Une immersion complète dans la pièce Surreal : c’est le rendez-vous de l’été que nous propose la jeune compagnie vancouvéroise Surreal Theatre. Pour le prix d’une place, le spectateur déambule pendant près d’une heure avec un groupe d’une vingtaine de personnes dans un décor sans artifices, celui du quartier historique de Gastown. Le public se retrouve plongé dans une comédie amoureuse, le tout bien exécuté par deux jeunes talentueux acteurs locaux. L’idée est de sortir la pièce de théâtre traditionnelle de ses carcans. Rien n’est interdit, même pas de laisser son téléphone allumé…
Tom et Charlotte sont un ex-couple qui a décidé de se retrouver après plusieurs années de séparation, dans un lieu tenu secret que le spectateur va découvrir par courriel. Le rendez-vous commence sur les chapeaux de roues, car personne ne se connaît, ni n’est certain de l’identité des acteurs et des spectateurs. Moment de flottement assez amusant. Soudain, une jeune femme, Charlotte, dite Charlie, se lève et accoste une personne du public en lui demandant si elle n’aurait pas vu un jeune homme qui ressemblerait à son ex-petit ami. À ce moment précis, les spectateurs ont la légère impression d’être à la bonne place. L’auditoire se lève avec un peu plus d’assurance quand Tom arrive à la rencontre de Charlie. La pièce commence.
Le groupe va alors être témoin de leurs retrouvailles en suivant physiquement le couple dans sa balade à travers les ruelles de Gastown, mais également dans les dialogues mélodramatiques des deux protagonistes.
Pour Nick Steeves, producteur et fondateur du théâtre Surreal : « Le public joue le rôle de subconscient des personnages, il est amené à aider à quelques reprises, mais ce n’est pas une obligation ».
Parfois, les acteurs interpellent les spectateurs en leur demandant leur avis, ou en leur posant des questions philosophiques, ou bien même en jouant à trouver la bonne question qui dénouera une situation ambiguë pour le couple. On rit, on s’interroge, on met tous nos sens en éveil.
Une expérience théâtrale pour tous
Il s’agit avant tout d’une expérience théâtrale qui donne au spectateur une perspective très différente de celle du théâtre classique. Le trac est présent, mais il s’évapore bien vite. Pour Nick Steeves : « L’idée de la pièce Surreal est de donner au spectateur le sentiment d’être totalement engagé et pleinement impliqué dans l’histoire et les personnages… Nous souhaitons un véritable face à face avec les acteurs ».
Tout au long du parcours étudié pour l’occasion, les dialogues se mêlent aux bruits environnants, les regards se concentrent sur les acteurs, et puis on est tenté de détourner l’attention sur la vitrine d’une jolie boutique ou d’un restaurant. On s’évade un court instant puis on revient à l’histoire. Des passants regardent la scène avec un air un peu médusé puis passent leur chemin. Ce décor en constant mouvement et la proximité acteurs-spectateurs offrent une belle symbiose. Il apparaît que l’histoire semble plus vraie aux yeux des spectateurs quand elle est tissée avec des éléments authentiques tels que ceux de la rue. Un mensonge paraît plus convainquant s’il est composé de 99 pour cent de vérité. On ressent une atmosphère très positive et le sentiment d’avoir passé une bonne soirée.
La genèse de la pièce Surreal
Surreal est une pièce comptant cinq acteurs qui se relaient tout l’été : Luke Sykes, Darby Steeves, Lee Shorten, Cory Beaulieu et Laura Miller. De concert avec son frère, Darby Steeves a coécrit Surreal, la dirige et y joue.
C’est en visite à New York que Nick Steeves et sa sœur Darby sont tombés sous le charme de la pièce Sleep no more à Broadway. « Nous avons vécu une expérience de théâtre interactif très intense dans un entrepôt désaffecté et reconverti en hôtel des années 30 avec des acteurs tout autour de nous. Je n’ai jamais vécu une telle expérience dans un théâtre. J’ai été subjugué et je me suis dit que ce serait sympa de la transposer à Vancouver dont nous sommes originaires. »
Pour Nick Steeves, créateur et producteur de la pièce, « la pièce est en anglais, mais le contexte et les éléments de la pièce sont très universels, ce qui veut dire que tout le monde est capable de se l’approprier… ». Et il ajoute : « il faut juste porter des chaussures confortables » !
Osez l’expérience et vous verrez que vous y reviendrez, car la saison 2 arrive l’été prochain.
Du 28 juin au 30 septembre, les mardis et vendredis.
Billets et infos : www.surrealtheatre.com