La Colombie-Britannique vient de franchir, selon une étude récente, un seuil acceptable en matière d’accès aux services de santé en français. Paru le 6 janvier dernier, le rapport sur les « Professionnels de la santé et minorités de langue officielle au Canada », effectué entre 2001 et 2011 par Statistique Canada, indique une augmentation des professionnels maîtrisant le français dans la province, passant ainsi de 455 à 12 325. Cette étude, menée dans le cadre du Programme de contribution pour les langues officielles en santé, s’associe aux enquêtes de RésoSanté C.-B. pour l’Agence de santé publique et met l’accent sur l’importance de l’accès aux services en français. Une étude de cas des données compilées permet d’en saisir les contours.
Si cette augmentation du nombre de professionnels pouvant exercer en français est une bonne nouvelle, l’utilisation de cette compétence se révèle plus complexe.
De la compétence à une mise en pratique difficile
Ces enquêtes révèlent la réalité et les contradictions du terrain. Oui, l’offre de service de santé en français progresse mais elle demeure peu visible ou peu mise en avant. Des efforts ont porté leurs fruits grâce à des formations en français plus importantes, en écoles d’immersion ou en universités par exemple. Pourtant, seulement 1 415 professionnels parlant français exercent régulièrement en langue minoritaire, soit 0,9 % des 12 325 professionnels. Amélie Dèche, coordinatrice des communications et évènements de RésoSanté, explique que les professionnels de santé ont des niveaux de français différents, et qu’il y a « une crainte à utiliser une langue qu’on ne maîtrise pas parfaitement ». Sans faire état de parfaite maîtrise, la compréhension représente déjà une avancée pour les patients.
Concernant la demande, la connaissance du réseau de santé en français reste également à améliorer. L’étude menée par RésoSanté démontre que 78 % des personnes interrogées pensent que recevoir des services de santé dans sa langue est important. À contrario, seulement 48 % de ce même groupe en fait la demande en français. Un écart se justifiant par une démarche peu active des Franco-colombiens, à cause d’une méconnaissance de son existence. Plusieurs raisons illustrent cette méconnaissance : concevoir un accès aux soins en français semble impossible, car après des années de grandes lacunes, le manque d’information des services disponibles empêche la demande.
La compilation de ces enquêtes dresse un état des lieux qui met en évidence un fossé entre l’offre de soins en français en Colombie-Britannique et son identification par les patients susceptibles d’y avoir recours. À travers des projets, RésoSanté tente d’y remédier, comme la « campagne d’incitation à s’inscrire sur le répertoire de RésoSanté pour les professionnels de santé parlant français », indique Amélie Dèche. Des démarches qui amélioreront l’accès aux services de santé en français. Il est nécessaire de relier l’offre à la demande en encourageant la demande de ces services et la reconnaissance des compétences linguistiques des professionnels, comme le résume Amélie Dèche : « Il en va de leur propre santé. »
Information : www.resosante.ca