L’enseignement religieux a-t-il une place dans les écoles en C.-B. ?

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En février 2013, une vive polémique éclate au sein du gouvernement de la Colombie-Britannique. La raison ? Une déclaration de Christy Clark, première ministre de la province, en faveur des communautés religieuses et de leur présence active au sein de la vie politique canadienne.

À la suite de ces déclarations, la British Columbia Humanist Association réalise avec l’institut de sondage Justatson Market Intelligence, une enquête sur la place de la religion au sein de la société en Colombie-
Britannique. Résultat : en avril 2013, près des deux tiers de la population de la province (64 %) se disent non pratiquants et 20 % non croyants. Quand vient la question de la religion à l’école, près des trois quarts des sondés (73 %) sont contre les écoles publiques qui encouragent les élèves à pratiquer une religion. Ces réponses font écho à une situation bien réelle puisqu’en 2015, des écoles publiques de Chilliwack et d’Abbotsford distribuaient encore des Bibles évangéliques à leurs élèves.

Certes, inculquer « la tolérance et le respect à l’égard des idées et des croyances des autres »
fait partie des missions du système scolaire de la Colombie-Britannique. Mais, face aux réticences de la population à propos de la religion, comment cette question est-elle abordée dans les écoles publiques, dans les programmes scolaires ? Concrètement, que font les enseignants ? Doivent-ils rester neutres ou peuvent-ils prendre parti ?

« Le sujet de la religion est abordé dans les cours de sciences sociales dans le but de découvrir d’autres cultures et sociétés », d’après une porte-parole du ministère de l’Éducation de la C.-B.

En effet, c’est à partir du niveau 7 que les élèves étudient les civilisations de l’Antiquité au VIIe siècle. C’est durant cette période que sont apparues les religions juives, chrétiennes et musulmanes. Celles-ci sont donc présentées en cours mais de manière purement historique.

Comme le rappelle la porte-parole du ministère de l’Éducation de la Colombie-Britannique, « les enseignants ne sont pas autorisés à faire des jugements de valeurs ou défendre une religion en particulier ».

Aussi, au niveau 12, les élèves ont un cours de civilisations comparées dans lequel le professeur peut parler des religions sur le plan culturel. Enfin, dans le cadre des cours sur les populations autochtones, les systèmes de croyances et les rituels peuvent être évoqués.

À l’exception du niveau 7, rien n’oblige les professeurs d’écoles publiques à parler de religion dans leurs cours de sciences sociales ou d’histoire. Les programmes scolaires leur laissent complètement le choix. Il y a donc des élèves qui n’étudient qu’une fois la religion dans leur scolarité.

Alors que le Québec a mis en place en 2008 un cours d’éthique et de culture religieuse obligatoire dans toutes les écoles publiques, comment expliquer la position de la Colombie-
Britannique ?

La défiance de la société et du gouvernement de la province envers la religion ne date pas d’hier

D’après le Musée royal à Victoria, la province était la seule à ne pas avoir de système éducatif basé sur la religion en 1871, date de son entrée dans la Confédération. En 1872, le Public School Act est promulgué. Cet amendement, toujours en vigueur de nos jours, stipule que toutes les écoles « doivent être gérées de manière strictement laïque et non religieuse… la plus haute moralité doit être inculquée, mais aucun dogme ou croyance religieuse ne doit être enseigné ».

La situation change complètement en 1943 avec la Seconde Guerre mondiale. De plus en plus de citoyens demandent que la religion intègre l’école. La lecture de passages de la Bible est autorisée et même recommandée en 1944. Ce n’est qu’en 1996 que ces lectures sont définitivement interdites dans les écoles publiques. C’est aussi dans les années 1990 que les dernières Residential Schools ont fermé leurs portes au Canada.

Cet héritage politique et historique explique sans doute la relation distancée des Canadiens de la province avec la religion.

« Les professeurs ne sont pas très à l’aise avec le fait d’enseigner la religion »

C’est en tout cas ce que confirme Nancy Brenan, inspectrice à la Vancouver School Board : « Ça dépend vraiment du professeur, de ses connaissances personnelles sur le sujet ».

Pour Ian Bushfield, président de la British Columbia Humanist Association et fervent laïque, les écoles publiques devraient proposer des cours d’éthique et de culture religieuse comme au Québec. La connaissance et la compréhension mutuelle des différentes cultures et religions permettrait, selon lui, de lutter contre les préjugés.

Mais il ne faut pas oublier que le système scolaire partage cette responsabilité avec les familles et les communautés. Le sens du vivre ensemble commence d’abord à la maison.

Le Québec, en avance pour l’enseignement des religions dans les écoles ?

« Au Québec, nous enseignons un cours dans les écoles élémentaires qui s’appelle Éthique et culture religieuse. Ce cours couvre les religions dans le monde sans privilégier une religion plus qu’une autre », mentionne Catherine Provencher, Québécoise et enseignante à l’école primaire Anne-Hébert à Vancouver.

Les écoles québécoises offrent, depuis 2008, un programme d’éthique et de culture religieuse aux élèves du primaire et du secondaire. Ce programme remplace les programmes d’enseignement religieux catholique et protestant et celui d’enseignement moral, jusqu’ici dispensés dans les écoles.

D’après le ministère de l’Éducation du Québec « ce programme vise à faire connaître aux enfants la place importante du catholicisme et du protestantisme dans l’héritage religieux du Québec; découvrir la contribution du judaïsme et des spiritualités des peuples autochtones à cet héritage religieux; connaître des éléments d’autres traditions religieuses apparues récemment dans la société québécoise ».