Le 21 décembre marque la date où la nuit atteint sa durée maximale. Dès le lever du soleil suivant, l’obscurité commence, quoique très lentement, à se raccourcir. Il s’agit donc du très attendu moment à partir duquel certains commencent à revoir la lumière. À Vancouver, cette expression, loin de rester une simple métaphore, est bien réelle. Car le solstice d’hiver est l’argument donnant lieu au Lantern Festival, un évènement qui met la lumière… en lumière.
Les derniers jours de l’année sont l’incarnation d’un esprit de Noël auquel personne n’échappe. Les décorations lumineuses dans la rue, les enseignes brillantes des commerces ou encore les guirlandes scintillantes aux portes des maisons deviennent le principal repère de ces dates, et contribuent décisivement à déclencher un afflux d’activité commerciale qui ne connaît pas d’équivalent pendant le reste de l’année.
Or, la lumière peut également être porteuse d’une approche plus tellurique, avec des valeurs davantage liées à la communion entre l’homme et la nature. Cette dernière est, en tout cas, la conviction qui émane du Lantern Festival, un évènement qui se tient depuis 23 ans à Vancouver à l’occasion du solstice d’hiver. « C’est un phénomène qui se passe physiquement car tout le monde éprouve le mouvement de la planète ; il est révélateur de notre relation avec le soleil » déclare sa directrice artistique et fondatrice Naomi Singer. « Qu’il y ait de plus en plus de gens souhaitant s’écarter de la ferveur de consommation de ces jours a aidé à rendre le festival attrayant » reconnaît Mme Singer, qui, en 1993, a eu l’idée d’organiser une activité afin d’éclairer autrement la nuit la plus longue de l’année.
Une tradition ancrée partout
Il ne fait nul doute que, pendant presque un quart de siècle, le Lantern Festival a contribué à rendre visible le solstice d’hiver, phénomène de nature strictement astronomique dont les causes sont liées à l’inclinaison des rayons du soleil par rapport à l’équateur. Honorer le solstice d’hiver est, pour autant, une des traditions millénaires les plus anciennes qui existent. Depuis des temps immémoriaux, d’innombrables civilisations et religions ayant habité sur l’hémisphère nord de la planète ont commémoré cette nuit qui marque le basculement vers le rallongement des journées diurnes.
Cette sorte de renaissance du soleil, source indispensable pour la création et survie de toute forme de vie animale ou végétale, est donc ce qui est fêté de façon unanime. Aussi bien en Occident qu’en Orient, les références au solstice d’hiver sont nombreuses. Elles se trouvent à la fois dans la mythologie gréco-romaine et dans la Chine des dynasties Yin, ainsi que dans les rituels des peuples scandinaves préchrétiens, dans les prédictions des Mayas ou encore dans les cérémonies de certaines communautés aborigènes canadiennes. Le symbolisme du solstice d’hiver aurait même été décisif au moment d’établir la date de la naissance du Christ et, en conséquence, de la festivité de Noël.
Un labyrinthe de lumière
Le Lantern Festival vise donc à renouer avec cet héritage à caractère planétaire. Pour ce faire, l’équipe que coordonne Naomie Singer propose une soirée ayant le don d’ubiquité : elle se déroule en même temps dans les quartiers de Yaletown, Granville Island et Strathcona. Dans chaque lieu, une procession de lanternes est prévue, suivie de spectacles de danse, chant et musique menés par des artistes de différents horizons géographiques.
Les centres communautaires de Yaletown et de Granville Island hébergeront d’ailleurs celui qui est, selon Mme Singer, « l’élément artistique central » de l’évènement. Il s’agit d’un labyrinthe de lumière, composé de 700 bougies de cire d’abeille, qui est devenu, au fil des années, un « véritable chemin de méditation » où ressentir que l’énergie du soleil et de la lumière sont de retour. Ce labyrinthe de lumière renforce l’élan spirituel dont le festival se veut porteur.
Bien que le chiffre de 23 éditions témoigne de son succès, le Lantern Festival reste une activité peu connue, à peine médiatisée. « Si nous rendions le festival trop public, nous risquerions de perdre son essence » dit sa directrice artistique, qui préfère le garder comme le « petit secret » de la plus longue des nuits vancouvéroises.
Lantern Festival
http://www.secretlantern.org/festival/#festival-overview