Harlem fait son show à Vancouver !

Byron Stripling, trompettiste virtuose. | Photo de VSO

Byron Stripling, trompettiste virtuose. | Photo de VSO

Amener le meilleur du jazz du 20e siècle en ville ? Voici l’objectif que s’est donné l’Orchestre symphonique de Vancouver avec son nouveau spectacle Retour au Cotton Club. Avec de grands classiques à écouter dans une ambiance tantôt feutrée, tantôt endiablée, tous les ingrédients seront réunis pour faire passer au public un bon moment dans la mythique salle vancouvéroise de l’Orpheum. Portrait d’un événement qui va swinguer !

Le Cotton Club, un incontournable du jazz

Le Cotton Club, ce nom vous dit certainement quelque chose, et pour cause, cet établissement a vu passer les plus grands. Pourtant, rien ne prédestinait cet endroit caché dans un coin de Harlem à jouer un rôle si important sur la scène musicale du siècle dernier.

Dans les années 1920, le champion de boxe américain poids lourd Jack Johnson décide de louer un local au premier étage à l’angle de la 142e rue et de l’avenue Lenox dans le quartier de Harlem à Manhattan. Il en fait un endroit dédié à la musique appelé le Club Deluxe. Après un changement de propriétaire, le lieu est rebaptisé « Cotton Club » avant de voir ses portes fermer en 1925. En effet, alors que la prohibition est d’actualité aux États-Unis, le Cotton Club – comme beaucoup d’autres bars – est accusé de servir de l’alcool. La réouverture arrive peu après, faisant entrer pour de bon cet établissement dans l’histoire…

Duke Ellington, Louis Armstrong, Josephine Baker, Cab Calloway, … Si ces artistes ont pour point commun d’avoir marqué le destin de la musique jazz par leur talent de génie, ils se sont également tous produits au
Cotton Club à Harlem, y lançant parfois leur carrière.

Un passé trouble

Il semble cependant que le Cotton Club n’ait pas été un endroit aussi respectable que ne le laisse croire la légende. Parmi les faits moins glorieux à son actif, le choix de n’avoir qu’une clientèle « blanche » exclusivement, l’entrée étant interdite à toute personne d’une autre couleur de peau. Ainsi, malgré les origines afro-américaines des artistes se produisant sur place, la maison se contentait d’entretenir l’imaginaire raciste colonialiste et d’en reproduire les affligeants schémas.

Duke Ellington a permis de faire évoluer les mentalités à ce niveau-là. Après avoir enregistré plus d’une centaine de compositions – devenues mythiques pour la plupart – durant la période où il se produisait à Harlem, il a affirmé son désir de voir les choses changer. Le Cotton Club a accepté, sur sa demande expresse, de changer sa politique d’entrée pour l’ouvrir à tous.

Jeff Tyzik, chef d’orchestre pour le spectacle Return to the Cotton Club. | Photo de VSO

Jeff Tyzik, chef d’orchestre pour le spectacle Return to the Cotton Club. | Photo de VSO

Aussi, à l’image du jazz de haute volée qui se jouait sur place, les tarifs pratiqués envers les consommateurs étaient dispendieux. Fait intéressant : ce prix payé au taux fort était répercuté sur le salaire de ses musiciens, salaires qui étaient en conséquence beaucoup plus élevés que nulle part ailleurs.

Avec autant d’anecdotes en presque cent ans d’existence, il n’est pas étonnant de voir que le cinéma américain s’est lui aussi emparé du phénomène. Le long-métrage éponyme réalisé par Francis Ford Coppola en 1984 raconte des moments clés en images… et surtout en musique !

Return to the Cotton Club à Vancouver

L’Orchestre symphonique de Vancouver s’est donné pour objectif de restituer cette ambiance spéciale, voire presque magique de cet entre-deux-mondes musical. Une sélection de titres des artistes cités plus hauts – Duke Ellington, Louis Armstrong, Cab Calloway… – sera proposée, dirigée par Jeff Tyzik (récipiendaire d’un Grammy Award) et portée par des musiciens aussi talentueux que passionnés.

Le vocaliste et trompettiste virtuose Byron Stripling assurera l’interprétation de la majorité des titres. Ce dernier est à l’heure actuelle l’un des interprètes de Louis Armstrong parmi les plus célèbres en Amérique du Nord. Il sait éblouir le public à chaque prestation avec son énergie débordante, sa bonne humeur, sa voix jazzy et sa maîtrise épatante de la trompette.

Byron Stripling et Jeff Tyzik seront accompagnés par Miche Braden (chanteuse de talent, mais également auteur-compositeur, elle a notamment collaboré avec le réalisateur Spike Lee), Ted Louis Levy (vocaliste et danseur ayant fait ses débuts à Broadway et ayant reçu de nombreux prix) et Robert Breithaupt (vice-président de Jazz Education Network et percussionniste reconnu).

Entre un passé historique fort et des interprètes passionnés, nul doute que l’Orchestre symphonique de Vancouver saura relever le défi qu’il s’est fixé avec ce concert.

 

Return to the Cotton Club

Les 7 et 8 octobre à 20 h, au théâtre Orpheum (601 rue Smithe)

Tarifs entre 25 $ et 95 $ ; réduction étudiants, aînés et enfants avec des entrées à partir de 19 $.