La Colombie-Britannique est bien connue pour son industrie cinématographique très florissante. Sa communauté francophone n’a cependant pas pu fournir un participant à la Course des Régions pancanadienne, puisqu’elle sera représentée par un cinéaste québécois vivant dans les Territoires du Nord-Ouest. Les efforts des organisateurs ont-ils réellement été suffisants pour sensibiliser un grand nombre de potentiels candidats locaux n’ayant aucun lien direct d’appartenance à la province de Québec ?
Si la Course des Régions pancanadienne se veut un événement d’envergure nationale ayant pour but de mettre de l’avant le talent des cinéastes francophones en herbe, la cohorte pancanadienne 2016 est en majorité composée d’une troupe de jeunes artistes québécois, éparpillés du Yukon au Nouveau-Brunswick.
Créée en 2003 par l’Association touristique et culturelle de Dudswell en Estrie au Québec et ses partenaires, la Course Haut-Saint-François consistait en un concours audiovisuel destiné à venir en aide à quatre jeunes cinéastes triés sur le volet pour l’occasion. Ces derniers, afin de participer au concours, devaient résider dans la municipalité régionale du comté du Haut-Saint-François, situé au sud-est du Québec.
Depuis, l’événement n’a cessé de croître. La Course Haut-Saint-François est ensuite devenue la Course Estrie, puis la Course des Régions du Québec. Treize ans après sa création, le concours est devenu national et s’intitule désormais « la Course des Régions pancanadienne ». Le règlement a également évolué; si les candidats doivent toujours être en mesure de s’exprimer en français et maîtriser l’écriture de la langue de Molière, ils ne sont pas obligatoirement tenus de résider dans la région qu’ils représentent, tel qu’il l’était stipulé lors de la première édition du concours.
Le nouveau règlement précise ainsi que chaque candidat doit « avoir un lien d’appartenance avec une des régions suivantes : le lien d’appartenance désigne au moins un des critères suivants : a) être originaire de la région b) y habiter présentement c) y avoir de la famille et/ou des amis d) avoir l’intention d’y habiter dans un proche avenir ».
Devenu plutôt laxiste et plus ouvert, le règlement vise ainsi 21 régions canadiennes, dont 17 sont situées au Québec. Le reste du Canada hors Québec est simplement divisé en 4 vastes régions, délicatement regroupées sous le titre de « Francophonie canadienne ».
La région Atlantique regroupe ainsi l’Île-du-Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve-Labrador. L’Ontario constitue la deuxième région de la catégorie Francophonie canadienne. Les Prairies, quant à elles, englobent les provinces de l’Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan. Enfin la Colombie-Britannique, le Nunavut, les Territoires-du-Nord-Ouest et le Yukon, composent la quatrième région : Ouest-Territoires.
À noter, toutefois, que chacune des régions du Québec est ainsi représentée par un candidat, alors que l’Ontario, la province comptant le plus de francophones en dehors du Québec, n’en compte qu’un seul. Il en est de même pour les quatre provinces des Maritimes, qui ne bénéficient également que d’un seul candidat, tout comme la région des Prairies, représentée par une seule candidate, Isabelle Perron Blanchette, originaire du Québec et tout récemment arrivée à Régina en Saskatchewan pour des raisons professionnelles. Quant à la région Ouest-Territoires, elle est également représentée par un Montréalais, Alexandre Assabgui, qui vit depuis très peu à Yellowknife.
« Nous sommes très fiers de cette cohorte qui couvre le pays du Yukon au Nouveau-Brunswick ! » déclare cependant la directrice générale de la Course des Régions pancanadienne, Denise Provencher.
« Tous les candidats ayant postulé pouvaient choisir de représenter une deuxième région afin d’augmenter leur chance d’être sélectionnés », affirme Anthony Hamelin, du service des communications de la Course et ancien participant à l’événement. Cette subtilité contenue dans le règlement a ainsi permis à plusieurs candidats québécois de participer à l’aventure, en choisissant une région qui leur était peu familière.
Selon M. Hamelin, près d’une centaine de candidats ont postulé partout au Canada afin de participer au concours. Beaucoup d’entre eux n’avaient cependant pas d’appartenance au Québec et pourtant, seul le candidat représentant le Nouveau-Brunswick n’est pas originaire de la Belle-Province. De plus, ironie du sort, bien que la promotion de l’évènement ait été faite partiellement en anglais en dehors du Québec, aucun « franglo » n’a été retenu.
Selon les organisateurs, la mission principale du concours est de soutenir la relève cinématographique canadienne dans la réalisation de premiers courts métrages indépendants, réalisés par des cinéastes en herbe les plus prometteurs du Québec et de la francophonie canadienne. Dans ce cas, la francophonie canadienne étant majoritairement représentée par des candidats québécois, peut-on encore parler de francophonie pancanadienne ?
La Course des Régions pancanadienne n’est-elle pas revenue aux sources en privilégiant les jeunes cinéastes du Québec, précautionneusement sélectionnés par un jury composé de quinze cinéastes québécois ? L’évènement n’a-t-il pas manqué l’occasion de s’ouvrir à d’autres artistes francophones résidant à l’extérieur du Québec ?
Gageons que pour leur prochaine édition 2017, afin de trouver un bassin plus représentatif des jeunes francophones d’ici, les organisateurs québécois de La Course des Régions pancanadienne ne manqueront pas, en amont, d’entrer directement en contact avec le Conseil jeunesse francophone de la Colombie-Britannique. Dans la même foulée, pourquoi ne pas frapper aussi à la porte du Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique (CCAFCB) pour avoir une meilleure idée des talents de la région du Pacifique ?