Je fais une brève visite à Montréal de temps à autre, mais cela fait plus de trente ans que je n’habite plus dans cette ville. Je remarque bien des changements, comme il se doit après tant d’années. Ce qui me surprend le plus, c’est le nombre de Français « de France » que l’on remarque dans la grande métropole québécoise.
Les chiffres officiels confirment cette impression. En 2001, il n’y avait que 23 000 citoyens français installés à Montréal. Aujourd’hui, ils sont plus de cent mille, et 20% d’entre eux résident dans le quartier du Plateau Mont-Royal. Mais on entend aussi beaucoup d’accents français dans les sites touristiques, que ce soit dans les rues pavées du Vieux-Montréal, dans les musées, aux terrasses des cafés de la rue Saint-Denis ou aux abords des nombreux petits hôtels voisins de la station de métro Berri-UQAM. Ces dernières années, l’Office du tourisme a annoncé que la France était un marché prioritaire où les efforts publicitaires devaient être concentrés.
L’effort semble avoir porté fruit, si l’on en croit une étude approfondie entreprise l’an dernier pour Tourisme Montréal. C’est maintenant plus d’un quart de million de touristes français qui débarquent chaque année dans cette ville. Pour aider l’industrie touristique québécoise à augmenter ce nombre dans les années à venir, les auteurs de cette étude ont entrepris d’étudier de près ces « cousins » en visite.
Alors que les visiteurs américains disent apprécier le caractère européen de Montréal, les Français recherchent plutôt l’Amérique, dans leur langue. Ce que les Français apprécient le plus au Québec, ce sont ses habitants. En effet, 75% se disent très satisfaits du contact avec la population locale et de la convivialité de l’accueil. Par contre, côté bouffe, ça grogne un peu. Les touristes français à Montréal ne sont que 23% à se dire satisfaits de la nourriture. Apparemment, la poutine ne fait pas le bonheur de tout le monde. Les Français restent en moyenne cinq nuits à Montréal avant d’aller explorer d’autres régions du Québec ou, plus rarement, du Canada anglais, car ce sont encore les images classiques du Canada qui attirent le plus les Français, comme les autres touristes européens. Ils rêvent de grands espaces, de lacs, de forêts et de cabanes en bois rond.
Mais l’étude révèle aussi l’importance des liens existant entre tourisme et immigration. 44% des touristes français à Montréal logent chez des amis ou des parents. Donc, logiquement, plus il y aura d’immigrants français à Montréal, plus il y aura de touristes en provenance de ce pays. Ce qui est moins vrai en ce qui concerne les immigrants en provenance de pays relativement pauvres. Si la tendance migratoire se maintient, l’industrie touristique de Montréal devrait accueillir de plus en plus de Français dans les années à venir car les citoyens de ce pays sont de plus en plus nombreux à s’établir au Québec. En dehors de ceux qui viennent directement avec un visa d’immigrants, il y a un nombre croissant de Francais qui débarquent munis de visas Vacances/Travail, qui, au terme d’un nouvel accord entre Québec et Paris, sont maintenant valables pour vingt-quatre mois. Beaucoup d’entre eux espèrent trouver un moyen de transformer ce permis de résidence temporaire en permis de résidence permanente. Il en va de même pour les étudiants étrangers et, à Montréal, 35% des étudiants étrangers viennent de France.
L’étude de marketing touristique révèle également que 81% des touristes français disent vouloir revenir au Québec. Pour certains, c’est un premier voyage exploratoire avant de déposer une demande de visa d’immigrant.