Ma petite enfance a débuté à mon arrivée en Saskatchewan, peu avant de commencer la maternelle. Là-bas, il semblait que la diversité culturelle n’avait pas le poids qu’elle a ici en Colombie-Britannique. En Saskatchewan, je vivais presque exclusivement parmi des familles blanches de la classe moyenne ou ouvrière, dont plusieurs étaient d’origine ukrainienne, et surtout de confession catholique comme moi. Les quelques exceptions à cette tendance que je connaissais personnellement, étaient un garçon sénégalais, une fille philippine, et ma tante (la belle-sœur de mon père) qui est Cree.
Il est intéressant de noter que même à l`époque je savais peu de choses sur les Premières Nations en Saskatchewan mis à part un cas exceptionnel (selon les normes saskatchewanaises), soit celui des pensionnats autochtones, appris vers ma cinquième année. C’était, à cette époque, ma définition de la « diversité ».
Cette définition est restée telle quelle, jusqu’à l’été suivant ma sixième année, lorsque je suis retourné à Langley. Ce déménagement provoqua en moi un grand chagrin, mais finalement j’en suis venu à définir la Colombie-Britannique comme mon chez-moi.
À Vancouver, l’une des villes les plus multiculturelles du Canada, et même du monde, la diversité ressemble, pour moi et beaucoup d’autres, à une « mosaïque » culturelle de cuisines, de récits, de danses, de musiques, d’histoires et d’origines. De nombreuses cultures s’influencent mutuellement, tout en gardant leurs caractéristiques particulières. Comparé à la Saskatchewan, je crois que Vancouver a une définition beaucoup plus large de ce que signifie la « diversité ».
Récemment, mon interprétation finale de la « diversité » s’est vue mise au défi. Des débats complexes et controversés ont surgi sur le port de certains types de vêtements culturels, entre autres. La liberté, la religion, la laïcité, les droits, l’égalité, la vie privée et l’ouverture sont entrés en conflit, défiant le Canada dans la façon dont il définit sa valeur centrale : le « multiculturalisme ». Comme beaucoup d’opinions contradictoires et nuancées découlaient de ces débats, je me suis retrouvé, encore une fois, à me demander ce que la « diversité » signifiait. Ou encore si c’était bien la bonne question à se poser.
Je me suis rendu compte qu’en fait ce n’est pas une question « de connaître ou de vivre » la diversité. Dans un pays comme le Canada, il est en fait très difficile de débattre si oui ou non nous « avons » de la diversité. A Vancouver, nous la vivons au quotidien et elle fait partie de notre réalité… tout simplement. Elle nous entoure. Pour moi, la vraie question est : qu’allons-nous décider de « faire » face à cette diversité qui nous entoure ?
Ce que j’ai appris cette année dans mon cours d’introduction à la sociologie est que chaque groupe se rapporte à celui auquel il a décidé de ne pas « appartenir », pour ainsi se définir. À n’importe quelle échelle, nous sommes fiers de ce que nous croyons défendre, en tant que groupes, communautés, villes, provinces et pays. Vivant au Canada, je vois souvent une comparaison nationale avec nos voisins des États-Unis. Comparé à la métaphore de la diversité qu’est la « mosaïque culturelle » du Canada, la forme que prend la diversité aux États-Unis est plus communément décrite comme un melting pot qui est plus une adhésion monolithique à l’ « identité américaine » qu’une adhésion à tous les différents types de cultures.
Quand il s’agit de diversité, certains peuvent choisir de la nier, alors que d’autres peuvent chercher à en embrasser chaque particule à bras ouverts.
Cependant, ce qui me convient le mieux, et à chaque fois, avant de prendre position dans un débat, surtout s’il est aussi difficile que celui-ci, c’est de prendre sur moi, d’écouter et d’apprendre d’autres cultures, perspectives et idées autour de moi.
Et si certains n`y trouvent pas leur compte, je constate que pour moi, à chaque fois, quand je prends le temps de vraiment comprendre ce qui nous sépare, je retrouve tout ce qui nous réunit.
Traduction par Hakim Ferria