Le suspense récemment créé par l’annonce des cinq finalistes en lice pour le concours du Prix littéraire Champlain vient de prendre fin avec le dévoilement, le 1er février à Ottawa, du grand lauréat. C’est madame Georgette LeBlanc, auteure originaire de la Nouvelle-Écosse qui a écrit l’œuvre Le Grand Feu publiée aux Éditions Perce-Neige, qui s’est vu décerner le Prix.
À titre de lauréate, madame LeBlanc reçoit une bourse en argent de 3 000 $ de même qu’une résidence d’écriture d’une durée d’un mois à la Maison de la littérature, située au cœur du Vieux-Québec. Elle pourra également participer aux Rendez-vous littéraires du Centre de la francophonie des Amériques.
« Un livre qui ne ressemble à aucun autre »
Le Grand Feu est une œuvre qui s’inscrit dans plus d’un genre à la fois. L’auteure rappelle un roman en vers libres, voire, comme l’affirme le jury, « un récit poétique ou [un] poème épique ». Son livre relate l’histoire du Grand Feu de 1820 qui a ravagé une vingtaine de maisons et autant de granges à la Baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Écosse, tel que raconté dans le Journal de Cécile Murat, une œuvre de fiction publiée en 1950 par l’historien acadien Alphonse Deveau.
Les membres du jury ont défini Le Grand Feu comme « un livre qui ne ressemble à aucun autre. » Charmé par la qualité formelle unique de l’œuvre qui se distingue par sa langue « oscillant entre l’oral et l’écrit », le jury a applaudi l’excellence littéraire du Grand Feu, qui « constitue un ajout d’importance aux littératures de langue française. »
Mentions spéciales aux œuvres Marjorie Chalifoux et Du pain et du jasmin
Les membres du jury ont également attribué des mentions spéciales à Marjorie Chalifoux de Véronique-Marie Kaye et à Du pain et du jasmin de Monia Mazigh, afin de souligner leur qualité littéraire.
Les jurés ont été séduits par « l’humour singulier » qui se dégage de l’œuvre de Véronique-Marie Kaye qui raconte que dans un quartier populaire d’Ottawa au milieu du siècle dernier, Marjorie Chalifoux, jeune couturière de dix-neuf ans, mène une vie rangée et silencieuse à l’ombre d’un père irascible – un homme étrange rompu à l’art de la conversation avec les morts. Les membres du jury ont salué le travail remarquable de Monia Mazigh pour son roman Du pain et du jasmin qui relate les émeutes du pain en 1984 et la Révolution du jasmin en 2010. Deux périodes tumultueuses vécues à près de trente ans de distance par une mère et sa fille.
Deux autres œuvres finalistes
Rappelons que deux autres œuvres s’étaient classées parmi les finalistes soit Le cinquième corridor de Daniel Leblanc et La littérature du vacuum de Gaston Tremblay.
Rédigé sur le ton de la confession, et avec un humour cinglant, le premier roman de Daniel Leblanc-Poirier, Le cinquième corridor, nous plonge dans la géographie d’un triangle amoureux où le temps n’existe pas, où les axes et les rues maintes fois parcourus prennent la forme d’une machine à voyager dans le temps. Complétant la typologie institutionnelle de François Paré, qui oppose les petites aux grandes littératures, Gaston Tremblay propose ici une troisième catégorie, Les Littératures du vacuum, lesquelles existent dans un vide social, là où certains champs du pouvoir sont atrophiés, voire inexistants.
Créé en 1957, le Prix littéraire Champlain vise à souligner la vitalité et l’excellence de la littérature franco-canadienne. Pour l’édition 2017, les titres admissibles devaient avoir été publiés entre le 1er janvier 2015 et le 30 juin 2016. « Les membres du jury n’ont pas tari d’éloges à l’endroit des cinq finalistes qui ont habilement réussi, par leur qualité formelle et par leur traitement des thèmes et des sujets abordés, à apporter une contribution remarquable à la littérature franco-canadienne ».
Le Prix littéraire Champlain représente un symbole de l’excellence et de la vitalité de la littérature des communautés francophones et acadiennes du Canada. Créé en 1957 par le Conseil de la vie française en Amérique, le Prix Champlain a couronné de grands auteurs des communautés francophones et acadiennes, dont Antonine Maillet, Patrice Desbiens, Jean Marc Dalpé et Herménégilde Chiasson. Le Prix Champlain, qui repose dorénavant sur un partenariat entre le Regroupement des éditeurs canadiens-français, le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes, le Centre de la francophonie des Amériques et la Maison de la littérature de Québec, continue de reconnaître les œuvres qui renouvellent l’héritage littéraire franco-canadien et alimentent sa vitalité.