Dès qu’un voyageur arrive dans un nouveau pays, la question se pose. Qu’est-ce qu’on fait pour le pourboire ? Combien ? Est-ce qu’on le donne directement au serveur ? Est-ce qu’on le laisse sur la table ? S’il est vrai qu’il y a beaucoup d’uniformisation des biens et services à travers le monde, il est également vrai qu’en matière de pourboires, les choses varient beaucoup d’un pays à l’autre. Dans certains, comme la Chine et le Japon, ça ne se fait pas et si vous laissez quelques pièces de monnaie sur la table, il peut arriver que le serveur ou la serveuse vous coure après dans la rue pour vous les rendre. Dans les restaurants scandinaves, le service est toujours compris et le personnel de table ne s’attend pas à ce que vous laissiez de l’argent en supplément. En Allemagne, il faut donner le pourboire (5 à 10 %) directement au serveur et non pas laisser l’argent sur la table. Tout cela compliquait la vie du voyageur étranger avant l’arrivée de l’Internet. Maintenant, quelques secondes suffisent pour trouver un site internet qui explique la question du pourboire pays par pays.
Il n’y a plus d’excuses. Les radins ne peuvent plus dire « je ne savais pas, car ça ne se fait pas chez nous » pour justifier de n’avoir rien laissé au serveur ou à la femme de chambre. Pourtant, beaucoup insistent pour s’en tenir aux coutumes de leur pays d’origine quand cela les arrange et leur permet de justifier leur avarice. Ainsi, dans les lieux touristiques nord-américains, le personnel sait qu’il ne doit pas s’attendre à recevoir grand-chose des Australiens (ça ne se fait pas chez eux) et que les Britanniques laissent rarement plus de 10 % même si en Amérique du Nord (Mexique y compris) la norme est de 15 à 20 %. À Montréal et à Québec, les touristes français ont la réputation d’être radins. Il est vrai qu’en France, le service est généralement inclus, même si, en pratique, le patron du restaurant garde souvent le 15 % ajouté à l’addition ou n’en remet qu’une partie au personnel. Le serveur, ou la serveuse, reçoit un salaire jamais inférieur (en principe) au salaire minimum officiel. En France, donc, le client laissera peut-être quelques pièces de monnaie sur la table mais pratiquement jamais 15 à 20 % comme cela se fait au Canada. Il n’empêche que, selon moi, le «je ne savais pas car ça ne se fait pas chez nous» est une excuse irrecevable car il incombe au touriste de se renseigner sur les pratiques en vigueur dans le pays qu’il visite.
Un article du Figaro, daté de 2015, fait état d’une étude effectuée par la compagnie d’assurance Direct Line de Londres. Des enquêteurs ont interrogé des professionnels de la restauration dans des hauts lieux du tourisme international : Paris, Rome, Barcelone, Las-Vegas, Sao-Paulo, Ibiza etc. À partir de cette enquête, il est possible d’établir un palmarès de « générosité » en ce qui concerne les pourboires. Les Nord-américains arrivent en tête, suivis des Russes. Les Allemands et les Argentins ne sont pas loin derrière. Les Italiens et les Français font piètre figure mais ne sont pas aussi pingres que les Australiens.
Ceux qui pensent que ce ne sont là que des détails sans importance n’ont sans doute jamais gagné leur vie en servant les autres. Au Mexique, par exemple, une femme de chambre (travail presque exclusivement féminin) ne gagne généralement qu’une cinquantaine de dollars par semaine. Imaginez ce qu’elle ressent quand elle a passé deux semaines à nettoyer quotidiennement la chambre d’un touriste qui s’en va sans rien laisser ou qui ne laisse qu’une poignée de petites pièces de monnaie.