Qui ne se souvient pas du film iconique The French Connection de 1971, avec Gene Hackman, Roy Scheider et
Fernando Rey, dont une partie de l’action se déroule à Marseille, ville mythique des caïds français. Ce sont donc ces images cinématographiques que je me repasse alors que mon vol approche de l’aéroport de
Marignane et m’offre le contraste entre l’image idyllique du Vieux-Port sur fond de Méditerranée d’un côté, et de l’autre, l’image glauque et morne des cités du Nord.
Dans une congestion soutenue partant de l’aéroport Marignane à l’ouest jusqu’à la sortie est de la ville un vendredi soir à l’heure de la ruée des citadins qui quittent le boulot et rentrent chez eux et ceux qui quittent la ville pour la fin de semaine, il n’y a aucune chance d’échapper aux vrais bouchons. C’est d’abord le passage obligé par un des tunnels payants Prado-Carénage ou Prado-Sud sous une partie de la ville, tunnels qui connaissent tellement de succès qu’ils contribuent maintenant aux embouteillages qu’ils devaient alléger. Puis il y a les postes de péage mécaniques qui arrêtent littéralement la circulation pour permettre aux automobilistes d’effectuer leur péage. Il faut compter plus d’une heure trente pour un trajet de 55 kilomètres qui devrait normalement prendre moins d’une heure. Et les Vancouvérois se plaignent de la circulation ? De quoi faire apprécier encore plus le système de péage par détecteur à puce employé sur les ponts Port Mann et Golden Ears et qui amène à se demander ce qu’est un embouteillage sur les grands axes de Vancouver.
Marseille et Vancouver n’ont pas que les embouteillages en commun. Ce sont deux villes portuaires situées dans des cadres naturels enchanteurs mais qui sont aux antipodes en terme d’âge. Marseille a plus de 2 600 ans alors que la fondation de la ville de Vancouver date seulement de 1886, soit 25 siècles plus tard !!! Là où le Vieux-Port met en valeur son nouveau Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), comme une pierre précieuse sur fond de Méditerranée et de monuments historiques, Vancouver, de son côté, met en valeur les voiles de la Place du Canada, son nouveau centre des Congrès, la flamme olympique et des bateaux de croisière semblables à ceux qui sont en rade à Marseille. En fait deux villes de tailles comparables, plus de 600 000 habitants pour Vancouver et plus de 850 000 âmes pour Marseille. Des défis urbains identiques : congestion automobile, transport en commun, infrastructure, défis sociaux et programme de vélos communautaires ainsi que l’attrait d’être en bordure de mer.
Autre ville du sud de la France, autre décor. Avignon, la Cité des Papes et son célèbre pont d’Avignon, de son vrai nom le pont Saint Bénezet, couramment appelé pont d’Avignon, s’observent mieux en longeant une superbe promenade de l’autre coté du Rhône où les chiens sont interdits, mais où leur présence fréquente est évidente : attention où vous mettez les pieds. Les Vancouvérois n’ont vraiment pas de quoi se plaindre de leur population canine et de leurs maîtres.
Autre ville du sud de la France, autre décor encore. Escale à Nice. C’est le paradis sur terre comme le dit un chauffeur de taxi avec orgueil et fierté, un peu comme plusieurs Vancouvérois vantant leur ville aux autres
Canadiens au plus fort de l’hiver. La ville de Nice pourrait cependant servir de modèle à Vancouver, pour les récents aménagements modernes de ses grands boulevards et le développement de son réseau de tramways. En fait les Niçois ont carrément transformé de grandes artères telles l’avenue Jean Médecin en trajet bidirectionnel et les boulevards Félix Faure et Jean Jaurès chacun en sens unidirectionnel en axe prioritaire à la circulation de tramways. Voilà qui pourrait servir de modèle à Vancouver. On pourrait imaginer des trajets semblables allant de Commercial Drive le long de Broadway en un sens et de la 10e Avenue dans l’autre sens. Cet axe s’articule autour de la Place Masséna qui sert de pivot entre le centre-ville, l ‘amorce de la Promenade des Anglais et la Place Garibaldi qui longe le Vieux-Nice. Entre les boulevards Félix Faure et Jean Jaurès qui sont parallèles, ont été aménagés de grands espaces verts avec deux immenses plans d’eau qui constituent la Promenade du Paillon, nom du cours d’eau qui traverse Nice pour se jeter dans la mer. Au cœur de la Place Masséna sont montées des sculptures de moines illuminés de couleurs vives et changeantes, assis sur de hautes colonnes.
Le constat qui s’impose reste le même pour toutes les grandes agglomérations urbaines y compris Vancouver. Les défis sont les mêmes ainsi que les solutions qui améliorent la qualité de vie de leurs résidents : de grands espaces verts, un système de transport public moderne, efficace et agréable, moins de voitures et plus de place pour les piétons.
Alors que les moines illuminés lévitent au dessus de la Place Masséna, les bouddhas rient toujours à English Bay.