Nous n’étions pas loin, nous sommes maintenant revenus, juste à temps pour ne pas manquer la fête du Travail qui, comme chacun le sait ou devrait le savoir, nous indique le retour aux choses sérieuses, à la vie normale, celle qui nous crée soucis et angoisses.
Fini la rigolade, il est temps de passer au labeur de manière assidue et transpirante comme l’a voulu le bon Dieu d’après la Bible. Toutefois, je me pose sérieusement la question, quand il est écrit : « Tu travailleras à la sueur de ton front », pourquoi ne précise-t-on pas, ce qui serait pratique, la marque ou le type de désodorisant à utiliser pour combattre ce fléau qui nous a été infligé ? Comme tient à le préciser mon cousin germain de passage à Munich : « Ce n’est pas pour la vue, mais pour l’odeur ». Il en sait quelque chose, lui ce bourreau du travail qui passe son temps au bureau d’un buraliste bourru souvent bourré.
Mais cessons de dénigrer la fête du Travail et le travail en particulier. Par la force des choses nous devons nous y faire. Faisons donc contre mauvaise fortune bon cœur si le chœur auquel vous appartenez vous en dit. « Le travail, c’est la santé, » chantait Henri Salvador et de rajouter immédiatement, de « ne rien faire c’est la conserver ». Comme quoi je ne suis pas seul à vanter les mérites de la paresse. Mais il faut savoir être bon perdant, ce que beaucoup d’athlètes à Rio 2016 ont eu tendance à oublier.
Non, en cette fête du Travail qui s’en vient, reconnaissons les bienfaits de son arrivée. Avec elle nous assistons au début de toutes les rentrées. C’est un moment charnière où l’on ne peut mettre la charrue avant les bœufs. Il faut prendre le taureau par les cornes et attaquer de plein pied ou de plein fouet (pour les masos), tout ce qui s’en vient.
Pour commencer, la rentrée scolaire qui doit permettre à tous nos génies de s’ingénier laborieusement pour pouvoir un jour nous procurer des moments de plaisir tel que celui auquel nous avait convié l’astronaute Chris Hadfield lorsqu’il nous avait interprété depuis sa capsule la célèbre chanson Space Oddity de David Bowie. Écoliers, pensez-y, plutôt que de mettre les pieds dans le plat, terrible habitude de la gent politique, vous pourriez les mettre un jour dans l’espace si vous vous rendez, comme il se doit, en classe dès la rentrée. Contrairement à tout ce que j’ai cru comprendre durant mon enfance, l’école a du bon, tonton.
Allez-y le cœur en fête en évitant, dans la mesure du possible de faire la fête en classe. Quoiqu’un peu de subversion ne soit pas à être déconseillé. Condorcet, un révolutionnaire français qui a perdu la tête, conseillait aux éducateurs de former « des citoyens indociles et difficiles à gouverner ». Conseil totalement ignoré chez nous au Canada. Autre suggestion, avancée par un ancien délinquant à un génie en herbe, qui devrait déplaire aux parents : vous pouvez, si cela vous chante, fréquenter l’école buissonnière après la rentrée en prenant la sortie au moment voulu si l’occasion se présente. N’oubliez pas que l’occasion fait le lardon, pontifiait fièrement un ami, une tête de cochon, qui, pour son loisir, cuisinait, histoire de faire passer le temps. Que je suis sot. La sottise, il est vrai, vous en conviendrez, demeure l’élément essentiel et vital d’une bonne éducation. Donc chères écolières et chers écoliers ainsi que les parents de toute cette flopée de petits bouts de chou à la recherche d’une carrière brillante, je vous souhaite, à toutes et à tous, une bonne année scolaire.
À ne pas oublier, au milieu de cette euphorie qui, chaque début septembre, s’empare de toute une jeunesse, la rentrée cinématographique au Canada avec le TIFF et le VIFF, deux festivals qui vous en mettent plein le pif. Les cinéphiles se gavent de films jusqu’à saturation. Une orgie à ne pas manquer selon les critiques. C’est l’occasion de faire le pied de nez au cinéma hollywoodien en allant voir des films indépendants, bons ou mauvais.
Et que dire de la rentrée littéraire avec la sortie d’une quantité de nouveaux livres qui devraient faire le bonheur des éditeurs, des auteurs et des lecteurs tout en leur créant des moments de désespoir et d’angoisse. Un rendez-vous à ne pas manquer si vous vous intéressez un tant soit peu encore aux œuvres littéraires. Elles sont essentielles, comme les huiles.
J’en ai assez dit. Il est temps de rentrer. Par ici la sortie.