On dirait que le sujet fait un peu moins de bruit. Il faut bien reconnaître qu’avec le déluge de manchettes que la campagne électorale a déclenché suivi
de l’autre déluge provoqué par ses résultats inattendus, le prix de l’immobilier à Vancouver a dû se contenter de la deuxième page.
Avec l’arrivée au pouvoir de Monsieur Trudeau, on s’attend à certaines mesures fédérales qui auront pour objectif de faciliter l’accès à la propriété ainsi que d’importants investissements dans les infrastructures municipales, au plus grand plaisir des maires de Vancouver, Calgary, Edmonton, Toronto et Montréal.
Pour les Vancouvérois cela voudra dire une participation financière du gouvernement fédéral au développement des projets de Translink, dont le financement régional a été rejeté par voie de référendum. Vous sentez-vous soulagé d’avoir voté NON à l’augmentation de 0,5% de la taxe de vente ?
Attention, méfiez-vous des réjouissances précoces ! Il faudra encore que les municipalités de la grande région de Vancouver contribuent leur part de financement, soit à peu près un tiers des 7,5 milliards requis, par le biais d’une augmentation probable des impôts fonciers. Exactement ce que les maires des 21 municipalités voulaient éviter à tout prix.
Revenons donc au prix de l’immobilier, où l’ascension du coût de la maison unifamiliale ne montre aucun signe de faiblesse ou de ralentissement. Le prix exorbitant des maisons a plusieurs sources, dont celle des propriétaires étrangers ne semble être appuyée par les professionnels de l’immobilier que pour lesmaisons valant plus de 3 millions de dollars. Pour les autres, il faut regarder du côté de la mécanique de l’offre et de la demande. Plus de gens en veulent, moins il y en a, plus elles coûtent cher. C’est un principe bien connu. Et cette mécanique économique est bien en évidence ici, où la population augmente sans cesse.
Donc pour répondre à la demande croissante de logements, il faut se tourner vers la densification de l’espace disponible, d’abord le long de certains corridors. Prenons par exemple le plan de développement du corridor Cambie, qui prévoit d’ici l’an 2035 voir sa population passer de 21 500 habitants à plus de 35 000. Comme en moyenne on compte 1,6 résidents par logement, cela donne près de 9 000 nouvelles unités de logement qui devront y être construites.
Pour accommoder cette augmentation, il faudra donc construire des immeubles à logements multiples en copropriété ou en location. C’est ce que prévoit le plan du corridor Cambie. Pour ce faire il aura fallu revoir la réglementation municipale afin d’y permettre la construction d’immeubles de 4, 6 et 8 étages, là où se trouvaient jusqu’alors une série de maisons unifamiliales. Allez jeter un coup d’œil sur Cambie entre King Edward et la 41e avenue, de même que sur certaines des avenues perpendiculaires à Cambie, et vous verrez une enfilade de maisons vendues qui attendent d’être démolies pour faire place à ces nouveaux immeubles à logements multiples.
Pour illustrer ce changement, prenons l’exemple d’une maison unifamiliale qui était sise rue Cambie, sur un grand terrain juste au sud de King Edward. Une fois démolie, on y construira un immeuble de quatre étages, comptant 27 unités de logement. L’équation est facile à faire : 1=27. Là où il y avait une résidence, il y en aura désormais 27 ! Bien sûr, chaque projet qui verra le jour dans la grande région de Vancouver ne présente pas la même équation. Le résultat sera parfois inférieur mais aussi parfois supérieur, selon le nombre d’étages. Le résultat sera plus élevé dans le cas des tours prévues pour le développement futur de Oak Ridge ou des tours d’habitation à la station Marine Drive.
C’est le même phénomène qui s’observe ailleurs à Vancouver, par exemple le long de Granville. On voit aussi plusieurs maisons qui ont été vendues en bloc, par anticipation spéculative, le long d’autres artères importantes où aucun projet n’est encore à l’étude par les services municipaux.
Enfin n’oublions pas le nombre de projets de tours modernes en voie de construction ou qui seront construites d’ici quelques années qui ajouteront de nombreuses unités de logement sur le marché, par exemple Vancouver House, Burrard Place, The Jervis, The Trump International Hotel and Tower etc.
Le prix de la maison unifamiliale n’est donc pas prêt de
baisser, bien au contraire. Par contre, le stock d’unités de logements en copropriété est en passe d’augmenter considérablement, ce qui dans certains cas pourrait se traduire par une stabilisation des prix de ce marché… dixit la loi de l’offre et la demande. Souhaitons que cela aura un effet bénéfique sur le marché locatif.