversant le bois ». Des voix s’élèvent pour rappeler aux responsables politiques locaux que, au cours du référendum de 1988, les électeurs ont protégé des centaines d’hectares de forêt et, en particulier, les arbres dont certains datent de près d’un siècle. Citons le chêne royal, importé du parc de Windsor en Angleterre et planté en 1937.
« Personne ne vit dans des arbres, rétorque le directeur des parcs de la ville de Surrey, Owen Croy. Nous avons besoin d’espace pour les logements. N’oublions pas que dans le passé toute la région de Surrey était une zone forestière. Nous sommes arrivés et nous nous sommes installés ici. Maintenant vous voulez que l’on ferme la porte aux nouveaux arrivants ? »
Équilibre délicat entre économie, histoire et écologie
Owen Croy insiste sur l’efficacité de la politique environnementale de la Ville de Surrey. À titre d’exemple, les autorités se sont fixé pour objectif d’acquérir quatre hectares d’espaces verts pour chaque cohorte de mille nouveaux habitants. Ces espaces ne proviennent pas des terres agricoles, mais des fermes d’agrément, qui appartiennent à des familles qui pratiquent l’agriculture par passion plutôt que par nécessité. Pour financer ce projet, « chaque fois qu’un promoteur construit un complexe immobilier, appartement, condominium, etc., il verse une taxe à la ville de Surrey en fonction du lieu où sont construits ces logements ». Par ailleurs, l’agglomération compte 80 000 arbres et envisage de planter chaque année 5 000 arbres supplémentaires.
Comme Vancouver et de nombreuses villes canadiennes et occidentales, Surrey doit trouver un équilibre fragile entre le patrimoine, le développement économique et la sauvegarde écologique. Quelque 80 % des Canadiens vivent en zones urbaines, selon Arbres Canada. Le couvert végétal de Vancouver est passé de 22,5 % en 1995 à 18 % en 2013. Que faire ? Les forêts urbaines représentent pour l’instant la solution consensuelle. Le 3 octobre dernier, la Commission des parcs de Vancouver a vendu plus d’un millier d’arbres pour la modique somme de 10 $, avec pour ambition de planter 11 000 arbres tous les ans.
Dans son rapport intitulé L’avenir de la foresterie urbaine dans les pays en développement, la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) révèle que les forêts urbaines permettent de réduire dans l’atmosphère des villes : les oxydes d’azote, le monoxyde de carbone, le chlore et les particules d’ammoniac. Les habitants de Surrey et de Vancouver ont donc tout intérêt à planter des arbres. Qui plus est, « des beaux arbres bien placés sur votre terrain peuvent augmenter d’environ 15 % la valeur de votre maison », dévoile une étude réalisée à Portland dans l’Oregon et diffusée par La Presse Canadienne. Comme dit le proverbe : « Qui veut le fruit doit grimper à l’arbre ».