Chère année,
Permettez-moi tout d’abord de vous souhaiter la bienvenue avec, j’espère ne pas vous offusquer, un petit bémol. L’année 2015 n’ayant pas été une réussite, ce n’est pas sans une certaine appréhension, je dirais même une véritable inquiétude, que j’attendais votre arrivée. Comme on dit : chat échaudé craint l’eau froide. D’où mon vouvoiement. Ne vous connaissant pas et ne sachant pas ce que vous nous réservez, je tiens à éviter toute forme de familiarité. Je risque de le regretter et peut-être même plus tard de m’en vouloir, mais, dans l’immédiat, je considère qu’il est judicieux de maintenir entre nous une certaine distance. J’attends que vous fassiez vos preuves avant de vous faire confiance.
Néanmoins, en cette année olympienne, donnons la chance aux coureurs, en espérant que ceux-ci ne se soient pas dopés avant le départ. Comme aurait pu le dire Lance Armstrong : « Ce n’est pas parce qu’on est un athlète, qu’on n’a pas de substance. »
Vous êtes nouvelle et encore bien jeune, donc sans expérience. Moi, je suis un vieux de la vieille et je désire vous parrainer. À cet effet, je vous prodigue, bien que vous n’en ayez pas fait la demande, quelques conseils qui devraient, au fil du temps, s’avérer fort utiles. Les voici : Pendant les trois premiers mois de votre existence, un peu par pénitence, je vous conseille de revêtir votre manteau d’hiver. Vous en aurez besoin, si vous comptez passer du temps au Canada. Puis en avril, ce n’est pas un poisson, peu avant la moisson, ne vous découvrez pas d’un fil. Quand arrive mai, faites ce qu’il vous plaît, que cela vous plaise ou non. Viennent alors les mois d’été où l’on vous demandera où vous avez été. Ne répondez à personne. Soyez autonome. Attendez patiemment l’automne et ses feuilles mortes qu’avec plaisir nous ramasserons à la pelle en pensant, sans doute à tort, que la vie est belle. Place ensuite aux fêtes de fin d’année. Nous nous poserons la question de savoir s’il faut vous célébrer, vous regretter ou, au contraire, pousser un long soupir de soulagement à la pensée de vous voir disparaître une bonne fois pour toutes.
Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs ou, pour être fin gourmet, ne mangeons pas l’omelette avant d’avoir cassé les œufs. À votre calendrier, prenez-en note, quelques évènements qui devraient vous rendre intéressante. Si vous allez à Rio, n’oubliez pas de monter là-haut et de vous mettre en forme, afin d’accueillir les J.O. d’été, où la vigilance envers la sécurité du public et les dérapages du comité olympique s’imposent. Votre supervision s’avérera essentielle. Si vous réussissez dans cette épreuve, on vous remettra une médaille dont la couleur dépendra de la qualité de votre performance.
N’oubliez pas non plus de « déTRUMPétiser » les États-désunis d’Amérique avant que le ciel ne leur tombe sur la tête, le jour des élections présidentielles de novembre. Aussi hilarant que Donald soit, Hillary mérite de l’emporter. À vous de jouer ! Avec Bill, vous aurez deux présidents pour le prix d’un. Il ne tient qu’à vous pour que ce rêve devienne télé-réalité.
La question des réfugiés, à moins d’un miracle de la diplomatie internationale, demeurera encore à votre agenda. Je suis curieux de voir comment vous allez, à votre tour, gérer le flot permanent de tous ces exilés, fuyant les guerres civiles, à la recherche de terres d’asile, mettant leur vie en péril. Cette tâche, peu facile et ingrate, devrait quotidiennement vous maintenir en alerte.
Au Canada, par contre, où les hivers sont froids et les lapins ont chaud, moins de soucis sont à prévoir, sauf exceptions toujours possibles. Je ne vois pas ce qui pourrait altérer notre tranquillité retrouvée. Pour le moment, ma boule de cristal ne détecte rien de suspect à l’horizon. Arrangez-vous donc pour que la lune de sirop d’érable entre les Canadiens et J.T. (à ne pas agiter), se poursuive sans amis croches.
Dans l’ensemble, vous pouvez vous en rendre compte, votre charge de travail ne sera pas excessive. Cela ne veut pas dire pour autant que vous allez chômer. Vous pouvez compter sur Daesh, Al Qaida et autres misérables associations sanguinaires du même type, pour vous tenir en éveil. Soyez sur vos gardes. Votre tâche ? Minimiser leurs actions et atténuer leur impact. Autrement dit : les rendre moins nuisibles à défaut de les annihiler.
Pour conclure, j’imagine que, tout comme moi, vous voulez vivre une vie pépère mais prospère; vous désirez éviter les ennuis sans pour autant mourir d’ennui. Vous voulez prendre des risques sans risques. Vous voulez la margarine et l’argent de la margarine. En somme, vous désirez être bonne et heureuse. Je ne peux vous souhaiter mieux.