Amener la musique mauritanienne au-delà des frontières

Noura Mint Seymali entourée de Jeiche Ould Chighaly et Matthew Tinari. | Photo de Noura Mint Seymali

Noura Mint Seymali entourée de Jeiche Ould Chighaly et Matthew Tinari. | Photo de Noura Mint Seymali

Voici le mandat de Noura Mint Seymali, musicienne mauritanienne aux multiples talents : faire connaître au monde le relief unique des sonorités de son pays. Pour mener à bien ce projet, elle se produira à Vancouver le dimanche 28 février sur la scène du Blueshore à l’Université Capilano.

Trouver sa propre empreinte

Déterminée et motivée, Noura Mint Seymali l’annonce sans détour : « Ça a toujours été mon ambition de placer la Mauritanie sur la carte du monde de la musique ».

Regardons tout d’abord la carte du monde. La Mauritanie profite d’une situation au carrefour des cultures. Située à l’ouest du continent africain, au sud du désert du Sahara, elle est à l’intersection des cultures mauresque (arabo-berbère) et noire africaine. Les brassages ethniques hétérogènes confèrent à ce pays une diversité haute en couleur et la musique n’est pas en reste.

Issue d’une famille d’artistes renommés, Noura Mint Seymali commence officiellement sa carrière à l’âge de 13 ans. Dans une interview accordée au journal britannique The List, Noura Mint Seymali revient sur ses racines : « en tant que membre de la communauté des griots, la musique est l’élément vital de notre famille et de notre culture. »

Elle explique son parcours : « j’ai d’abord appris le métier en me produisant dans les mariages ». Comme c’est souvent le cas pour la communauté des griots, ces musiciens itinérants d’origine maure se produisent lors de fêtes, de mariages ou d’autres événements éphémères. La légende raconte que les griots accompagnaient aussi les soldats au front pour les encourager lors des combats.

Noura Mint Seymali se produit avec Jeiche Ould Chighaly, son partenaire musical et mari. Ce dernier est l’un des plus célèbres guitaristes mauritaniens et, ensemble, ils forment leur premier groupe en 2004. Leur collaboration les entraîne sur des scènes aussi variées que celle de l’Angleterre, des États-Unis, du Mali, du Maroc et de France lors des jeux de la francophonie.

Entre classicisme et modernité

« Beaucoup des musiques que nous jouons sont issues d’un contexte traditionnel, mais nous les interprétons de manière différente. » Noura Mint Seymali confie que son père l’a toujours encouragée à suivre sa propre voie, tout en apprenant à maîtriser le répertoire classique. Aussi, les racines de culture maure constituent « l’âme » de cette musique, la base, mais les représentations s’écartent des schémas connus.

Noura Mint Seymali le reconnaît volontiers, « il est important pour moi de conserver les racines de la culture mauritanienne ». Cependant, elle n’a pas peur de la métisser en y incluant des influences internationales en genres aussi divers et variés que le reggae, la folk, le rock et bien d’autres… « Jeiche [le mari de Noura Mint Seymali] aime Jimi Hendrix, Dire Straits et Bob Marley ». Les autres musiciens du groupe adorent également le jazz de Miles Davis, laissant volontiers l’énergie du maître les inspirer lors de représentations. Ainsi, chaque concert se transforme en moment unique d’expression musicale.

Si les influences musicales sont modernes, les intentions textes le sont également. Des sujets « d’actualités » tels que la question du genre dans la société islamique sont par exemple abordés sans complexes.

Quels instruments ?

Sur scène, vous pourrez vous attendre à voir Noura Mint Seymali présenter cet instrument traditionnel appelé Ardîn, une petite harpe qui possède sept ou neuf cordes, joué exclusivement par les femmes de la communauté des griots. Cet art musical lui a été enseigné par sa grand-mère.

Jeiche Ould Chighaly, quant à lui, fera chanter le Tidinit en plus de la guitare. Cet instrument est maîtrisé habituellement par les hommes : il s’agit d’un luth à quatre cordes agrémenté de bruiteurs métalliques.

Les ardîn et tidinit de Noura et Jeiche ont été adaptés et « rendus électriques » afin de convenir aux plus grandes scènes, démontrant à nouveau cet ancrage dans ce projet de modernité. Ces deux instruments se complètent l’un l’autre, créant une unité, comme le Yin et le Yang.

Parfois, cet audacieux mélange d’ancien et de nouveau est qualifié de futuriste par la critique. En tous les cas, peu importe les adjectifs que l’on utilise, la musique de Noura Mint Seymali fait l’unanimité auprès des spécialistes. Tous s’accordent à dire qu’il serait une pure folie, pour un mélomane, de ne pas se rendre en courant devant la scène de l’Université Capilano ce dimanche 28 février.

 

Noura Mint Seymali en concert

Dimanche 28 février à 20 h
À l’Université Capilano, 2055 Purcell Way, North Vancouver
Entrées de 27 $ à 30 $