Hongcouver, vous connaissez cette contraction qui est maintenant passée dans le vocabulaire vancouvérois ? Elle a sans doute trouvé son origine au début des années 90 quand la rétrocession du territoire de Hong Kong à la République Populaire de Chine prévue pour le 1er juillet 1997 à la lumière des évènements de 1989 à la Place Tiananmen a précipité l’exode de dizaines de milliers de résidents de Hong Kong vers Vancouver, Melbourne et Sydney en Australie, et San Francisco et Los Angeles aux États-Unis. On blâmait déjà la flambée des prix de l’immobilier sur des autobus remplis de Chinois de Hong Kong, qui auraient acheté… Cela vous rappelle quelque chose ?
Vancouver et Hong Kong ont d’autres points en commun en plus de partager les mêmes racines britanniques. Leurs situations topographiques sont comparables, les deux sites étant délimités par la mer, les montagnes et les frontière : américaine au sud de Vancouver et chinoise au nord de Hong Kong. Vancouver est le premier port au Canada, mais le 30e au monde, alors que le Port Victoria de Hong Kong est le 13e en importance au monde.
Les critiques de la densification de Vancouver citent souvent Shanghai ou Hong Kong comme modèle qu’il ne faut pas suivre. On peut comprendre pourquoi, tout en mettant les choses en perspective. D’abord la population de Hong Kong est presque 3 fois plus importante que celle de la grande région de Vancouver, c’est à dire plus de 7,3 millions, pour les 2,5 millions de la grande région de Vancouver. Leurs emplacements respectifs entraînent la construction résidentielle et commerciale en hauteur. Le centre-ville de Hong Kong et le quartier de Kowloon en face avec toutes les agglomérations le long des côtes où se situent les quartiers résidentiels, sont de véritables forêts de gratte-ciel. Ces immeubles gigantesques sont regroupés en bouquets de six tours (ou plus) tellement proches les unes des autres que cela donne l’impression d’un seul bloc immense. Il y a plus de 310 tours qui font plus de 50 étages, ou approximativement 150 mètres de hauteur à Hong Kong, la première de ce palmarès mondial de l’étourdissement. Vancouver est dans le dernier peloton avec, entre autres, Lyon, Miami et Barcelone et une trentaine d’autres, où les tours de plus de 150 mètres de hauteur se comptent sur deux doigts d’une même main. Plus de la moitié de la population de Hong Kong habite au-dessus du quinzième étage de son immeuble.
C’est une ville de contrastes où de petites échoppes, avec artisans pieds nus travaillant la ferraille, assis par terre, sont à peine à un coin de rue d’une des boutiques de luxe de ces grandes marques, telles Vuitton, Dior ou Cartier qui sont partout . Vous avez raté la boutique Rolex, Chanel ou Hermès ? Pas grave il y en aura sans doute une autre au prochain quadrilatère ou dans la prochaine grande surface .
Les restaurants de luxe sont souvent juste en face ou juste à côté d’un étal des plus simples, où la cuisine se fait presque dans la rue, pour ne pas dire dans la ruelle, dans un ou deux immenses woks sur une flamme au gaz, alors que les clients font la queue pour se partager les trois tables installées avec précarité en pente, sous un toit de fortune en tôle. En face, la limousine Bentley attend madame, qui est accueillie au pas de course par son chauffeur qui referme derrière elle la portière sans murmure puis glisse doucement dans la vieille rue Hollywood. Nous prenons un des 160 tramways à étages, dont les premiers trains sont construits en 1904 en Grande-Bretagne. Le nôtre est un de deux qui restent des années 50… C’est d’ailleurs le meilleur moyen de visiter la ville à peu de frais. Nous poursuivons notre route, après avoir fait une pause café. Coût d’un cappuccino ? 8$, imaginez le prix des menus à la carte ! Pour les autres déplacements, le métro super rapide, efficace et peu coûteux, est le moyen de transport de choix. Pas besoin de vérifier les horaires, dès qu’il y en a un qui quitte la rampe un autre arrive presque tout de suite.
Ici, les échafaudages des innombrables projets de construction ou de réfection, sont en bambou et tiennent avec des attaches en plastique. Souvent, la plomberie est apparente sur la façade extérieure des immeubles. On y voit clairement la tuyauterie qui amène l’eau et les tuyaux collecteurs qui l’évacuent…
Y a-t-il là aussi une crise du logement et du coût de l’immobilier ? Et bien imaginez-vous que plus de 220 000 présumés résidents de Hong Kong seraient des résidents absents, donc ne résidant pas à Hong Kong en permanence. Sans doute plusieurs d’entre eux ne résident-ils pas non plus en permanence à Vancouver.