Alors que le mandarin ou encore le panjabi figurent dans le top 5 des langues les plus couramment parlées en Colombie britannique, après l’anglais, la question de la place de choix accordée au français à l’école est de plus en plus discutée est remise en cause par ses détracteurs.
Selon le réseau national Canadian Parents for French (CPF), qui promeut la pratique et l’enseignement de la langue française, cette place privilégiée est légitime.
Réformes : vers une dévalorisation du français ?
En effet, le CPF avait réagi vivement, il y a un peu plus d’un an, à des changements proposés par le Ministère de l’Education qui, selon l’organisme, menaçait la position privilégiée du français dans le curriculum d’apprentissage de langue seconde.
« On voyait les changements proposés en 2010 comme un recul pour le français », commente Alex Hughes, coordonnatrice des projets à la CPF.
Elle précise que la CPF craignait que ces changements mènent la C.-B. vers un système d’éducation «plurilingue» en rétrogradant le français pour le mettre à pied d’égalité avec les cinq autres langues officiellement reconnues par le Ministère de l’Education, à savoir l’allemand, l’espagnol, le japonais, le mandarin, et le panjabi.
Une possibilité inquiétante pour la CPF. Car bien que l’organisme encourage l’apprentissage d’autres langues que l’anglais et le français, il maintient que les élèves doivent commencer par les deux langues officielles du Canada avant d’en apprendre d’autres à l’école.
« La décision demeure une décision du Conseil scolaire », selon le Ministère de l’Education
Au Ministère de l’Education, où on est toujours dans un processus de mise à jour de la politique sur les langues secondaires, les réformes ne sont pas considérées comme des menaces pour le français.
Selon Nicole Couture, porte-parole du Ministère, les changements proposés n’affecteraient pas les deux provisions de base de la politique du Ministère sur les langues secondes, en vigueur depuis 1997, à savoir que les étudiants doivent obligatoirement suivre des cours dans une langue seconde de la 5e à la 8e année et que ce sont les Conseils scolaires – et non le Ministère – qui décident de la langue seconde qui serait offerte aux élèves.
« La décision demeure une décision du Conseil scolaire » a-t-elle dit en référence au choix de la langue seconde à offrir.
De préciser que, même si la politique du Ministère permet aux Conseils scolaires d’offrir leurs cours de langue seconde dans d’autres langues que le français, il est extrêmement rare qu’un Conseil scolaire n’offre pas le français.
En fait, sur un total de 59 Conseils scolaires, il y en a seulement un ou deux, dans des communautés majoritairement autochtones du nord de la province, où le français n’est pas proposé comme langue seconde.
Bien que la CPF ne s’oppose pas à ce que les Conseils scolaires aient le droit d’offrir ou de ne pas offrir des cours de français langue seconde, selon Mme Hughes, l’organisme voyait dans ces réformes une menace même au statut du français. Soit l’idée proposée par le Ministère de regrouper le français et les cinq autres langues mentionnées ci-dessus dans un même et unique document pédagogique sous la rubrique langues secondaires.
Selon Mme Couture, le Ministère a revu cette décision en février 2011. Au lieu d’un document regroupant les six langues, le français et les cinq autres langues auront toutes leur propre document pédagogique.
La perspective d’une autre communauté linguistique
Si la CPF s’inquiète de l’avenir du français comme langue seconde dans le système d’éducation publique de la C.-B., Sadhu Binning, vice-président de la Punjabi Language Education Association (PLEA), lui, a des réserves quant à la place accordée au panjabi dans les écoles de la province.
« Personne, dans la communauté panjabi, n’a d’antipathie pour le français » a-t-il commenté, mais les membres de la PLEA se sentent souvent frustrés par le fait qu’il est difficile de convaincre les Conseils scolaires d’offrir des cours de panjabi comme langue seconde, même quand la population étudiante d’une école est en grande majorité issue de cette communauté.
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Le top 10 des langues en Colombie-Britannique
- Anglais (70%)
- Chinois (8,5%) *
- Panjabi (4%)
- Allemand (2%)
- Français (1,5%)
- Tagalog (1%)
- Espagnol (0,8%)
- Italien (0,6%)
- Néerlandais (0,6%)
- Vietnamien (0,5%)
* Tous dialectes confondus
Source: Statistique Canada, Recensement 2006